Charmé | Namjin |

Acacia : Élégance

En cette belle journée, Jin s'était bien apprêté.

Sa tenue était bien plus raffinée que d'habitude, et pour cause : il devait assister à un repas de famille le soir, et il n'avait pas le temps de rentrer chez lui se changer.

Il haussa les épaules : peu importait la tête que feraient ses clients en voyant sa chemise repassée avec soin, ou encore sa veste de tailleur chère. Sans oublier la somptueuse cravate noire qui descendait presque jusqu'à sa ceinture.

Le feu tourna au vert, il traversa sans brusquerie. Il avait encore une bonne vingtaine de minutes avant l'ouverture de sa boutique.

Son cerveau surchauffait depuis le jour précédent.

Le bouquet qu'il avait reçu le perturbait fortement, il se demandait toujours s'il lui était réellement destiné.

Non... Le message m'était visiblement adressé...

Il se souvenait encore de cette entrevue avec le beau client quelques jours plus tôt.

Ça ne pouvait être que lui.

Quelque chose s'était passé à ce moment-là.

Jin était étonné qu'il n'ait pas été plus que ça perturbé de recevoir les éloges écrites de quelqu'un qu'il ne connaissait pas.

En temps normal, recevoir des fleurs avec un mot qui dit qu'on a eu le coup de foudre pour une personne, c'est assez étrange...

Peut-être que c'était parce que le brun était persuadé que c'était son séduisant client, mais il n'arrivait pas à avoir peur.

La tête plongée dans ses pensées, il ne fit pas attention et bouscula certains des passants, qui grognèrent légèrement.

Il n'y prêta pas attention et continua de marcher.

Il repensait au bouquet de fleurs qu'il avait soigneusement placé dans le plus beau de ses vases, et qu'il avait laissé au soleil dans son petit salon.

Il espérait de tout coeur qu'il durerait longtemps, rien que pour garder ce souvenir de nouveauté.

Celle d'une mystérieuse attirance.

[...]

Le vendeur s'inclina avec respect devant la personne âgée qui quittait sa boutique. 

<< Bonne soirée Madame Hong ! >>

La porte se ferma sur sa réponse et il expira, soulagé.

C'était sa dernière cliente.

Étonnement, la journée du brun avait été pleine, les clients avaient été plus nombreux que d'habitude.... Cela l'avait un peu surpris. 

Il s'empressa de récupérer ses affaires qu'il mettait toujours dans la salle arrière, réservée au personnel, et ressortit pour fermer la porte de la boutique à clé.

Il sursauta lorsqu'il vit une magnifique branche d'acacia entourée d'un ruban, accrochée à un des pots suspendus devant la vitrine.

Le nom acacia venait du mot grec akis signifiant pointe ou épine car de nombreuses espèces du genre avaient des rameaux épineux.

Une petite carte se balançait, reliée par un fil.

Surpris, Jin mit un instant à réagir, puis doucement il attrapa le petit papier.

À nouveau, une sorte de citation à la police électronique remplissait la couverture.

C'est l'élégance simple qui nous charme.

Le brun ouvrit de grands yeux, ouvrant directement la mini carte aussi grande que la paume de sa main.

Je pensais avoir vu le paroxysme de votre charme la première fois que nous nous sommes vu, mais à l'évidence, votre tenue vous sied merveilleusement bien. Vous êtes d'une beauté époustouflante.

Le vendeur sentit ses joues chauffer.

Jamais personne ne l'avait aussi originalement complimenté.

Cette technique de drague - il faut bien l'avouer - était certes originale, mais elle plaisait beaucoup au garçon, dont les lèvres étaient étirées en un grand sourire, alors qu'il s'imaginait le visage auquel il pensait depuis maintenant deux jours.

Délicatement, il récupéra la branche d'acacia, et vint appuyer son nez contre les fleurs en fermant les yeux.

La senteur de cette plante le charmait. Elle était d'une délicatesse sans nom, tout comme les mots de son admirateur secret - pas tellement en fin de compte.

Rouvrant les yeux, il tourna la tête à droite et à gauche, espérant voir celui qu'il voulait tant rencontrer.

Il n'était que cinq heures de l'après-midiès-midi, pourtant un certain vide comblait les rues.

Légèrement déçu, il fit demi-tour et partit pour son repas de famille, observant avec un immense bonheur le présent dont il était porteur.

Son coeur battait une douce chamade qu'il aimait.