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Après avoir rincé les tomates, j'entrepris de les découper en lamelles.

Nous étions au mois de juin. Le soleil commençait à rester de plus en plus longtemps haut dans le ciel et la chaleur commençait à apparaître. Une bonne salade de riz était la meilleure chose à manger dans ces conditions.

Je demandai à Antoine de me passer le riz et de le mettre à cuire. Il passa à côté de moi et me donna un coup d'épaule qui me fit perdre l'équilibre.

- Non mais oh ! criai-je
- Pas fait exprès, dit-il en levant les mains en l'air.
- Mouais mouais, aide moi plutôt à cuisiner au lieu de faire l'imbécile.
- Oui chef, bien chef! fit-il en se mettant au garde à vous.
- Beaucoup de gens ont envoyé des messages ?
- Je m'en occupe, t'inquiète pas.
- Là n'est pas la question.
Je pris un air sérieux et continuai:
- Monsieur Antoininounet, j'exige mon téléphone portable à l'instant même où je vous parle.
- Après le repas. Car...
Il attendait que je finisse sa phrase.
- ... Pas de téléphone à table. D'accord monsieur.

Dans ces moment de rire et de complicité, j'en venais à confondre Antoine à Thomas.
Les mêmes réflexions, le même humour, les mêmes bêtises! Ils avaient tout fait ensemble.

Je préviens le frère de ma meilleure amie:
-Bon je monte pour prévenir Lara que c'est prêt.
- D'accord. Attends 30 secondes.
Je me tournai vers lui.
- Tu vas nous manquer Marine et ne crois pas qu'on va te lâcher comme ça.
- Vous aussi, dis-je en un sourire.

                           ****

Après le repas je montai me brosser les dents quand Thomas fit son apparition dans ma tête.

- Alors soeurette ça va mieux depuis ce matin?
- Oui enfin bof quoi. J'aurais préférer que tu sois là!
- Après Antoine se débrouille plutôt pas mal comme grand frère, tu trouves pas?
- Mais c'est toi que je veux, mais bon après ouais il se débrouille pas trop mal.
- Ce Maxime si je l'avais en face de moi ...
- Tu ne ferais rien du tout, dis-je en rigolant comme une baleine.
- Pas faux, mais Antoine lui si. On est pas aussi pareil que tu le crois...
- Ne raconte pas de bêtise, il ne fera rien du tout!
- Je n'en serais pas si sur si j'étais toi mais bon, fais comme tu veux.
- J'ai une question, tu parles à d'autres gens qu'à moi ?
- Je ne te le dirais pas, quoique si je peux mais pas aujourd'hui.
- J'ai une autre question, tu ne souffres plus? Enfin là où tu es...
- Oui, ici ça va mieux. Je ne ressens plus de douleurs.
- Je dois aller dormir mais tu veilles sur moi hein ?
- Oui bien sûr! Moi aussi j'ai des choses à faire, il faut que j'aille parler à d'autres gens encore. Et je t'aime ma soeur.
- Je t'aime aussi et une dernière chose, je peux le dire à Antoine?
- Qui te dit qu'il ne le sait pas déjà ?!
-Oh tu m'agaces, bon bonne nuit
je t'aime.
- Bisous je t'aime.

Ces échanges avec mon frère me faisaient du bien.
Il faudrait que j'aille le voir à sa tombe, pensais - je.

                           ****

-Marine, lève toi! Vite, vite on est en retard. me cria Lara qui faisait son sac à l'arrache.
- Hein mais qu'est ce que tu racontes ! Il est que... Oh merde t'as raison !
Je sautai du lit, attrapai à la voler un jean et un chemisier, et courut à la salle de bain pour me brosser les dents.
- Je peux vous amener si vous voulez. Je commence qu'à 9h, fit Antoine du bout du couloir.
- Oh oui merci, lui répondit instantanément sa soeur.

Une fois le jean enfilé, j'entrepris de boutonner mon chemisier, mauvaise idée quand on est en retard. Un rapide coup de brosse à dent, le peigne dans le sac de cours, nous courrions vers la voiture d'Antoine.
- Et les filles, faudrait penser à vous lever plutôt, dit-il un sourire en coin.
- Oui mais... On a parlé tard hier soir et bon tu étais là de toute façon ! répondit Lara.
Je les laissai se taquiner pendant que je regardais par la fenêtre en me coiffant du mieux que je le pus. Malheureusement, tous mes efforts furent en vain alors je me tournai vers mon amie et lui dis: " tu peux me faire des tresses ?", elle acquiesça et je me tournai vers la fenêtre. Dos vers elle.
- Ma voiture est un salon de coiffure maintenant ?
Je ne pris pas la peine de répondre et Lara non plus.

La voiture de son frère nous déposa devant le bahut juste au moment où mon amie attachait la fin de la tresse avec un élastique -bon timing- la cloche sonna au moment où nous passions le portail. Un rapide au revoir de la main à Antoine et nous courûmes vers la salle de SVT.

Nous voyant arriver toutes essoufflées, la prof nous regarda nous assoir en rigolant derrière sa manche. Elle distribua les feuilles de contrôle et nous souhaita bonne chance. Puis elle s'approcha de moi et se mit à ma hauteur et me dit: - "Si jamais vous avez besoin de plus de temps mademoiselle Donia n'hésitez pas à me demander. " J'acquiesçai rapidement. mais pourquoi tout le monde croit qu'il faut me prendre par des pincettes et pourquoi faut-il que mes professeurs me fassent des faveurs tout les quatre matins? D'accord c'est très gentil de leur part de faire attention à moi mais cela ne fait que remuer le couteau dans la plaie.

Une fois les deux heures de contrôle terminaient, nous avions vingt minutes de pause. Avec Lara nous décidâmes d'aller à la cafète pour prendre un truc à grignoter, nous n'avons pas eu le temps de petit déjeuner. Et on est en période de trim' alors il faut avoir des forces comme dirait Lara. Mon amie empocha deux barres de KIT KAT et deux bouteilles d'eau. Alors que nous nous dirigions vers la caisse pour régler, une dame nous expliqua qu'en période de trim' les goûters étaient offerts et que même si nous étions le matin, elle voulait bien nous l'offrir. Nous la remercions puis nous partions nous installer à une table. Mon téléphone vibra, - depuis qu'Antoine me l'avait prit je ne l'avais pas utiliser- pleins de messages par rapport aux photos, et un message de Maxime qui s'excusait pour les photos. La réalité me frappa de plein fouet. Je n'avais pas vraiment porter d'importance au regard des autres ce matin tellement nous étions en retard mais maintenant je voyais des regards lancer, des paroles dites dans mon dos.

Une main se posa sur mon épaule, puis Maxime s'assit à la même table, je m'écartai aussitôt.
- Non mais tu te crois où là ? Dégage !
- Et c'est bon calme toi ma belle pas besoin de stresser ! C'est juste des photos rien de grave !
- Rien de grave ? Rien de grave ? Non mais j'halucinne alors déjà m'appelle pas comme ça et après tu as pas vue tout les messages que j'ai reçu pendant tout le week-end et encore aujourd'hui ! Je t'ai dit de partir. lui criais-je.
- Non j'ai le droit de rester si je veux.
Lara allait répliquer quand une voix familière s'interposa:
- Tu n'as pas entendu ce qu'elle t'a dit ? Dégage et que je ne te vois plus autour d'elle !
Mon frère avait raison, Antoine ferait quelque chose, il ne resterait pas les bras croisés.
- Je crois que ça te regarde pas. lui répondit Maxime.
Tout le monde nous regardait maintenant.
- Et puis dis moi Marine, c'est la mort de ton frère qui te rend susceptible comme ça ? finit-il.

Mes oreilles bourdonnaient, de colère, de tristesse, de déception.
J'attrapai mon sac et lui tournai le dos. Les larmes roulaient sur mes joues. Il avait ce petit sourire narquois qui m'agaçait tant.
J'entendis un PAF, suivit de pleins de cris: des cris d'étonnements, d'effroi et surtout des " BASTON BASTON BASTON!!!!!!!!".
Antoine ruait de coups Maxime maintenant à terre. Quelques élèves essayerèrent, sans y parvenir, de les séparer.
Malgré ma forte envie de le cogner, je vins auprès d'Antoine pour l'arrêter en vain. Je m'enfuis le plus loin possible sans parvenir à m'arrêter de pleurer.

CriseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant