J'étais sortie de la cafet" totalement déboussolée. Comment un ami pouvait me balancer ça? Le plus naturellement qui soit en plus !
Lara m'avait couru après en vain, et la directrice nous convoqua: Lara, Antoine, Maxime et moi dans son bureau.
Mon amie se tenait à ma droite, Antoine s'était posté derrière moi comme une barrière contre le reste du monde. Et Maxime, à l'opposé, s'était assis sur une chaise.Des larmes sèches sur mes joues s'apercevaient, et mes yeux bouffis et rougis confirmaient mes pleurs.
La directrice se pencha vers moi, me regarda puis se tourna vers Maxime. Mais avant qu'elle n'ait pu commencer à parler, je lâchai un: "mais qu'est-ce qui t'as pris ?"
Il me regarda de ses yeux vides et ne prit pas la peine de répondre. Je sentais la tension montée dans ce bureau. J'apercevais les poings d'Antoine se serrer, et je pouvais m'imaginer sa mâchoire se dessiner.
Alors la directrice commença:
- Maxime, j'espère que tu es conscient de ce que tu as fait. Et j'espère qu'Antoine et toi vous savez ce qu'il va vous arriver...
- Madame vous voyez bien que la situation est injuste ! Vous savez pourquoi Antoine a fait ça, Maxime a divulgué des photos gênantes sur moi puis m'a provoquée et a parlé de mon frère sans aucune gêne !
- Marine s'il te plaît, tais-toi, me chuchota Antoine.
- Je crois mademoiselle, qu'il serait préférable que vous sortiez. Ou bien que j'appelle vos parents.
- NON. répondirent à l'unisson Lara et Antoine.
- Lara, je vais te demander d'aller en cours car tu n'es pas au centre du problème.
J'aurais voulu protester mais aucun mot ne réussit à sortir de ma bouche, je regardai donc mon amie s'éloigner et refermer la porte derrière elle.- Maintenant, commençons. Comment l'histoire a t-elle commencé ?
- Il a divulgué des photos gênantes de Marine sur les réseaux sociaux et quand elle a voulu lui en parler il lui a dit " et dis moi Marine, c'est la mort de ton frère qui te rend aussi susceptible". Voilà ce qu'il s'est passé !
Alors je n'ai pas pu m'empêcher d'aller le cogner, c'était mon meilleur ami et Marine c'est... Un membre de ma famille !
- Maxime, ne me dis pas que tout cela est vrai ! Je crois que tu ne te rends pas compte du mal que tu lui as fait . On va convoquer tes parents et on avisera. Et toi Antoine, tu auras des heures de colle... Je ne peux quand même pas ne rien faire. Je suis désolée.
- S'il fait des heures de colle, je pense normal de les faire avec lui... C'est un peu de ma faute.
- Non. Fin de la discussion.
Ah et ne crois pas que tu vas t'en tirer comme ça Maxime. Retournez en cours.***
Arrivés à la maison, je courus dans la chambre.- Et bah petite sœur, depuis quand tu te laisses décourager par le premier imbécile ?
- Tu veux que je te dise, j'en ai râs-le-bol ! Que tout le monde me regarde, que tout le monde chuchote, j'en peux plus ! et je fondis en larmes.
- Je pense que je vais arrêter de venir comme ça... Je ne t'aide pas.
- Si au contraire ! Je t'aime Thomas !
- A bientôt, et surveille Antoine. Auffet parle à Lara elle a des choses à dire.
Je t'aime surette.Que voulait-il dire par "parle à Lara" et " surveille Antoine"?
La porte émit un grincement et mon amie fit son apparition.
- Ça va ? dit-elle simplement.
Je pris une inspiration.
- Oui, je suis juste déçue et en colère contre Maxime, contre Antoine, contre la proviseure...
Mais il y a autre chose, je, quand Thomas était là... Il m'avait dit qu'il faudrait qu'on parle. Toi. Lui. Moi.
- Marine je ne sais pas quoi dire... Je, c'est trop compliqué, je sais pas comment te le dire.
- Bon OK, j'pense que j'ai compris. J'vais me balader.
Sur ces paroles je sortis de la chambre en trombe, bouscula Antoine qui passait à ce moment là dans les escaliers et courut le plus vite possible. Surtout, le plus loin.***
Une fois arrivée dans un petit parc, je m'assis sur un banc, sous un sol- pleureur, au bord du lac. Quelques canards barbotaient dans un coin, des petits oiseaux chantaient sur une branche de l'arbre. Tout était calme, tranquille, paisible.
Je n'étais pas partie de la maison parce que ma meilleure amie était sortie avec mon frère, non. J'étais en colère parce que aucun des deux ne me l'avaient dit. À aucun moment.
Il était temps que je parte chez ma grand-mère.Mes yeux commencèrent à se fermer, une légère brise fit décoller mes cheveux de mes épaules. Je me levais et la nature fit une musique douce, agréable. Mes pieds commencèrent à bouger tout seuls puis mes bras et je commençais à tourbilloner comme un pétale tombant de sa fleur.
J'enchaînais pirouette et saut quand je sentis un regard se poser sur moi. J'eus l'impression que la nature arrêtait son chant, mes pieds arrêtèrent leurs mouvements et je réouvris les yeux.
Antoine s'était posé sur le banc mais il ne regardait pas en ma direction.
- Qu'est-ce-que tu fais là ?
- Je suis venue te chercher, Lara s'inquiète, elle s'en veut. Comprends la... Elle ne voulait pas te perdre comme elle l'a perdu.
- J'ai pas besoin de toi, je gère comme je veux non ?
- Viens t'asseoir, me dit-il avec un sourire.
Maintenant, il me regardait dans les yeux, mais il avait sa mâchoire serrée.
Il me fixait avec insistance et me prit par la main pour m'obliger à m'assoir.
- Marine, on ne refait pas le passé... Tu ne peux pas savoir à quel point elle s'en veut de ne rien avoir dit, Thomas aussi ne savait pas comment te l'annoncer.Non mais c'est une blague ? Tout le monde était au courant, sauf moi. Incroyable !
Je fis un bond du banc et me remis à courir. Sauf que cette fois, deux mains m'attrapèrent à la taille, d'une telle force que je ne pouvais plus bouger.
- Lâche moi ! Laisse moi vivre un peu ! Tu es toujours sur mon dos, tu ne me dis rien mais moi je dois tout raconter en détail. Mêles toi de tes fesses !
Il ne relâcha pas sa prise.
- Mais lâche moi, putain ! lui criais-je.
Il vira au rouge.
- Non. Je ne te lâcherais pas. Insultes moi temps que tu veux. Mais non, désolé, mais je ne te lâcherais pas.Mes jambes tremblèrent, mes yeux se voilèrent d'une surface brumeuse, mon corps devint de plus en plus lourd et soudain plus rien.
Juste des " Marine" résonnèrent vaguement dans mes oreilles.
***
- Marine est-ce-que vous m'entendez ?
J'entrouvris mes yeux et je vis un inconnu penché sur moi. Je sentis une main dans la mienne, puis la tête d'Antoine apparut dans mon champs de vision.
- Vous êtes dans une ambulance, vous avez eu un malaise. Votre ami nous a téléphoné. Nous allons appeler vos parents.
Je n'arrivais pas à prononcer ne serait-ce qu'un mot, mais mon ami prit la parole.
- Non, elle ne veut pas. Et puis ils ne viendront certainement pas.Merci, lui dis-je mentalement, puis je serrai sa main en signe de remerciement.
- Je suis désolé mais nous devons les appeler. Elle n'est pas majeur.
Je me rendormis.
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Crise
General FictionMarine, 15 ans, vient de perdre son frère. Tout deux très complices le retour à la maison et au quotidien va être compliqué, de plus qu'elle ne veut plus parler à ses parents. Malgré tout le soutien que lui apporte sa meilleure amie, la jolie brune...