D o u z e
« Au bout du compte, est-ce que ça valait la peine ? Bon dieu comme ma vie a changé de manière irréversible. »
Il y avait en quelque sorte une complicité évidente entre eux. C'était comme si deux vies s'étaient rassemblées en une seule pour ne former qu'un être de pitié et de souffrance. A vrai dire, l'un soutenait plus l'autre qu'il n'y aurait paru. Et ce n'était pas celui qu'on imaginait. Liam le savait bien qu'il avait réussi à sortir de la tornade Emily grâce à Ivy. S'il n'avait pas croisé le chemin de cette fille à cet endroit, il n'aurait peut-être jamais réussi à sortir de l'enfer dans laquelle la brune pulpeuse l'avait entraîné quelques semaines, quelques mois auparavant. La vie est quand même un incroyable concours de circonstances dont il ne faut jamais douter. Liam l'avait compris.
Il se retrouvait là, dans la cuisine de chez lui, entouré de ses amis, à observer la plus joli fille qu'il avait vu depuis Emily. Les autres avaient une saveur fade. Il avait pourtant bien essayer de goûter aux fruits défendus, et les journaux à scandales l'en avaient souvent blâmé. Comme Harry, il avait désormais une réputation de séducteur. Mais aucun des fruits auxquels il avait gôuté n'avait la vigueur de son Emily. Jusqu'à Ivy. Il n'avait pas encore eu le courage de goûter à ses lèvres, d'ouvrir son coeur, car il savait que ça paraissait fou de se lancer dans une aventure qui n'avait même pas commencée ...
*
Ivy aussi la ressentait cette complicité. Elle n'était plus en colère contre Liam pour ce qu'il avait fait. Elle ne l'avait d'ailleurs jamais été. En parlant avec Noah, elle avait compris qu'elle s'était sentie amoindrie par le fait de n'avoir jamais vraiment compris (ou admis) qu'elle était adoptée, alors que Liam l'avait compris de suite.
Elle souriait lorsqu'elle le regardait, et avait les yeux pétillants. Et chaque fois qu'il posait le regard sur elle, le rouge lui montait aux joues. Cette gêne était un signe.
Elle était là, dans cette cuisine qu'elle ne connaissait pas. Un couteau à la main, elle coupait silencieusement des poivrons pour concocter un repas à ces cinq nouvelles personnes dans sa vie. Elle avait toujours adoré cuisiner, pour le plus grand bonheur de Niall qui s'épanouissait à la voir préparer de bonnes choses.
Louis déboulait dans la cuisine sans prendre garde à Ivy qui tenait un couteau. Il la bousculait alors que l'une de ses mains se trouvait à proximité de la lame tranchante. La coupure était inévitable. Elle plissait les yeux, gênée par le contact du jus de poivrons sur la plaie saignante de sa main.
- Eh merde, je me suis coupée. Putain j'aime pas ça.
Elle paniquait à la vue du sang. Son visage était blafard, ses yeux plissés. Elle se tenait la main au dessus du niveau de la tête, renversant sa tête en arrière pour ne pas regarder. Liam paniquait également de la voir comme ça. Il l'attirait vers la salle de bain dans l'aile opposée de la maison, en plaçant sa main sur l'une de ses hanches.
Il la portait et l'asseyait sur le plan de travail, face à lui. Il attrapait du désinfectant, de longues bandes pour former un bandage et des carrés de tissu pour essuyer le sang.
Pendant qu'il s'occupait de sa blessure, il lui parlait, tentant de la rassurer :
- Oublies que tu t'es coupé, oublies qu'il y a du sang.
- Pas facile quand tu sens le sang couler le long de tes doigts.
- C'est profond, mais c'est pas méchant, souriait-il. Regarde-moi. T'occupe plus de ta main, regarde-moi.
Elle abdiquait, et faisait ce qu'il lui avait dit. Elle détaillait son visage, ses petites rides entres les deux yeux qui montraient sa concentration, ses quelques cheveux qui tombaient sur son front, son grain de beauté dans le cou ... Ses beaux yeux marrons ...
Il avait fini. Il souriait, satisfait de son travail. Il relevait la tête et plongeait son regard dans l'océan qu'était les yeux d'Ivy. Ses longs cheveux tombaient sur ses épaules. Il les dégageait dans son dos d'un geste de la main, qu'il finissait par poser sur sa cuisse, accompagnant l'autre qui faisait la même chose. Il les passait dans le bas de son dos, afin de la rapprocher de lui. Elle nouait ses jambes autour de sa taille, ses bras autour de sa nuque. Et déposait ses lèvres contre les siennes. Ce baiser se faisait timide, posant ses lèvres quatre fois de suite, sans pour autant chercher la durée du baiser. C'était un tout. Les papillons au creux du ventre, les bras et les genoux qui flanchent, les lèvres qui tremblent, les pensées qui se troublent.
Liam stoppait ce baiser, un sourire gêné accroché aux lèvres.
- Tu sais que tu es encore plus mignonne quand tu es grossière ? (elle souriait pour réponse) Je veux pas précipiter les choses. Je t'aime bien, voilà tout. Tu sais, ma vie est compliquée. Les photographes, les fans, les concerts et les voyages ... Je veux pas t'imposer tout ça, tu comprends ? Si tu veux de cette vie, on a tout le temps d'apprendre à se connaître.
- Ça me va. One Direction hein ? Faut que tu me racontes ... On aime pas les boys band à Reno.
Il lui racontait. De Xfactor à Simon Cowell en passant par les jours chez la famille d'Harry.
*
La nuit était avancée. Le repas avait été délicieux, les conversations amusantes, et Ivy avait même eu le droit à la chanson qui avait fait leur réputation : Torn. Harry avait une voix magnifique, Liam également. Ils avaient tous un don, une connexion particulière. Ils s'aimaient, purement et simplement, sincèrement.
Liam avait tenu à raccompagner Ivy jusqu'à sa chambre d'hôtel, étant donné qu'elle avait décliné son invitation à dormir dans l'une des chambres d'amis. L'ambiance dans la voiture était bonne enfant, ils apprenaient, il se découvraient.
Il garait la voiture à une dizaine de mètres de l'entrée de l'hôtel. Il l'embrassait langoureusement, lui souhaitant bonne nuit. Attendant qu'elle soit à l'abri dans le hall de l'hôtel comme un gentleman, il démarrait silencieusement pour s'en retourner chez lui.
Mais cette scène n'avait pas échappée aux yeux d'une personne avertie ...
