Chapitre 3

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T r o i s


« Il me semble que Dieu m'a donné un don spécial qui fait de moi un excellent instrument de guerre, ce que je veux dire par là Capitaine, il suffirai de me mettre moi et mon flingue n'importe où, du moment où ce serait à un kilomètre d'Hitler avec un bon champ de vision ; faites vos bagages les mecs, la guerre est finie. Amen. »

- Raconte-moi. Je veux juste que tu me dises comment il est mort.
- Ivy, je suis pas sûr que ce soit une bonne idée ...
- Tais-toi. Dis-moi, j'ai besoin de savoir. Tu étais là, tu l'as vu. Raconte-moi. 
- Bien, si c'est ce que tu veux ...

Il s'enfonçait dans ses souvenirs, le plus lointain dont il se souvenait, cherchant à éviter les barrières mentales qu'il avait formé pour se protéger de la douleur d'un tel moment.
C'était ça ... Il pouvait presque le toucher du doigt tant ce souvenir était puissant ...

*

(Flashback)

- Putain Noah, s'teuplait ouaich ! Tu m'avais promis de me laisser monter sur ce putain de tank ! J'ai une ampoule horrible !
- T'a perdu ton pari mec ! Tu aurais dû savoir que t'étais nul au foot ... , riait de bon coeur Noah.

Voilà plusieurs heures que Trevor marchait près du tank de l'armée américaine, d'où s'échappait les rires de sa division. Noah était son meilleur ami, âgé de seulement sept mois de plus que lui. Ils s'étaient rencontré en maternelle, avaient poursuivi leurs études ensemble. Ils étaient tombés amoureux des mêmes filles, des mêmes films, avaient fais les quatre-cent coups ensemble. Ils avaient vu grandir Ivy ensemble, à ses côtés. Chacun d'eux portait d'ailleurs une photo de la jolie blonde dans le porte-feuille, logé près de leurs coeurs. Ils pouvaient presque sentir battre le sien, des milliers de kilomètres plus loin. C'était naturellement qu'ils s'étaient engagé dans l'armée ensemble, promettant à Ivy de revenir ensemble. Vivants.

- Allez, c'est bon pour moi, viens-là imbécile, que je t'aide à monter sur ce fichu tank, disait Noah en tendant sa main à son meilleur ami.

Il savait que Trevor avait sa fierté, il n'aurait jamais accepté de supplier Noah pour le laisser se reposer. Il savait également qu'il souffrait réellement, depuis plusieurs jours déjà. Lui-même s'était suffisamment reposé, il cédait sa place.

- Merci, t'es un vrai pote, répliquait Trevor en grimpant sur l'imposant véhicule.

Les deux amis riaient dans l'insouciance de leur tour de garde, ne se méfiant pas des dangers alentours. Noah s'écartait un peu du véhicule, à la demande du commandant en chef de la base dans laquelle ils étaient installés depuis leur arrivée sur le sol Afghan. Il s'écartait pour sa vie.
A peine avait-il tourné les talons en direction opposée du tank, qu'un grondement vient lui percuter les oreilles. Le tank venait de prendre feu, brûlant vif tous les passagers, y compris son meilleur ami, Trevor. Un insurgé venait de tuer son ami sous ses yeux, avec un missile de typer guerre-froide. Portée de cinq mille kilomètres. Autant dire que ça faisait des dégâts. 

*

- Je l'ai tué, Ivy. J'ai tué mon meilleur pote . C'est de ma faute ! Si je l'avais laissé souffrir à cause d'une ampoule, c'est lui que tu serrerais dans tes bras pour te consoler de MA mort. Pas la sienne. J'suis tellement ... Je sais même pas quoi te dire, putain. Y'aura jamais rien qui effacera ça ... J'tai privé de ton bonheur. Je me déteste d'avoir fais ça. Si tu savais ... J'y repense tous les soirs, j'en dors pas. Pourquoi est-ce que je l'ai embarqué là-dedans ... finissait-il en pleurant.
- Noah ... Je ne t'en veux pas d'avoir fais ça ... Tu ne pouvais en aucun cas savoir. Tu aurais fais ça pour chacun de tes gars. Tu ne savais pas que tu le tuerais ... Et jamais je ne souhaiterais que tu sois mort à sa place. Je vous voulais en vie tous les deux, tu m'entends ? Cesse de penser à ça ...

Elle l'avait approché à lui, voulant ressentir une nouvelle fois ce frisson qui l'avait saisi à son premier contact. Elle ne réalisait toujours pas qu'elle le tenait dans ses bras. Elle observait son visage, vieilli par une barbe de quelques jours, tiraillé par divers sentiments (peine, joie, tristesse, nostalgie, soulagement). Ne voulant se laisser aller à cet élan de bons sentiments, il se retirait des bras fébriles de la jeune fille, plongeant dans le regard dont il avait rêvé depuis de longues semaines.

- Il m'a laissé quelque chose pour toi.

D'ors et déjà, il lui tendait une fine enveloppe marron, cachetée par l'Armée des Etats-Unis, quelque peu abîmée par le long voyage qu'elle avait dû subir dans la poche arrière d'un pantalon de militaire. 
Hésitante à l'idée de l'ouvrir, elle fixait son meilleur ami, attendant une réaction. Il lui faisait signe qu'elle pouvait l'ouvrir. Qu'elle le devait.

« Ivory Prudence Smith,

Je sais déjà que tu rages à l'idée que j'ai vraiment écris ton nom complet sur cette feuille. Je crois que je suis heureux d'être mort (car oui, si tu lis cette lettre c'est que je suis mort et que cet enfoiré de Noah est en vie pour te la remettre), car tu m'aurais étripé sur place si j'avais été près de toi. Plus sérieusement. Je sais que j'ai merdé. Je t'avais dis que je serais là le jour de ton mariage, le jour de la naissance de ton premier enfant, ne serait-ce que le jour de tes dix-neuf ans. Ce sera impossible dorénavant. Pardonne-moi. Et pardonne également Noah. Ce n'est pas de sa faute si je suis mort. Tu sais autant que moi qu'il préférerait être mort à ma place. Rien que pour ça, s'il te plait, frappe le à l'épaule. 

Ma chère petite soeur, mon petit trésor. Il faut que tu sèches tes larmes, que tu te remette à vivre sans penser à la tristesse qui doit sûrement t'envahir en ce moment. J'ai déjà tout préparé au cas-où je viendrais à mourir au front. J'ai quelques économies que j'avais mis de côté, et puis il y a la prime de décès ... Je sais que tu vas refuser, donc Noah est chargé de te forcer à accepter. S'il te plait, prends cet argent et barre toi loin. Fais le tour du monde, découvre de nouvelles choses, de nouveaux gens. Fais-toi plaisir. Et tu me rendra heureux.

J'ai eu la meilleure soeur qui soit au monde. Peu importe ce que les gens te diront sur moi, garde dans l'esprit que je t'ai toujours aimé. Je veux que tu gardes de moi l'image d'un homme courageux, qui s'est battu pour ses convictions. J'ai toujours été honnête, et je sais que tu l'es aussi. N'oublies jamais que je t'aime. Envole-toi petit oiseau, déploie tes belles ailes et montre au monde qu'Ivy va changer leurs vies. 

Trevor, ton frère qui t'aime. »

Fiction OneDirection 5 (Ivy & Liam)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant