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« Moi, je me contente de te regarder. »
- Noah ?
Le regard de Liam s'était rembruni. Tout de suite, une vague de nervosité envahissait son corps, le traversant des pieds à la tête. Personne n'avait remarqué le changement d'humeur du jeune homme car la pièce était envahie d'un mélange d'excitation et de retenue. Ivy était extrêmement heureuse d'avoir son meilleur ami auprès d'elle, mais elle se retenait de lui tomber dans les bras à cause du baiser qu'ils s'étaient échangé lorsqu'elle était partie. Ils n'en avaient pas reparlé, et la jeune fille attendait qu'ils aient une conversation sérieuse.
- Comme je suis heureuse de te voir ! Mais qu'est ce que tu fais là ?
- Et toi alors, tu n'avais pas pris l'avion pour Paris, la dernière fois que je t'ai vu !!?
- Peu importe, c'est une longue histoire, souriait-elle. Dis-moi alors, comment est-ce que tu m'as retrouvé ?
- Est-ce que c'est toi qui a téléchargé le dossier personnel sur un ordinateur ?
- Quoi ? De quoi tu parles Noah ? J'ai rien fais moi. Comment tu es venu jusque ici ?
- Ecoute Ivy. Quelqu'un a téléchargé ton dossier sur un ordinateur, et grâce au logiciel de GPS que j'avais installé à ta demande, j'ai retracé l'ordinateur. Ca arrivait ici.
Désormais, la tension était palpable. Ivy avait deviné que c'était Liam qui s'était permis de fouiller un peu trop profondément dans sa vie. Ses yeux lançaient des éclairs. Ces petits yeux océans que Liam avait tant aimé dès le premier instant, ils s'étaient transformés en véritable tempête, en ouragan déchaîné au milieu de la mer. Il savait qu'il avait fait une erreur, mais il était persuadé que c'était pour le meilleur. Cependant, il n'arrivait pas à faire comprendre à la belle blonde ses intentions. C'était normal après tout. Il était un parfait inconnu pour elle et il agissait comme un frère qu'elle n'avait pas. Qu'elle n'avait plus.
- Liam ? Tu t'es vraiment permis d'ouvrir quelque chose qui ne te concernait pas ? Mais c'est pas vrai quoi ! Pourquoi, POURQUOI est-ce que tu m'as bousculé dans ce putain d'aéroport ! J'aurais jamais du venir ici, j'aurais jamais du te rencontrer !
- Pourquoi tu t'énerves comme ça ? Je t'assure que je pensais pas découvrir ça en ouvrant cette fichue application ... Je m'en veux, mais je peux pas revenir en arrière ... Par contre, je peux t'aider, si tu en éprouve le besoin.
- Non, NON ! Je veux pas de ton aide !
Elle devenait hystérique, le rouge lui montait aux joues, des larmes embuaient ses yeux, son corps s'agissait comme si elle était secouée par des spasmes. Noah tentait en vain de la calmer, connaissant sa meilleure amie par coeur. Elle était partie, empruntant le chemin sinueux qu'elle avait pris quelques heures auparavant. Désormais elle ne voyait plus les buissons, elle ne percevait plus l'odeur omniprésente de lilas, elle n'entendait plus le chant des oiseaux, trop aveuglée par la colère.
Liam lui courait après, la saisissant par le poignet pour la forcer à le regarder. Il avait mis toute sa force dans son geste, voulant imposer son autorité, désirant qu'elle l'écoute.
Complètement stoppée dans son élan, elle était attirée vers l'arrière et se retrouvait à quelques dizaines de centimètres du corps de Liam. Il tenait toujours fermement le poignet, serrant de plus en plus.
- Lâches-moi ! hurlait-elle désespérée.
- Non. Tu vas m'écouter, maintenant. Regarde-moi. Je veux dire, sérieusement, regarde-moi. Pourquoi tu es venue ? Je t'ai demandé de venir, mais pourquoi est-ce que tu as accepté ?? Hein ? Je vais te le dire moi. Tu m'as fais confiance ! Tu ne savais rien de moi et pourtant tu as choisi de me faire confiance ! Alors maintenant, je te laisse décider. Soit tu décide de continuer à me faire confiance, et je vais faire mon maximum pour t'aider, car je le veux vraiment. Soit tu pars pour ne plus jamais revenir. Et ça, je t'assure que ça ne me plaira pas.
Il avait continué de serrer tout en parlant. C'était ses émotions qui parlaient. Son désespoir. Une larme roulait sur la joue de la blonde, alarmant son ami. Il relâchait la pression sur son poignet, et l'attirait à elle, la collant à son torse, profitant peut-être des derniers instants qu'il aurait avec elle.
- Reste dormir ici, s'il te plait, chuchotait-il.
- Non, Noah et moi on va aller s'installer dans un hôtel un peu plus loin, lâchait-elle, visiblement perdue.
- Vous allez pas gâcher de l'argent dans un hôtel alors qu'on a des chambres d'amis ...
- Je veux pas de ta charité.
Elle disparaissait après que Noah l'ai précédé avec ses valises. Liam avait peut-être perdu l'être auquel il s'était éperdument attaché.
*
- Ca va princesse ? s'essayait Noah. T'a quasiment rien dit depuis qu'on est dans cette chambre ...
- J'en sais rien. Je dois t'avouer que je suis perdue. C'est comme s'il me connaissait plus que moi-même. Qu'est ce que je suis censée faire ?
- Je n'en sais rien.
- J'ai toujours refusé de croire ce qu'il y avait dans ces documents, j'ai toujours cru que je trouverais une réponse. Et là, ce mec débarque dans ma vie, et seulement trois jours après, il en sait plus sur moi que mes propres parents, mes amis.
- Il faut que je te dise quelque chose, moi aussi. Trevor m'a laissé une lettre dans l'avion qui nous emmenait en Afghanistan.
- Pourquoi est-ce que tu me reparles de Trevor ? J'ai besoin d'oublier, Noah ...
Il n'ajoutait rien, et se contentait de lui tendre la précieuse lettre. Il s'asseyait sur le lit d'Ivy et l'attirait à lui. Confortablement installée entre les jambes de son meilleur ami, elle ouvrait la petite enveloppe salie par la terre afghane.
« Ma petite Ivy,
Tu vas sûrement te dire qu'en fin de compte, je te parle plus mort que vivant. Je plaisante bien sûr, c'est histoire de détendre tes jolis traits qui doivent être tirés. Si tu lis cette lettre, c'est que je ne suis pas rentré d'Afghanistan et donc que je n'ai pas pu te parler de ce qui va suivre de vive voix. Sache que je le regrette, car c'aurait dû être quelque chose qu'on devait vivre ensemble. Sache avant tout que je t'aime, quoique les gens en pensent. Tu as toujours été et tu seras toujours ma petite soeur, quoi que tu en penses. Bien.
Comme tu dois maintenant le savoir (si tu lis cette lettre, c'est que c'est le cas), tu as été adoptée. Personne ne t'en a parlé, et je le regrette sincèrement car je pense que tu méritais de le savoir. Tu as été mon petit rayon de soleil dès le jour où je t'ai vu arrivé dans la maison. Je sais très bien que les documents qu'on t'a légué sont très étranges, car rien n'est vraiment affirmé, mais je t'assure que tu as bien été adoptée. Pour moi, bien sûr cela ne change rien. Tu es ma soeur et j'ose croire que je t'ai apporté autant de bonheur que tu m'en a donné. Je t'aime et je veux que tu trouves la paix.
Papa et Maman t'ont aimé comme leur propre enfant, te couvrant d'amour autant que moi. Mais je pense que tu le sais. Sache qu'ils ne t'ont pas caché ça pour éviter que tu ne leur tourne le dos. Non, bien au contraire. Ils comptaient te le dire, quand tu serais une belle fille, grande et épanouie. Et ce jour est arrivé. Je sais que ça doit te faire peur, mais je sais que Noah sera présent, et que tu es entouré d'amis sur qui tu pourras compter. J'aurais aimé rencontrer tes parents, mais je ne peux pas. Papa, juste avant de mourir, m'a dit qu'il était très fier que tu sois sa fille, qu'il serait toujours fier de toi, peu importe ce que tu ferais. Je sais qu'après le suicide de maman, ça n'a pas été facile pour toi. Alors j'espère que ce qui suit va te donner un peu de baume au coeur.
395, boulevard Kennedy, San Francisco.
Je t'aime mon amour.
Trevor. »
Une simple larme roula sur la joue de la belle blonde. Rien de plus. Elle venait de retrouver le sens de sa vie, elle était libéré d'un poids qui l'oppressait depuis des années, ne sachant pourtant pas d'où cela venait. Elle tournait la tête vers Noah, et fut submergée d'une sensation de bien-être en découvrant le regard qu'il lui portait. Celui d'amour, de tendresse et d'attachement dont il avait toujours fais preuve. Elle ne doutait pas de lui. Elle n'avait jamais douté de lui.
Elle saisissait son téléphone et composait le numéro de Liam.
