Chapitre 4

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Q u a t r e


« Quel serait le son de sa voix aujourd'hui ? De quoi parlerait-il ? »


Noah frappait à la porte de cette petit maison qu'il avait tant fréquenté durant ses permissions. Elle paraissait vide sans la vieille Mustang de Trevor garée dans l'allée de gravier. Sans les vélos de leur enfance, sans le barbecue que la Haute Autorité les autorisait à allumer trois fois l'année. Tout paraissait vide sans lui. Jusqu'à ce que cette petite fée ouvre la porte. 

Il la suivait jusqu'à sa chambre, où il s'asseyait sur son lit, l'observant faire ses valises. Elle voulait partir pour ne plus jamais revenir. Trente mille dollars étaient éparpillés dans un petit sac. On aurait pu croire qu'elle avait braqué une banque, si ce n'était le petit mot de l'Armée, attestant que cet argent était légalement en sa possession. Elle quittait la ville de Reno, Nevada, direction l'inconnu. Une aventure qu'elle faisait à la mémoire de son frère.

*

Le pick-up de Noah se garait sur l'une des places provisoires de l'aéroport. Un avant-bras posé sur le volant, il n'arrivait pas à se résoudre de quitter les yeux d'Ivy. Elle sortait de l'habitacle, rejoignant le plateau arrière du véhicule, où se trouvait ses bagages. Oh, elle n'avait pas grand chose. Une valise, le petit sac où se trouvait tous les billets, et son sac-bandoulière qui lui servait de sac à main.

- Bon. Tu me promets de me donner des nouvelles, hein ?
- Oui.
- Fais attention à toi, princesse.
- Sache que si je pars, c'est pas parce que je t'en veux. J'ai besoin de ça. Je reviendrais, je te promets. Et puis, tu pourras me rejoindre, toi aussi.

Il souriait. Il ne voulait rien dire, ne voulait pas gâcher cet instant. Au moment où elle s'apprêtait à partir en tournant les talons, il attrapait son poignet, la forçant à changer de direction, et, sous l'effet de la surprise, à se coller à son corps.
Il caressait ses cheveux lâches, fixant un instant ses yeux, un instant ses lèvres attirantes. N'y tenant plus, il les plaquait dans un effort de douceur. Puis elle partait.

- Souviens-toi de moi comme ça. M'oublies pas, lâchait-il, la voyant s'éloigner dans une démarche titubante.

*

Encore sous le choc de ce baiser inattendu, elle arpentait les allées du grand bâtiment en verre. La foule ne l'effrayait pas, mais elle se sentait mal à l'aise ici. En effet, les gens n'étaient pas aimables, fuyant les regards des autres passagers, évitant le moindre échange de sympathie, le moindre contact. Elle aurait pourtant eu besoin de cette chaleur d'une nouvelle rencontre, d'un nouveau contact, d'un regard ...

BIM. Quelqu'un venait de la bousculer. Au début, elle n'osait pas bouger, se sentant totalement coupable, sachant qu'elle était enfermée dans ses pensées. Elle se contentait de regarder au sol, voyant ses affaires se vider de ses sacs. Des crayons qui roulaient, un smartphone tactile qui s'écrasait au sol, les liasses d'argent qui venaient percuter violemment le sol sous l'effet de la culpabilité ... Le cadre. Oui, le cadre de son frère. La colère lui montait aux joues. Elle voyait bien que l'inconnu était gêné, ses affaires étaient également tombées. Mais seul ce cadre occupait les pensées de la jeune fille. C'était la seule photo qu'elle avait tenu à emporter de son frère, soigneusement protégée par un cadre et une vitre de verre. Elle se penchait violemment, essayant de ramasser ses affaires le plus vite possible, ne cherchant pas à voir ce qu'elle récoltait au passage. 

- Pardonne-moi, je ne faisais pas attention ! s'excusait le jeune inconnu.
- Laisse tomber.
- Tu veux un coup de main ? demandait-il en approchant sa main des morceaux brisés de verre.
- NON ! Tu en as déjà assez fait.

Le jeune homme détaillait Ivy. Elle était blonde, d'un blond californien qui laissait penser qu'elle pouvait passer ses étés à glisser sur une planche de surf. Ses yeux bleus océan renforçait encore un peu plus l'idée de profondeur de l'aura qu'elle dégageait. Elle avait des lèvres pulpeuse de la couleur d'une rose au printemps. Et le pire dans tout ça ? C'est que c'était naturel. Aucun maquillage ne venait perturber cette jolie vision. Elle avait visiblement pleuré au vu de ses yeux rougis et gonflés.

- Est-ce que tout va bien ?
- Oui.
- C'est votre petit-ami sur la photo ? Il est charmant. Il a beaucoup de chance d'avoir une petite-amie aussi amoureuse. C'est un militaire ... Il est très courageux, se battre comme ça, sans avoir peur de mourir... J'ai toujours été très impressionné par les militaires. Tu dois être très fière ...

"Quel connard" pensait-elle. De quel droit s'immisçait-il dans sa vie privée ? Elle jetait un regard dédaigneux au jeune homme. Assez grand, de grands yeux marrons, des cheveux châtains tout ce qu'il y avait de plus normal, hormis peut-être la façon dont il les coiffait. On aurait dit un ado, de type Justin Bieber, la mèche sur le côté. "Pathétique" ajoutait-elle mentalement, pour elle-même. 

Elle partait précipitamment, ne prenant pas le temps de regarder derrière-elle, ne lui laissant pas une chance de continuer la conversation. Finalement, elle n'avait pas besoin de ce nouveau contact qu'elle avait désespérément cherché quelques instants plus tôt.

*

Assise dans la salle d'embarquement pour Paris, Ivy pianotait avec ses doigts sur le tissu épais du siège à côté d'elle. Elle réfléchissait à la signification du baiser que Noah lui avait volé. N'y tenant plus, elle saisissait son smartphone et faisait glisser son doigt sur l'écran vérouillé ...

Fiction OneDirection 5 (Ivy & Liam)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant