Chapitre 15

134 14 4
                                    


Mark

Je vois Joanna courir partout dans notre appartement alors que je discute avec son petit frère Kévin. Ce soir, c'est son anniversaire. Il est spécialement venu à New York pour ça. Je ne pensais pas m'entendre aussi bien avec lui. Le courant est très vite passé.

— Mark ! m'appelle Joanna. Tu sais où j'ai mis mes chaussures argentées ? Je les cherche partout !

— Dans le placard de notre chambre, sous mes chemises, je lui réponds.

— Mais qu'est-ce qu'elles fichent là ?

— Je ne sais pas mon ange ! Nous allons être en retard au restaurant. Peux-tu te presser ?

— Deux secondes !

— Pire que la reine d'Angleterre ! lance son petit frère

— Ta gueule Kevin !

Je glousse. Voir ma Joanna aussi naturelle et détendue me fait plaisir.

Cela fait maintenant un peu plus de deux ans que nous nous sommes échangé notre premier baiser. Et j'en ai encore le goût.

— Je ne les trouve pas ! Mark vient me donner un coup de main, s'il te plait !

— Mark, viens me rouler une pelle ! plaisante son frère.

J'éclate de rire face à cette complicité fraternelle. Je retrouve Joanna à genoux en train de fouiller dans mes affaires. En d'autres occasions, j'aurai bien profité de cette position...

Je m'approche d'elle, tends la main et lui donne sa paire d'escarpins.

— Elles étaient juste à côté de toi.

Elle les attrape et les enfile. Je me poste derrière elle pour la serrer contre moi.

Nous avons traversé maintes épreuves avant d'arriver à cette parfaite harmonie. J'ai vu la descente aux enfers de ma douce et pour rien au monde, je ne veux revoir un tel spectacle.

L'arrestation de Karl a été une première étape. Il a été renvoyé en France et interdit de territoire aux États-Unis. Le même sort a été réservé à Beverly, Aurore et Tiffany après une battue de plusieurs mois. Elles ont harcelé Joanna durant tout ce temps, temps durant lequel mon ange a encore une fois essayé de mettre fin à ses jours. C'est grâce à Colin et un ami d'Adam qu'elles ont finalement été retrouvées.

Joanna a par la suite été contrainte de rentrer en France pour le procès de ses bourreaux. Jamais notre vie de couple n'en avait été aussi ébranlée. Cette épreuve a été fatidique pour nous et pour l'amour que nous ressentions l'un envers l'autre. Les disputes ont été légion durant ce procès.

Ryan Carter a accepté sans la moindre hésitation ma mutation à Paris. Je suis resté avec Joanna, l'ai soutenue et lui ai évité le pire : une autodestruction programmée. Elle ne se nourrissait plus, se laissait mourir face au peu de soutien dont elle pouvait bénéficier en France. Elle me répétait sans cesse qu'elle voulait rentrer aux États-Unis là où ses véritables amis l'attendaient. Elle s'est retrouvée seule dans son propre pays. Ses parents n'ont même pas daigné l'appeler. Pire, ils l'ont enseveli de reproches. De toute sa famille, seuls ses deux frères ont été en mesure de lui apporter du réconfort. Je ne les remercierais jamais assez pour cela.

Le procès a fait les gros titres durant de longs mois en France. Karl et ses complices ont été surnommés les « Les bourreaux de Paris » par les journalistes.

Toute cette cacophonie autour du calvaire de Joanna a été pénible aussi bien pour elle que pour moi qui aie dû redoubler de soutien pour la maintenir hors de l'eau. Il a fallu que je la convainque de se rendre au tribunal. Elle partait défaitiste. Pour elle, Karl et ses comparses gagnaient encore.

Le paladin aux émeraudesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant