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Nous y étions. Dans quelques jours, je serais loin de cette ville maudite, cette ville qui me ramène à tant de bons  souvenirs, qui se font douloureux à présent.

Il était neuf heures, quand Lara me proposa d'aller faire deux trois courses pour ce midi. Je déclinais gentiment son idée en lui disant que j'étais fatiguée, elle ocha la tête comme pour donner son accord.
Une fois partie,je sortie du lit et allais chercher un chemisier blanc légèrement décolleté avec des petites lunes discrètes, un short taille haute et bien sur ma ceinture fétiche.

Je commençais à me changer quand Antoine passa sa tête dans l'entre baillement de la porte.

- Antoine, tu pourrais frapper non !
- Euh... Non, sans façon, dit il sur un air qui se voulait comique.
- Que me vaut cette visite matinale ?
- Je viens te chercher,
- Non, je ne sors pas aujourd'hui.
- Ce n'était pas une question, ni une proposition. Quand je dis "je viens te chercher" c'est que tu viens avec moi. dit il d'une voix calme et posé.
Comme pour se donner raison, il entre ouvrit la porte un peu plus, dévoilant ainsi la jeune fille quasiment nue.

- Mais ferme cette porte !
- Tu te dépêches alors, il est bien tard déjà.
Un sourire se dessina au coin de son visage ainsi que ses petites fossettes tellement adorables.
- D'accord mais tu fermes cette porte tout de suite.

Il fit une rapide révérence en souriant, puis s'exécuta.

J'enfilai ma tenue, prit une paire de converse blanche, courrue vers la salle de bain pour me parfumer et me brosser les dents.

J'allai me poster devant la porte de mon ami, et d'un air supérieur je lui dit:
- Je t'attends... Il est déjà bien tard.
- Excusez moi, chef, j'arrive.

Nous marchions, lui devant, moi un peu en retrait. Puis il se tourna légèrement sa tête vers moi, assez pour voir l'intégralité de ma tête et planta ses yeux dans les miens. Je sentis rosir mes pommettes.

- Oui ?
- Rien, rien. Je voulais juste te dire à quel point tu allais me manquer Marine.
Je me blottis dans ses bras et les larmes commencèrent à rouler le long de mes joues.
- Vous aussi vous allez me manquer!

Il me prit par l'épaule et nous continuions de marcher ainsi placé. Nous arrivions devant un parc, le plus beau parc d'ici. Je ne pu m'empêcher de sourire: c'était l'endroit préféré de mon frère et moi auparavant.
Je me blottis un peu plus contre Antoine et déposa un léger bisous sur sa joue droite en signe de ma gratitude.

Ce parc était féerique: des petits étangs à droite, à gauche. Des oiseaux de toutes sortes, des arbres magnifiques, des petits ponts. Le soleil donne un air magique au tout. Un vrai décor de film.
Pour parfaire le tout, des petites enceintes diffusés de la musique douce.

Nous trouvions un banc sous un sol pleureur en face d'un étang où barbotaient quelques canards.
Antoine s'assit à une extrémité et je m'allongais en posant ma tête sur ses jambes.
Je pris une grande inspiration et une bouffée de joie emplit tout mon corps.

- Alors petite sœur, ça fait du bien d'être ici non ?
- Un bien fou, j'avais oublié cette sensation depuis un bout de temps maintenant.
- Je reviendrais te parler plus tard, salut.

Je réouvris les yeux et me rendit compte que mon ami me regardait tout sourire.
- Contente ?
- Contente, tu as bien fait de me forcer à sortir, merci...
- J'ai même pensé à quelque chose, je sais que tu adores les gâteaux basques,alors tiens, dit il en un sourire.

Il me tendit une boîte de pâtissier, du meilleur pâtissier d'après moi.

- Mais tu es fous ! On est en trouve pas à Toulouse, comment tu as fait ?

Je m'étais redressée d'un bond et failli tomber du banc mais ça m'étais égale, c'était tout simplement adorable.

- Disons que j'ai des contacts, laissa-t-il échappé. Je suis content que ça te fasse plaisir.
- J'en reviens pas, tu m'amènes dans l'endroit le plus spéciale pour moi et en plus de ça tu me ramènes la meilleure nourriture qui soit, merci !

Un silence s'installa, tout autour était paisible, tout était parfait. Mais soudain mon téléphone vibra, cassant ce moment de calme.
Je le sortis de ma poche, le prénom que je vis sur l'écran me glaça en un rien de temps : "papa".

Antoine prit mon téléphone et répondit avant même que je n'ai eu le temps de faire quoi que ce soit.

- Allô ?
- Oui, je voudrais parler à Marine.
- Ce n'est pas possible, elle n'est pas disponible mais je peux lui transmettre un message si vous voulez.
- Bien, tu lui diras que nous voudrions la voir avant qu'elle ne parte pour Bordeaux, ce silence devient lassant et enfantin de sa part.
- Je crois qu'il est préférable que vous repensiez à la situation et que vous redéfinissiez qui est enfantin dans cette histoire, sur ce je vous souhaites une bonne journée, au revoir.

Il raccrocha, et fourra mon téléphone dans la poche de son sweat. Il regarda sa montre qui lui indiqua midi pile.

- On rentre ? Lara va commencé à s'inquiéter.
- D'accord.
Je me levai mais je me rassis quasiment immédiatement, prise de vertiges.

- Ça va ? me questionna Antoine
- Euh... Oui je crois, allons y.

Le chemin du retour ce passa sans encombre. Mon ami s'amusa à me faire des blagues et à me taquiner.

Une belle journée en soit.

***

- Alors, bientôt le départ ?
- Oui. Mais je voudrais savoir quelque chose avant...
- Dis moi, je t'écoute.
- Tu vas continuer à me "parler" quand je serais à Bordeaux ?
- Petite sœur, tu sais que cela ne change rien. Tu sais que toutes ces discussions ne sont que fictives.
- Ne dis pas ça !

J'eus le présentiment que la discussion fut coupée net. Mon cœur fit un saut qui m'en donna mal à la poitrine. Cela ne pouvait pas être vrai. J'étais complètement devenue folle, je sentis mon crâne bouillonait, mes jambes tremblaient.
Il m'abandonnait, au fond de moi je le savais déjà qu'il était parti, mais maintenant tout devint réel.

Je saisis Antoine par le bras pour le stoppait et je me jetais dans ses bras. Mes larmes coulaient à flots.

Comment avais-je pu être aussi stupide ? Sûrement un moyen de protection, mais me protéger de quoi ? Peut être d'une dépression ou d'idées noires.

- Que se passe-t-il ?
- Il me manque, tu peux pas savoir à quel point ! dis je d'une toute petite voix étouffée par les sanglots.

Il ressaira ses bras musclés autour de moi, je pouvais sentir sa respiration accélérée, son cœur battant plus fort, plus rapidement. Mais sa voix, elle, resta de marbre:
- Oui c'est dur. Mais tu vas y arriver Marine. On sera là si tu as besoin d'aide, d'accord ? Tu pourras m'appeler nuit et jour, sans problème.
- Je... J'ai peur de faire une dépression, regardes ma propre famille ne me parle plus, des personnes que je considérais comme mes amis, m'ont lancé des couteaux dans le dos, et mon frère est... Est mort !

Cette phrase fut le coup de trop, une partie de moi fut brisé par cette idée que j'avais prononcé haut et fort.

CriseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant