Chapitre 7 : Explication franche

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Quand j'arrive au bureau le lundi matin, je suis un peu fatiguée de mon week-end, mais ravie de toutes ces émotions. Après la soirée, Nathan et moi sommes retournés chez nous pour nous adonner à une deuxième after-party, plus intéressante, dirons-nous... Tim et Ély sont passés pour le féliciter de vive voix avec Nicolas, et Julia ainsi que mes parents ont fait un skype pour lui crier leurs joies. Nathan en à profiter pour leur montrer le trophée, qui à présent trône sur son bureau, à Timeline Films.

Je dépose mes affaires sur ma table avant d'aller à la cuisine pour me faire un café. J'entends des éclats de voix dans le bureau de Stefan. Surprise qu'il soit déjà là, je me dirige à sa rencontre pour le saluer. Je pousse la porte entrebâillée, je me stoppe dans mon élan quand je vois James assis devant lui. Il me regarde et alors qu'il s'apprête à dire quelque chose, je m'adresse à Stefan.

— Je te laisse, je ne savais pas que tu étais occupé. Dis-je, froidement avant de tourner des talons.

Je me précipite dans mon bureau et ferme la porte derrière moi. Qu'est-ce-qu'il fout ici ?! Pourquoi Stefan discute joyeusement avec lui  comme si de rien n'était ? J'attendais de lui une certaine loyauté, mais peut-être est-ce trop demander ! Je décide de me plonger dans le travail qui m'attend afin de m'enlever de l'esprit que James Linklater est dans la pièce à côté. Je me rends compte que je n'ai toujours pas digérer son film ni sa scène humiliante où je me suis reconnue. Je ne pensais pas qu'un jour je regretterai de l'avoir rencontré, mais avec ce qu'il a fait, je ne peux penser autrement.

Au bout d'une heure, on frappe à ma porte. Je m'attends à voir apparaitre Stefan pour me fournir des explications, mais une fois de plus je déchante quand je reconnais James dans l'encadrement de la porte.

— Salut. Me dit-il, calmement.

— Qu'est-ce-que tu veux ? Dis-je, sans cacher mon mécontentement.

— Te parler.

— Je n'ai rien à te dire.

Il rentre malgré tout dans mon bureau et s'assoit devant moi. Je lève la tête vers lui pour le regarder droit dans les yeux.

— Je sais que je suis la dernière personne que tu souhaites voir, mais je crois que je te dois une explication.

— Ah bon ? L'explication tu aurais dû me la donner avant de m'envoyer une invitation pour m'humilier.

— Je suis désolé.

— Il va falloir faire mieux que ça.

Il expire bruyamment devant ma froideur, mais je ne compte pas lui faciliter la tâche, il peut rêver.

— J'ai écris le film quand on s'est séparé. J'étais en colère et je me suis sentie utilisé. Tout est allé très vite. On a tourné en six semaines et on l'a monté dans le même laps de temps. Quand j'ai vu le résultat, j'ai su que ça te ferai du mal, mais je m'en foutais. J'avais juste envie que tu ressentes ce que j'ai ressenti.

— Tu as réussi. Bravo. Tu peux sortir de mon bureau maintenant.

— Tu n'as même pas essayer de garder contact ! Me dit-il, blesser.

— Quoi ?

— Quand nous étions ensemble, tu envoyais des mails à Nathan, tu prenais de ses nouvelles.... mais moi, il a suffit que je m'en ailles pour que tu m'effaces de ta vie. Tu ne m'a plus appelé ni même essayé d'être cordiale.

— Tu aurais voulu que je t'appelles ? Je pensais que tu étais en colère ?

— Je l'étais, mais je t'aimais Rose. Je t'aime encore un peu, d'ailleurs... mais je sais que c'est peine perdu. Je l'ai vu quand tu es arrivée avec lui et puis avant-hier à la télévision... Tu ne m'a jamais regardé comme tu le regarde lui.

La colère laisse place au malaise et je baisse les yeux sur mes mains pour ne pas avoir à affronter son regard plein d'amertume.

— Tu étais content de toi, lorsque les lumières se sont rallumées et que tu as observé mon désarroi ? Ça valait le coup ? Demandais-je, avide de réponses.

— Non. Ça m'a fait encore plus mal. Te faire de la peine est plus douloureux que ton indifférence. Je n'ai que de bons souvenirs de toi... hormis ce qui s'est passé à Carmel et je sais que j'ai tout salit avec ce film.

— Je ne peux pas t'en vouloir éternellement. Je n'ai pas été honnête, je le reconnais... mais j'ai du mal à accepter que des gens iront voir ton film, en se disant que le personnage qui est censé me ressembler est une salope. Parce-que c'est ce qu'ils vont penser et tu le sais, mais bon, tu ne m'as pas crédité au générique, donc ça va. Dis-je, en levant les yeux en l'air.

— J'aurais pu, ça t'aurais au moins fait de la pub.

J'esquisse un léger sourire et il se détend un peu.

— On ne peut pas revenir sur le passé. Dis-je radoucie.

— Je ne veux pas que tu me déteste. Parce-que moi, je ne te déteste pas. Tu es une femme... à vrai dire les mots me manque pour te décrire. Disons... que tu en vaux la peine. Quand nous étions amis, être avec toi était si apaisant, il suffisait que tu sois là pour que je me sente bien. Peut-être aurions-nous dû rester dans ce type de relation ?

— Peut-être mais, si tu attends que je dise que je regrette, je ne le dirai pas ! Je ne regrette pas d'avoir été avec toi, bien que mon coeur ai été tiraillé. Je t'ai aimé... à ma façon. Je n'aurais jamais pu partager une quelconque intimité avec toi, si je ne t'aimais pas. Lui avouais-je.

— Ce que tu me dis, me fait du bien. Je sais que ça prendra du temps, mais essaye de me pardonner ? Au moins juste un peu... il n'est pas bon de t'avoir comme ennemi, surtout dans cette ville. Dit-il, en me faisant un clin d'oeil.

— Stefan t'a dit que nous travaillons ensemble à présent ? Dis-je pour changer de sujet.

Timeline, hein ? Vous chercher de nouveaux projets ?

— Tu en a à me proposer ?

— Ça se pourrait...

— Mais que dirait Dimmension Production? Ils nous accuseraient de t'avoir soudoyé.

— J'ai signé un contrat qui n'était pas exclusive. Tu te souviens, c'est toi qui me l'avait suggérer.

— Sache que je ne referai pas cette erreur, si tu signais ici. Dis-je amusée.

— J'ai demandé à Stefan si il voulait produire mon prochain projet. Il m'a dit qu'il ne le ferai que si tu étais d'accord. Je ne veux pas interférer dans ta relation avec lui, ni être un prétexte d'une brouille entre toi et Nathan, mais je sais que tu es une productrice extraordinaire et pouvoir travailler avec vous, ce serait la garantie d'avoir un film qui tient la route.

— Je ne peux pas répondre maintenant. Il faut que je réfléchisse. Tu es un réalisateur reconnu et apprécié, mais comme tu le dit, je n'ai pas envie de te signer à n'importe quel prix, surtout avec le passif qui est le notre.

— Je comprends. Dit-il, en se levant de la chaise.

— Tu restes combien de temps à L.A ?

— Je n'ai pas prévu de voyages pour le moment.

— Bien. Je te donnerai une réponse dans les prochains jours. J'ai ton mail, je crois ?

— Oui, tu l'as. Me répond-t-il, en me souriant timidement.

Il sort de mon bureau et je m'enfonce dans ma chaise. Réfléchissant à l'éventualité de rependre une collaboration avec lui et ce que cela signifierait pour Nathan et moi.

Strive : Ripe - T.3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant