Chapitre 14

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Q u a t o r z e 


« Je t'aime [Liam]. Tu me donnes l'impression d'être une personne. Tu vois, comme si j'étais vraiment belle. »

Liam était installé sur le lit d'hôtel d'Ivy. Il était allongé nonchalamment et la regardait préparer ses affaires qui n'étaient presque pas sorties. Il était d'ailleurs assez curieux de ce fait, car la plupart des filles qu'il connaissait avait pour habitude de 1) de défaire leurs sacs en premier, de 2) de balancer les fringues de tous les côtés. Non, cette fille était décidément totalement différente des autres filles. Pour en avoir le coeur net, il posait la question :

- Pourquoi est-ce que tu n'as pas défait tes affaires quand tu es arrivé ?
- Question d'habitude je suppose. J'ai jamais vraiment eu d'attaches. Je déménageais souvent quand j'étais gamine. Fille de militaire oblige. Donc je crois que si je défais pas mes affaires, c'est histoire de ne pas créer d'attaches, ne pas se créer une vraie vie dans un endroit, pour partir plus facilement. Et puis, j'étais pas censée rester aussi longtemps ici ... 
- Donc tu reste ?
- Tout dépend ...
- De ? demandait-il curieux.
- De toi. Si tu veux que je reste, je reste. De toute façon, j'ai plus de raison de rentrer aux Etats-Unis. 
- Tu as souffert hein ? Tu me parles pas vraiment de quand tu étais gamine ... C'est vrai qu'on ne se connait presque pas, mais j'aimerais bien apprendre plus de choses sur toi.
- Tu es sûr de vouloir me connaître ? Je veux dire ... Si je te raconte ça, tu vas t'apitoyer sur moi, et j'ai vraiment pas envie. J'en ai chié quand j'étais p'tite. J'ai pas envie de me replonger dans ces souvenirs si c'est pour te perdre.

Pour seule réponse, il attrapait sa main et l'attirait sur le lit pour qu'elle s'installe confortablement et commence son récit. Pour l'encourager en voyant ses signes de réticence, il caressait le dos de sa main avec son pouce. Elle se lançait, après avoir jeté un regard dans les yeux de Liam, cherchant à y déceler quelque chose :

- J'avais deux ans quand on a déménagé pour la première fois. On s'est retrouvé dans une base militaire dont je ne me souviens pas. J'y ai rencontré Noah, qui est devenu mon plus proche ami, mon confident. Depuis ce jour, on n'a pas cessé de déménager ... C'était environ une fois tous les ans. Par chance, les parents de Noah étaient aussi militaires, et on s'est retrouvé dans quasiment toutes les bases où ma famille était partie. Une vraie amitié s'est créée entre moi, Noah et Trevor. On faisait les quatre-cent coups. C'était assez drôle en y repensant. Bref. J'étais une gamine plutôt réservée pour tout te dire. Je parlais à personne hormis Noah et mon frère. J'avais pas d'amies dans mes écoles, elles me trouvaient bizarres et vu que je ne restais jamais bien longtemps, y'avait aucune affinité. Elles se contentaient de me laisser de côté. De toute façon, je m'en fichais un peu. J'ai toujours préféré la compagnie des garçons. 
Avec les déménagements successifs, mon père était toujours partis en mission. Irak, Kosovo, Afghanistan, Afrique Noire. Il a à peu près tout fait. J'en ai beaucoup voulu à Bush d'ailleurs ... Bref. Ma mère nous a élevé seule moi et mon frère, et bien que mon père soit toujours partis, j'étais très proche de lui. On était des gamins pas faciles pour ma mère. Elle sombrait peu à peu dans les médicaments, qui étaient supposés l'aider à tenir, pas l'enfoncer. Quand mon père rentrait le temps de quelques semaines, c'était la guerre à la maison. Ils avaient tout pour être heureux pourtant. Une rencontre au bal du lycée, un amour de jeunesse, des enfants qui sont arrivés très vite. Enfin, un. Mais non, ils se disputaient pour un rien. Je me souviendrais toujours ... Combien de fois Trevor m'a retrouvé sur les marches de l'entrée, les mains sur les oreilles pour ne plus entendre les cris et la vaisselle cassée. Trevor s'occupait de moi. Et puis, un jour, y'a une voiture noire qui s'est arrêtée devant la maison, dans la rue. Tu as du voir suffisamment de films pour savoir que c'est pas bon ... Bah c'est vrai. Ils sont descendus, ont trouvé ma mère, et lui ont dit de but en blanc que mon père était mort au combat. Sauf que quelques semaines plus tôt, Trevor et Noah s'étaient engagés eux-aussi. Alors autant te dire que c'était pas la joie dans la maison. J'en ai pleuré pendant des heures, des jours. Ma mère était un cadavre. Elle ne savait même plus qu'elle avait une fille. Un jour, je rentrais du lycée, et je l'ai trouvé sur le canapé, les yeux grand ouverts, des cachets de médicaments éparpillés sur le canapé. Ces saloperies avaient eu raison d'elle. J'ai pas pleuré. J'en avais plus rien à faire d'elle. Ca peut paraître dur, mais pour moi, c'est comme si elle m'avait abandonné le jour où mon père est mort. Et puis, le jour est arrivé où ils sont revenu pour mon frère. Là, c'en était trop. Je pouvais pas imaginer ça. Le seul qui me restait, il est mort. 

Liam en restait bouche bée. Comment était-il possible de souffrir autant dans une vie si courte. C'était injuste qu'elle est souffert autant, alors que lui avait grandi dans une famille heureuse. Les seuls malheurs qu'il avait du affronter, c'était de savoir si son T-shirt favoris allait bien avec ses chaussures. Il se sentait coupable. Non pas qu'il avait pitié d'elle, mais seulement parce qu'il aurait voulu endurer tout cela à sa place. C'était impossible, il le savait, mais il se promettait de faire tout ce qui était en son pouvoir pour la protéger désormais ...

Fiction OneDirection 5 (Ivy & Liam)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant