Partie 4

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Partie 4

Comme convenu, on a fait partir mon frère prétextant que les filles étaient seules à la maison. Une trentaine de minutes plus tard le docteur était sorti de la salle des urgences pour me dire de la suivre dans son bureau. J'ai commencé à transpirer mais ma mère m'a regardé, nous avons échangé quelque chose des yeux et j'ai compris ce qu'elle voulait dire. J'ai suivi puis dans le bureau, le docteur m'a lancé un regard très interrogatif.

- Vous allez faire durer le suspense longtemps ?
- Il n y'a pas de suspense monsieur dit-elle avant de refermer le dossier et joindre les doigts des deux mains, je ne sais pas ce que vous faites à votre femme mais elle refuse de nous dire ce qui s'est réellement passé.
- Et il s'est passé quoi ? Vous cherchez des problèmes là où il y'en a pas forcément.
- Vous êtes sûr ?
- Qu'est-ce que j'aurai pu lui faire moi ? Vous l'avez vous même mentionné c'est ma femme !
- Oui mais cela ne vous donne pas le droit de la violenter.
- Moi ? Attendez, vous êtes médecin ou policière ? Je n'ai jamais fait cela à ma femme moi.
- Je veux juste comprendre. Elle a des bleus au corps et nie que vous l'avez touché.
- Il n'y a rien à comprendre madame. Si elle le dit alors c'est ça non ? Écoutez, je vous exige de faire votre boulot. Je peux la voir maintenant ?
- Vous allez voir votre femme mais en attendant, je dois vous annoncer quelque chose.
- Est-ce important ? Je veux dire, ma femme est la seule chose qui m'importe pour l'instant.
- J'espère que vous êtes sincère...

Elle a ouvert une nouvelle fois le dossier et après des minutes interminables elle reprend son air sérieux.

- Votre femme a fait une fausse couche. Elle est sous le choc, il n'y a rien de grave mais nous allons la garder encore une journée.
- Fausse couche comment ? Je peux la voir ?
- Oui vous pouvez aller. Monsieur ? Faites attention à ce que vous allez lui dire, elle est fragile. Votre femme ne mérite pas tout ce supplice.
- Madame ? Mêlez vous de ce qui vous regarde.

Il est peut-être difficile de le croire mais ça m'attriste, je le voulais cet enfant, je ne sais même pas ce qui m'a pris de lever une nouvelle fois la main sur ma femme. Je ne savais pas qu'elle était enceinte et même si c'était le cas, je n'en ai aucun droit. Ma mère s'est levée en me voyant venir :

- Alors ?

Je l'ai dépassée en direction de la chambre d'observation. J'étais furieux contre moi, contre nous tous, ma famille bien sûr.

- Je te parle Karim ?!
- Alors quoi ? Tu veux savoir ce qui se passe ? Elle a perdu l'enfant ! Notre enfant, mon enfant ton petit fils !
-...
- Tu ne dis rien ? Avoue que tu es contente, vas-y avoue le !
- Mon fils !
- Maimou et moi on le voulait, enfin toi aussi tu m'as dit le vouloir cet enfant. Malheureusement tu ne fais rien pour. Nous l'avons perdu une fois de plus... Et cela par la faute de qui ? Moi, pourquoi ? Parce que je suis un imbécile qui croit en sa mère plus qu'en sa femme. Maman ? Tu me connais, la seule chose que je n'arrive pas à corriger c'est mon impulsivité, je ne peux pas me contrôler. Maimou que tu vois, je l'aime. Tu sais que je suis malade parce que oui, c'est une maladie, tu profites de cela et de l'amour que j'ai pour toi pour toujours créer des problèmes dans mon foyer, jusqu'à quand ?
- C'est à moi que tu parles comme ça ?
- Oui ! Je te parle comme je veux, tu es ma mère, oui je n'en ai pas de doute mais cette femme, c'est celle avec qui je veux finir ma vie. Maman ? Si tu as un peu, mais un tout petit peu de respect pour notre douleur, je te demanderai de partir d'ici, tu es ma mère et elle est ma femme en ce moment c'est elle qui a le plus besoin de moi !
- Mais ?
- Pas de mais s'il te plaît maman ! Tu en as fait de trop, ça suffit. Pars maintenant !

Je suis reparti sans même lui laisser le temps de dire un seul mots, quand j'étais entré, Maimou était couché en position fœtale massant son ventre. Je ne savais pas quoi dire ou faire, je l'aime, même si j'ai du mal à me croire moi-même, je l'aime d'un amour inconditionnel mais ma mère, c'est mon monde, je ne veux pas ce qui peut la toucher. Je sais ce que ma mère a vécu avec mon père, la famille de mon père et pour cela, j'ai juste envie de les protéger et de les aimer chacune à sa manière. Que faire ? Comment trouver le juste milieu ? Je ne sais pas, je ne veux pas réfléchir à tout ça en ce moment. Je veux juste être là pour ma femme.

