Chapitre 19 ~ Lilou

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"Les flammes s'approchent. Je ne peux plus bouger. J'ai mal à la tête. Yanis est parterre, il crie de douleur. Je ne peux pas l'aider. Je pleure. Un jeune homme s'approche de moi. Il me protège, me tient la main. Je suis rassurée, mais j'ai peur. Une explosion retentit. Ce même homme se jette sur moi. Il se relève et je découvre son visage. C'est Noa. Mes yeux se ferment. Ce n'est plus Noa, mais Ethan. Noa est derrière et lui plante un couteau dans le dos. Ethan saigne. Il saigne abondamment. Il saigne énormément. Il saigne beaucoup trop, puis disparaît... "

Je me réveille en suffoquant, essayant de retrouver mon souffle, quand une main me touche. En me retournant, je distingue Ethan. Un sursaut me fait bondir en arrière. Il est là. Il est bien là. Il ne saigne pas. Il n'a pas disparu.

J'en ai plus que marre de ces cauchemars, je mélange tout à chaque fois. Je me jette sur lui et le serre très fort dans mes bras.

— Tout va bien, je suis là... me dit-il en me caressant les cheveux.

Je me rendors presque immédiatement, la tête posée sur son torse.

***

Sept heures et trente minutes. J'ouvre difficilement un œil, puis l'autre. Une douleur lancinante s'installe quand la lumière du jour m'éblouit. Refermant les yeux, je me cache sous la couette. Un court instant plus tard, ayant mon bras hors du lit, je sens des doigts marcher tout le long me donnant des frissons.

— Bonjour mon boulet. Je ne veux pas t'affoler, mais il est déjà sept heures et demi et vu que tu as rendez-vous ce matin... me murmure Ethan tout en m'embrassant dans le cou.

— Je suis large ! Trop le temps ! dis-je en rigolant.

Alors que ce n'est pas du tout le cas, mais un réveil tout en douceur mérite que l'on s'y attarde. Quelques minutes après, m'asseyant dans mon lit, je sens que ma tête va exploser. Comme une impression qu'il y a de petits bonhommes à l'intérieur qui cognent avec des marteaux !

— Tiens, bois ça ! Cela te fera du bien ! dit-il en me tendant un verre d'eau d'une main et un cachet de l'autre.

Je le remercie et le vide d'un trait. Assis sur le bord de mon matelas, je constate qu'Ethan est déjà prêt et habillé. Souriant, il se lève m'embrassant sur le front. J'adore quand il me fait ça... Il me dit de le rejoindre dans la cuisine et que le petit déjeuner est servi.

En effet, une bonne odeur provenant de la cuisine arrive dès qu'il ouvre la porte de la chambre. Je me lève sans attendre. Sur le bar sont étalés diverses choses : pain au chocolat, crêpes, pain frais, jus d'orange pressé, confiture et j'en passe. Moi qui d'habitude prends à peine le temps de manger le matin, j'ai l'impression de me retrouver au château de Versailles et d'être une princesse.

— Vu que tu ronflais ce matin... dit-il en riant. Je suis parti faire quelques courses à l'épicerie du coin et vu que je ne savais pas ce que tu mangeais le matin, j'ai pris un peu de tout...

— Sérieux ? C'est trop gentil de ta part, merci... J'ai trop faim en plus, mais ça fait un peu de trop ?

Je me jette à son cou pour le remercier et commence à dévorer mon festin. Je devrais prendre plus le temps le matin pour le petit déjeuner, mais comme j'aime bien mon lit, il ne me reste que peu de temps pour le déguster. Je passe sous la douche et me prépare pour mon rendez-vous.

Une nouvelle traduction m'attend et je dois faire le point avec Stan. Je retrouve Ethan dans le canapé devant la télévision à rire sur une série déjantée. Je n'en crois toujours pas mes yeux, cet homme est avec moi ! Moi, Lilou, le boulet !

Je vérifie ma tête une dernière fois dans le miroir fixé dans le couloir. J'ai essayé tant que j'ai pu de camoufler mon énorme bosse que j'ai sur le front, dû à ma chute d'hier soir contre la table, mais je sens que Stan va s'en donner à cœur joie. Je prends mon dossier sur le bar de la cuisine et m'aperçois que tout est impeccablement lavé et rangé. Aurai-je trouvé la perle rare ?

— Je suis prête ! lui annonçais-je.

— Parfait, on y va alors ! dit-il en prenant un sac plastique.

N'y prêtant pas trop attention au début, nous montons dans sa voiture et partons en direction du bureau de Stan. On en a pour dix minutes environ, bien trop court à mon goût. Il est très à l'aise pour conduire et je me sens en sécurité. Il a une main sur le volant et l'autre sur ma cuisse. À chaque fois qu'il l'enlève pour passer une vitesse, je n'aime pas, comme si mon corps refusait cet éloignement.

Nous nous faufilons dans les rues sans problème juste avant de se garer dans un petit recoin que je ne connais pas. Mais pourquoi s'arrête-t-il là ?

— J'en ai pour deux minutes, j'ai un truc à déposer. Attends-moi là ! me dit-il en prenant le sac plastique posé sur le siège arrière.

Je me demande bien ce qu'il va en faire et surtout ce qu'il y a dedans. Le regardant s'éloigner, il se met à tourner dans une petite rue. Curieuse, je décide de le suivre. Je prends les clés de la voiture, la ferme et me dirige vers lui en faisant attention qu'il ne me voit pas. Arrivée à l'angle de la ruelle, je le vois s'arrêter devant une femme d'une trentaine d'années. Il lui tend le sac, elle le prend et l'enlace chaleureusement. Un peu trop même...

C'est quoi ce bordel ? Qui est cette femme... ?


Et un jour... (Auto Édition) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant