Crise

~1~

"Thomas, s'il te plaît non, je t'en pris reste!"
La dernière phrase que je lui ai dit, la dernière phrase que j'ai prononcé avant de le voir s'éteindre, la première et dernière phrase qui m'a fendu le coeur.
                        ***
Quelques heures après j'étais toujours à côté  de lui  à le contempler inanimé sur son lit d'hôpital. Mes parents étaient descendus pour prendre un café, sûrement pour se changer les idées. Enfin j'imagine! Pour ce qui est de mon cas je n'arrivais pas à me décoller du siège à côté de lui de peur que quand je revienne il ait été  emporter, lui mon frère qui m'a toujours aidée, accompagnée et soutenue dans mes projets....Il était maintenant devant moi, ... mort. J'en voulais au monde entier, au médecin de ne pas avoir réussi à le réanimer à temps et de ne pas avoir détecter son problème avant , à mes parents de ne pas avoir réagi plus tôt, à  mon frère de ne jamais nous avoir  dit quand ça n'allait pas - arborant tout le temps un énorme  sourire - et à moi de pas mettre rendue compte qu'il était mal.  Je me revoyais quelques jours auparavant quand on s'amusait tous les deux dans la piscine, tout me paraissait normal, mais le soir de cette même journée, il lâchait son verre d'eau et était pris de fortes  secousses. Il avait été conduit aux urgences par la suite, suivi de près par notre voiture. Les urgentistes l'examinèrent et lui firent passer une batterie d'examens, mais rien n'apparut sur les radios et aucun médecin ne pensa à ce qu'il avait.
Et depuis tout était allé très lentement, les médecins avaient voulu le garder et nous avons passé toutes notre semaine entre les quatre murs épurés de la chambre d'hôpital de Thomas. Jusqu'à ce que son état s'aggrave un peu plus chaque jour, et je restais chaque même jour auprès de lui, espérant de le voir guérir d'une maladie dont on ne savait même pas qu'il était atteint. Une semaine pendant laquelle j'ai découvert le sentiment profond de ne pouvoir rien faire pour mon frère, mais aussi la frustration  et la peur profonde de perdre une des personnes auquelle je tiens le plus dans ce monde. Ma réflexion fut interrompu par trois coups sur la porte suivis de  l'entrée du  médecin référant de Thomas.
- Marine, on va devoir l'emmener maintenant... dit le docteur d'une voix qui se voulait réconfortante mais qui ne fit qu'amplifier ma colère.
- C'est hors de question, répondis je tout simplement.
Le docteur parut déstabiliser mais fit tout pour ne pas le montrer et se ressaisit.
-Mademoiselle, je suis vraiment désolé mais je vous ai déjà laissé plus longtemps que la norme, beaucoup trop longtemps d'ailleurs. il dit cette fin de phrase presque gêné.
- Vous m'avez enlever mon frère,docteur Vasiex! Donc vous pouvez dire ce que vous voulez mais Thomas il reste ici ! j'ai crié cette phrase et mes propos étaient déformés par mes sanglots.
Monsieur Vasiex était prêt à répliquer quand mes parents refirent leur apparition. En voyant ma tête, ma mère acourrut vers moi et mon père vint se planter devant le docteur.
- Que s'est il passé mon coeur, me chuchota ma mère en me prenant dans ses bras.
- Le docteur veut emmener Thomas, mais non c'est pas possible je l'en empêcherais et j'aimerais que ce soit clair pour tout le monde! dis je dans un sanglot étouffé.
- Mais Marine, nous non plus on ne veut pas mais c'est trop tard déjà! C'est pas possible de le garder dans la chambre alors qu'il est.... continua ma mère
- Ne prononce pas ce mot! Je le sais, tu n'as pas à le dire ! 
- Marine je te laisse à toi et à ta famille encore quelques minutes avec ton frère et je reviens avec mon équipe après et tu ne pourras rien faire. Je suis sincèrement désolé de ce qu'il t'est arrivé mais maintenant on ne peut plus rien faire, dit  le docteur Vasiex. A tout de suite, rajouta il.