- Maimou ?
- ...
- Maimouna ? Mon amour ?
- ... ! J'ai perdu une nouvelle fois notre bébé.
- Je suis... désolé !
- Désolé pour ?
- Pour tout, en fait, je n'ai pas voulu que cela arrive entre nous.
- C'est notre quotidien Karim, à tout bout de champ, tu lèves la main sur moi. Je ne sais même plus ce que tu appelles amour ou mariage, ce n'est pas ce que je voulais pour ma vie conjugale. Karim ? Je suis épuisée, si ça n'est pas ta famille, c'est toi, c'est trop. Tu as eu quand même le temps de réfléchir avant de me gifler. Tu as eu le temps de ne pas m'écouter mais tu n'as pas eu le temps de protéger notre enfant ? Le fruit de notre amour ? On me taxe d'infertilité, on me traite de tous les noms mais qu'est-ce que tu fais toi ? Tu es incapable de me protéger contre toi même à plus forte raison ta famille, Tu sais quoi ? Tu me dégoûtes Karim ! J'ai plus envie d'être dans cette maison, je veux que tu me laisses tranquille. Je veux partir chez mes parents s'il te plaît.
- Maimou ? calmes toi mon amour ! Tu as perdu tout comme moi, je te jure, je regrette tellement mon acte, ce n'est pas digne de moi je le reconnais !
- Ça change quoi ?
- ...
- Tu n'as pas les mots ! Tu ne sais pas quoi dire Karim parce que tu sais que tu as tord. C'est cela les promesses de nos début ? C'était pour m'amener dans une famille où je serai maltraitée, humiliée ? Et pour couronner le tout être violentée par un homme qui se dit être mon mari ? Je regrette si tu sais ! Je n'ai même pas de force pour t'exprimer tout mais s'il te plaît...
- Tu sais que je t'aime ! Plus que tout au monde.
- Aimer ? Tu sais vraiment ce que ça veut dire ? Pour toi je n'étais qu'un défi n'est-ce pas ? Ma famille ne voulait pas du mariage mais j'ai quand même suivi mon coeur, tu as gagné ! Bref tu as eu ce que tu veux, tu as couché avec moi autant que tu le voulais ! Ta famille m'a assez maltraitée, je crois que nos chemins doivent se séparer ici !

J'ai étendu ces mots tel un poignard dans le cœur. Je l'aime, je ne sais pas comment le lui expliquer mais c'est elle que je veux pour la vie. Je ne peux pas la laisser partir. J'ai couru à ses pieds tel un enfant.

- S'il te plaît mon amour ? Je te jure que je ne vais plus recommencer ! J'assume l'entière responsabilité. Je m'assume.

Elle a tourné la tête, j'ai vu qu'elle était entrain de pleurer. Je me sens si faible, si lâche.

- Maimou ? Maimouna S'il te plaît pardonne moi...

          ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

J'en ai marre de ce ménage, je suis fatiguée de vivre dans la peur. Je viens de perdre un être, un deuxième enfant par la faute de cette famille. Je l'ai appris et je n'ai même plus envie de subir encore, depuis des jours j'avais déjà l'impression de ne plus être sûr mais j'attendais un déclic pour en parler avec mon mari. Mon fœtus, mon enfant, vous savez ce que ça fait de perdre un enfant ? Et dire que c'est la faute de l'homme qui me sert de mari. Cela me répugne encore plus. J'ai une drôle de sensation, c'est du dégoût en vrai, ce mariage, ce n'est plus ce que je voulais, ça n'est pas la définition de l'amour que j'avais.

- Madame ?

Je me suis retournée, il y'a là deux femmes en blouse. Je n'en ai aucune confiance depuis ce que j'ai vécu à mon accouchement mais j'essaie de me convaincre qu'elle ne sont pas toutes les mêmes. J'ai levé la tête pour les regarder.

- Comment vous allez ce matin ?
- Il est quelle heure ?
- 8h11, comment vous vous sentez ?
- Bien !
- Vous avez mal quelque part ?
- J'ai juste envie de dormir ! Leur ai-je répondu !
- D'accord ! On va vous laisser dormir mais avant nous avons quelques questions à vous poser, si vous pouvez nous expliquer comment est-ce arrivé, vous vous sentez en danger dans votre foyer ?
- Je l'ai déjà dit et je l'ai répété qu'est-ce que vous voulez encore ?
- On a comme l'impression mes collègues et moi que vous ne nous dites pas toute la vérité votre mari et vous..., écoutez, nous savons que vous êtes en état de choc mais...
- Mais quoi ? Vous voulez que je vous dise quoi ? Que vous a t-il dit lui ? Madame, croyez ce que vous voulez je m'en fiche, laissez moi juste dormir !

Elles étaient parties et j'ai commencé ou recommencé à pleurer, je ne sais pas combien de fois j'ai versé des larmes depuis hier car la douleur n'était pas physique mais vraiment très émotionnelle, je dois vivre encore ce cauchemar combien de temps ? Je dois continuer à souffrir ? Fuir ce ménage dans le quel je ne sais plus si on est un couple ou un groupe de personne ? Chacun dit pour lui mais et moi ? Je veux que vous vous mettez à ma place, qu'est-ce que je peux bien faire ? Et vous donc ?!

À suivre...

Maimouna, un ménage presque parfait...!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant