Et un jour... (Auto Édition)

Chapitre 10 ~ Ethan

Reboosté à bloc, je décide de préparer la soirée. Missy m'a du coup un peu briffé sur les goûts culinaires de Lilou. Une petite aide ne fait pas de mal ! Missy est un peu spéciale. Je dirais originale, mais je l'aime bien, elle me fait penser à ma sœur sur certains aspects. Très loyale envers son amie, elle a su trouver les bons mots pour moi et son aide est précieuse. J'espère que notre idée va marcher.

Ce matin, je suis allé voir monsieur MacDowell pour l'informer de mon retour en France. Pensant que cela aurait été rapide, ça s'est finalement éternisé et je n'ai pas pu refuser son invitation à déjeuner avec son associé.

***

Partant au supermarché, j'avouerais que je suis un peu perdu. En général, c'est Louisa qui fait les courses. Mon emploi du temps surchargé dernièrement ne me laisse que peu de temps libre pour le faire. J'arrive finalement à trouver ce qu'il me faut sans trop de problèmes. Avant d'arriver à l'appartement de Lilou, je m'arrête chez un fleuriste. La première fois que je l'ai rencontré, je ne lui avais fait qu'un simple dessin, mais cette fois-ci elles seront réelles.

Quinze heures. Missy m'a précisé que Lilou arriverait à son appartement entre dix-huit trente et dix-neuf heures, ce qui me laisse peu de temps pour tout préparer. Montant l'escalier avec mes courses, je distingue un homme adossé contre le mur du palier avec son téléphone à la main. Poliment je le salue, mais aucune réponse. Tournant la clé dans la serrure, je me retourne pour fermer la porte et m'aperçois que ce même individu me regarde méchamment. Lilou a des voisins étranges !

Pas de temps à perdre, je m'attèle à ma tâche, direction la cuisine. J'étale sur la table tous les ingrédients nécessaires à mon repas, mets la bouteille de vin blanc aux frais et commence à m'activer. En pleine préparation, je reçois un appel de Cloé.

— Alors frangin, raconte-moi tout ! Que lui prépares-tu ? Elle arrive à quelle heure ?

— Doucement avec tes questions, on dirait Missy ! dis-je en rigolant. Toutes les deux ensembles, ce serait le carnage !

— Il faudra me la présenter alors !

— Ça, on verra, car je ne sais pas ce qu'il en est avec Lilou, verdict ce soir. J'ai peur de sa réaction...

— Eh bien, moi, je suis persuadée que ça va très bien se passer, alors sourit et profite !

Nous restons une bonne demi-heure encore au téléphone et heureusement que le haut-parleur existe, car j'ai pu continuer de cuisiner en même temps.

Deux heures plus tard, tout est prêt. Plus qu'à attendre. Le stress monte, une boule d'angoisse s'installe. Comment va-t-elle réagir ? Va-t-elle vouloir me parler ? Comment va-t-elle prendre le fait que je sois chez elle ? Missy m'a pourtant rassuré sur ce sujet, mais l'anxiété monte tout de même. Tournant en rond, je fais les cent pas, quand soudain j'entends le bruit de la serrure. M'arrêtant de respirer subitement, mon corps se met à trembler et je décide de m'appuyer contre le mur pour ne pas tomber. Soudainement, elle fait son apparition au pas de la porte. Elle est toujours aussi belle et j'ai envie de sourire en voyant son accoutrement. Cela lui va bien et son bonnet avec des oreilles de chat lui fait une jolie frimousse que l'on a envie de bizouiller. Voyant sa tête déconfite quand elle me découvre, je me justifie directement en évoquant l'aide de Missy et la supplie du regard de me laisser une chance de m'expliquer. Elle accepte. Soulagement total ! Je marche calmement vers elle et cette même attraction entre nous se met en route. Quand je parle, elle passe de la colère aux larmes, de la stupeur à la timidité. Cette proximité entre nous me déstabilise, mais je ne suis pas assez près. Comme une boussole, je m'approche vers elle et lui prends la main. Des frissons me parcourent tout le corps repensant à notre premier contact. Il faut que je lui offre les fleurs, je m'éclipse rapidement avant d'oublier.

Quelques minutes plus tard quand je reviens vers elle, je la sens mal à l'aise. Merde, ce n'est pas ce que je veux. Au contraire... Après lui avoir offert le bouquet, je décide de sortir la bouteille et de trinquer, peut-être qu'elle ira mieux après ça. Effectivement, elle se détend petit à petit. Nous parlons, nous nous expliquons, mangeons, rions sans voir l'heure tourner. Un vrai plaisir d'être avec elle. En bon gentleman, je dois la laisser se reposer. Elle doit être épuisée de son voyage et il est tard, je ne dois pas abuser, mais j'aimerais tant rester tout près d'elle. Je me sens bien, euphorique, léger, mais il faut que je parte. En me levant, elle me crie un non et j'en ai le cœur blessé, mais il le faut. Une envie féroce de la prendre dans mes bras, mais j'ai peur d'aller trop vite, ayant déjà assez fait d'erreur, je n'ai pas envie qu'elle fuit cette fois-ci.

Au seuil de la porte, nous sommes tous les deux. Tout près, ne sachant que faire, quand soudain elle s'appuie maladroitement sur l'interrupteur et nous nous retrouvons dans le noir. Me retenant de ne pas ricaner, je la sens galérer à rallumer, alors je me mets à chercher avec elle, quand ma main vient à toucher la sienne. Une sensation subtile et gourmande. Lumière allumée, nos regards sont figés et nos corps respectifs se rapprochent comme si on ne les retenait plus. Ne contrôlant plus mon attirance pour elle, ma main caresse sa joue. Sa peau est douce, veloutée. Survolant ses lèvres de mon pouce, je n'ai qu'une envie : l'embrasser.

En a-t-elle autant envie que moi ?

Son regard s'illumine, plus je la frôle et sans maîtrise ma bouche se pose sur la sienne. Ce baiser est magique, comme si nos lèvres s'accordaient parfaitement, comme si elles étaient faites l'une pour l'autre. J'ai besoin de la prendre dans mes bras, tellement besoin. Ses petits membres m'agrippent et j'aime ce moment de tendresse. Je pourrai y rester des heures. M'écartant en lui prenant tendrement la tête entre mes deux mains, je lui avoue mes pensées. Touché par sa réponse, mon cœur vacille et quand elle me supplie de ne pas la laisser, je ne peux que lui confirmer que non. Plus jamais.

Elle est devenue trop précieuse à mes yeux...