Chapitre 29 : Renouveau

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Nous venons de déposer Bianca chez mes parents, afin de nous rendre sur la tombe de Henry. Nous sommes arrivés hier matin à New Haven et nous logeons chez Julia pendant toute la durée de notre séjour, c'est à dire une semaine. Aujourd'hui c'est au tour de mes parents de profiter de leur petite-fille pour ne pas faire de jaloux. Notre master-class aura lieu demain ainsi que la réunion des anciens élèves, dans la soirée. 

— Ils avaient hâte qu'on s'en ailles, ils nous ont presque mis à la porte. Me dit Nathan en conduisant. 

— Ils l'ont si peu, qu'ils ne cachent pas leur joie quand elle est là... ça va nous permettre d'être un peu tout les deux... Dis-je passant ma main dans ses cheveux. 

— Les fleurs sont dans le coffre ? Je ne me rappel plus si je les ai ramené... Répond-t-il, en cogitant.

— Elles sont sur la banquette arrière... Rétorquais-je. 

Avec ma grossesse et la naissance de Bianca, nous n'avons pas eu beaucoup d'occasions de nous rendre sur la tombe de son père. Je le sens un peu fébrile à l'idée d'y retourner. Il évoque souvent son souvenir depuis qu'il est père, mais je sais qu'au fond de lui, cette fêlure n'est pas tout à fait résorbée. 

Quand nous nous garons devant le cimetière. Nathan reste un moment devant le volant, regardant dans le vide. 

— Qu'est-ce-qu'il y a ? Quelque chose... 

— Chut... J'ai juste besoin d'un moment... Me coupe-t-il avec angoisse.

Je lui laisse le temps de se reprendre, puis sors de la voiture pour prendre le bouquet à l'arrière. Il sort à son tour et me prend par la main. Nous marchons doucement jusqu'à la tombe de Henry, avant de nous immobiliser devant sa pierre tombale. Il prend les fleurs dans ses mains et les pose sur le granite où d'autres bouquets sont déjà posés. Je me mets en retrait pour le laissé seul un instant avec son père, mais il tend sa main derrière lui pour que je la saisisse. J'enroule mes doigts au siens et reste à côté de lui. Nous restons ainsi un long moment, dans le silence. Il fait froid mais ce n'est pas grave, tant qu'il en aura besoin, je resterai là. Une larme coule le long de sa joue, et je ne sais pas si c'est à cause du vent qui souffle fortement ou s'il est submergé par la tristesse, je l'essuie de mon pousse et pose ma tête sur son épaule. 

— Je t'aime. Dis-je doucement. 

Il sert ma main et colle sa joue dans mes cheveux. 

— Ça me rend fou de savoir que Bianca ne le connaitra jamais... il l'aurait adorée.

— Je sais... il veille sur elle d'une autre façon ? 

— J'aurais beau lui raconter des histoires sur lui ou lui montrer des photos, ce ne sera jamais à la hauteur de l'homme qu'il était. Je n'arrive pas à apaiser ma colère à ce sujet. 

— Tu n'as pas connu tes grands-parents paternels, il me semble... et pourtant ton père n'a cessé de te raconter des histoires sur eux. Il y a même des photos d'eux chez toi. Ils n'ont pas besoin d'être là pour faire parti de ta vie. Ce sera la même chose pour Bianca. En plus, j'ai la chance de l'avoir connu, donc elle aura deux points de vue. Et puis, il y a Tim, Ély, Julia, ma mère, mon père... et les films de famille que vous avez gardés. 

— Oui... tu as raison... On rentre ? Tu vas prendre froid à force de rester là, avec moi. Dit-il, portant ma main à bouche pour l'embrasser. 

...

De retour chez Julia, nous partons à la cuisine pour nous préparer du thé chaud, quand soudain Julia apparait avec un homme d'une soixantaine d'année. Il est grand, mince les cheveux poivre et sel, et des yeux d'un vert prodigieux. Il me sourit poliment et je lui rend son sourire. 

Strive : Ripe - T.3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant