Chapitre 12

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Joanna

J'essaie de ne pas trembler, de me ressaisir, mais je suis totalement terrifiée. Karl est toujours le même, le diable réincarné. Je bégaye, je suis incapable de prononcer un mot.

— Oui, moi aussi...

— Il faudra qu'un jour on se revoie ma belle ! Je pense que nous avons beaucoup de choses à nous dire depuis ton départ de la France. Je suis déçu que tu ne m'en aies pas parlé.

La dernière phrase me fait frissonner. Je suis terriblement mal à l'aise. Pitié, pourvu qu'il s'en aille ! Ma respiration est de plus en plus saccadée.

— Aurais-tu perdu ta langue ?

Karl se tourne vers Gabriel.

— Elle a toujours été très timide, mais c'est une vraie tigresse dans un certain domaine...

Il se passe la langue sur les lèvres avec un sourire entendu. De dos, Gabriel ne peut pas voir sa mimique. Il le fait exprès. Espèce de sale connard d'enfoiré ! Je me retiens de lui hurler cette insulte. Il en serait bien trop content.

— Monsieur Loxford, commence Gabriel, nous reprendrons notre discussion plus tard si vous voulez bien. Je dois m'entretenir avec mon assistante.

— Votre assistante ? sourit Karl. Sera-t-elle en mesure de s'occuper de moi ?

Je fulmine intérieurement. Ce sous-entendu me rend folle de rage malgré ma peur. Mais Karl s'adresse à Gabriel pas un employé lambda.

— Joanna a déjà beaucoup de travail et je lui ai confié le dossier de l'un de nos clients. Elle n'aura pas le loisir de « s'occuper de vous ».

Les yeux de Karl deviennent coupants comme un scalpel ! Gabriel soutient son regard et ses iris azurés ne dévient pas de leur chemin.

— Bien ! Ce n'est pas grave ! Nous nous retrouvons comme prévu pour déjeuner, je suppose.

Mon manager acquiesce. Avant de quitter le bureau de Gabriel, Karl glisse à mon oreille :

— Il me tarde de nous revoir... en tête à tête.

Je frissonne. Lorsque la porte se referme, mes jambes ne me tiennent plus et je craque complètement. Gabriel se précipite à ma rencontre. Jamais je n'aurai pensé un seul instant que les bras de cet homme deviendraient un doux refuge dans lequel je me blottis. Il essaie vainement de calmer mes tremblements.

— Calme-toi Joanna, calme-toi.

— Par pitié Gabriel...

— Je vais confier son dossier à quelqu'un d'autre, me rassure-t-il. Il ne devrait pas rester longtemps à Carter Corp. En attendant rentre chez toi, tu n'es pas en état de travailler. Repose-toi. Tu nous reviendras fraîche demain.

J'acquiesce maladroitement.

— Une personne peut-elle te raccompagner ? me demande-t-il.

— Non, mais ça va aller.

— Appels-moi une fois que tu es chez toi. D'accord ?

— D'accord.

Je quitte son bureau un peu sonnée.

Je ne veux voir personne. Je veux juste rentrer chez moi. Me poser un instant avec mes petits chiens et leur langue baveuse. Dans mon état, c'est tout ce dont je suis capable.

Je ne croise personne, pas même Lisa à l'accueil. Je prends le métro puis me précipite dans mon immeuble. Je monte quatre à quatre les marches de l'escalier et commence à sortir mes clés.

Le paladin aux émeraudesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant