Chapitre 50 : Culpabilité (2).

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Narrateur externe.

Un an plus tôt.

Air Jordan pourpres et neuves en dessous d'un short, Benedict trépignait d'impatience devant la maison de sa meilleure amie. C'était la rentrée aujourd'hui et qui disait retour au lycée, disait égalament retrouvaille avec les potes. Pendant tout le mois d'août, la cubaine et ses frères profitaient de l'été chez leurs cousins à Houston.

— Jas, ramène ton cul ! hurla-t-elle.

Il faisait chaud sous le soleil de Miami. A la place de Jasmine cependant, c'est son grand-frère qui surgit par la fenêtre du premier étage.

— Ta gueule, Benedict ! J'dors, putain !

Elle pouffa de rire et dès lors sa meilleure amie qui avait bronzé sous le soleil des vacances, passa la porte de la maison, ballon de basket sous le bras. Elles reprenaient l'entraînement ce soir.

— Ah, ouais. Des Chicago ! Tu blagues pas, toi !

— Jamais !

Benedict jeta un coup d'œil satisfait sur sa nouvelle paire, puis les deux jeunes filles se jetèrent l'une et l'autre dans les bras. Jasmine avait encore pris des centimètres à côté du mètre soixante-dix tout pile de Benedict.

— Tu m'as manqué, Bebee !

— Toi aussi, Jas !

— Tiens ! Regarde la signature.

Jasmine tendit son ballon à sa meilleure amie et celle-ci demeura sans voix, émerveillée devant l'empreinte de ce stylo manié par Kyrie Irving en personne. À New York pour les vacances, Jasmine avait eu la chance de participer à un tournoi de basket sponsorisé par une grande marque de sport. Elle rencontrait ainsi le meneur des Nets de Brooklyn, véritable monument de la dernière décennie en NBA.

— Ouah ! s'extasia l'afro-cubaine.

Elle attrapa le ballon et s'essaya à quelques dribbles entre les jambes qui résonnèrent dans le voisinage.

— Réflexe ! tonna-t-elle sans prévenir.

D'abord prise au dépourvu, Jasmine réceptionna sans difficulté le ballon.

— Hâte d'être à ce soir !

Exaltée, elle aussi enchaîna les dribbles quand le ballon lui échappa, après sans doute un peu trop d'engouement. CRACK. Le rétroviseur de la Chevrolet garée devant la maison se brisa sous le choc du ballon. C'était la voiture d'occasion de son grand-frère.

— Oh, merde...

— Putain ! Benee court ! somma sans détour Jasmine, déjà cinq mètres au loin parce qu'elle redoutait que son frère ne surgisse encore une fois par la fenêtre.

Alors, Benedict se précipita à la suite de sa meilleure amie dont les cheveux ondulés dansaient au vent, l'éclat de leurs fous rires résonnant dans tout le voisinage. En arrivant sur le parvis du lycée ensuite, elles retrouvèrent, toutes essoufflées, Kevin et Eleesha, et la dernière s'empressa de leur raconter ses vacances « de fou ! » en Louisiane. Celle-ci y trouvait apparemment l'homme de sa vie -chanteur de petite scène à la voix neo-soul- et bien sûr les autres ne manquèrent pas de lever les yeux au ciel. Eleesha ne tenait jamais plus de trois mois avec un garçon. Que pouvaient-ils espérer d'une relation à distance ?

Aaron et Freddy rejoignirent à leur tour la bande, la même teinture vert-pomme sur le crâne. Désastreux résultat d'un gage d'après les deux bonhommes. Mais, la moue sceptique de Benedict et ses amis flairaient déjà le mensonge. Ils n'assumaient tout simplement pas leur connerie.

Un miroir à travers le regard.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant