Chapitre 18 : Berlin

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La conférence de presse va commencer. Après avoir été présenté chacun notre tour, nous nous asseyons sur la table préparée pour nos échanges avec les journalistes en contrebas. Rose étant la productrice, elle est aussi présente à nos côtés. Elle est assise près de moi. C'est la première fois que nous sommes sous le feu des projecteurs en même temps et pour un projet commun. Le rêve que nous fomentions est entrain de se réaliser, et d'une façon étrange, cela semble si naturel... que j'ai peine à me dire que ce n'était pas écrit. Je regarde devant moi, ce parterre de journaliste venu du monde entier, me poser des questions sur le film que je suis venu présenter : Together. Il y a eu une diffusion ce matin pour la presse et ce soir, ce sera la véritable avant première, où cette fois-ci Rose sera à mon bras, en tant que productrice mais aussi épouse. Cette seule perspective, me fait décocher un sourire, lorsqu'un journaliste me demande, pourquoi suis-je tant obsédé par les relations humaines dans mon travail.

—  Merci pour cette question, elle avait l'air de vous titiller... Lui dis-je,amusé. 

Il me sourit, voyant ma décontraction. 

— Les relations humaines sont la clé de tout. Pour comprendre le monde, la façon dont il fonctionne, il faut explorer cela. Les hommes se sont déclarer espèce prédominante sur cette terre, alors qu'on ne cesse de démontrer que nous ne sommes pas à la hauteur... en créant des conflits, en mettant des considérations monétaires devant le respect élémentaire de la vie... mais malgré tout, je me vois comme un profond optimiste. Il y a du progrès... et je pense qu'en décryptant les mécanismes qui nous poussent à agir de certaines façons, j'arrive à avoir certaines réponses. Parce-que je suis aussi très égocentrique, je fais les films pour répondre à mes propres questions.

La salle rie à ma boutade. Rose aussi. Je pose ma main sur son genoux pour qu'elle lève la tête vers moi, et elle me fait un petit clin d'oeil. Quand arrive une question qui lui est adressé, je ronge mon frein, car elle parle de James Linklater. Elle a été productrice exécutif sur son premier long-métrage, et à présent il travaille avec nous. On me compare à lui et on demande à Rose d'énumérer nos différences et qualités.

— Je ne dirais pas qu'ils se ressemblent... James Linklater veut résoudre des équations, je le considérerai comme un scientifique... alors que Nathan Davis souhaite explorer, sans vraiment donner de réponses définitives... James prend beaucoup de temps entre ces films pour étudier, rencontrer des personnes qui pourraient l'aider à pousser son sujet... alors qu'en travaillant avec Nathan, j'ai eu le sentiment qu'il y avait une envie de faire exploser les idées reçues. Je me sens extrêmement chanceuse d'avoir l'opportunité de travailler avec des gens qui ont des envies de cinéma différentes et avec autant d'ambitions. Dit-elle, sereinement.

Voilà qui est dit avec classe. J'aurais beau faire le pitre, je n'aurais jamais son élégance quand elle construit son propos... mais c'est ma femme, donc je peux profiter de ses lumières.

...

— Est-ce-que tu veux bien m'attacher ma robe ? Dit-elle, devant le miroir.

Je sors de la salle de bain et monte la fermeture éclaire sur son dos. Le maquilleur et la coiffeuse viennent de partir de notre chambre et je suis déjà prêt depuis un moment. Elle est sublime comme toujours, mais là, elle a un petit quelque chose en plus. Elle fait très... célébrité.

— Maintenant tu ressembles vraiment aux filles qu'on voit dans les magazines. Dis-je passant mes bras autour d'elle.

— Ça te dérange ? 

— Oui et non... je ne veux pas qu'on fantasme sur toi, c'est tout car si je tombais sur une photos de toi sans te connaitre, c'est ce que je ferai. 

— Je pourrais dire la même chose... tu es un réalisateur en vogue, et peut-être que ce soir, tu deviendras une star et qu'adviendra-t-il de moi quand toutes ces actrices te feront des avances ? Dit-elle se retournant vers moi pour m'enlacer.

— Et bien, elles seront déçues de constatées qu'elles ne peuvent rien m'offrir que tu ne m'offres déjà... voir plus encore... 

— Bonne réponse. Dit-elle, avant de m'embrasser.

...

Ma main fermement accroché autour de sa taille, je pose devant les photographes. Je souris timidement à ses côtés, impressionné par tout ces flashs qui m'aveuglent presque.

— Tout vas bien, je suis là... Soufflais-je à son oreille.

Elle expire bruyamment pour se détendre et continue de poser avec plus de décontraction. Heureusement, ça ne dure pas une éternité, car nous sommes dirigé à l'intérieur de la salle afin de commencer la projection. Quand nous pénétrons à l'intérieur, la salle applaudit notre arrivée. Cela me ramène quelques temps en arrière lorsque James avait été à ma place à Toronto. Seulement lui, il était seul... Nous  nous asseyons et les lumières s'éteignent pour laisser place au cinéma.

J'ai déjà vu le film plusieurs fois. Lorsque je le montait, j'ai pu avoir une première version, que j'ai changé car je ne la trouvait pas assez complète... comme à j'aime le dire. Mais sur ce grand écran, j'ai l'impression de le voir pour la première fois. Je sens sa main se poser sur la mienne et je me tourne vers elle pour la regarder quelques instants. Elle est concentrée sur le film mais guide mon poignet jusqu'à sa bouche pour y déposer un baiser.

Quand les lumières se rallument. C'est une standing ovation qui m'attend. Pendant plusieurs minutes, des personnes que nous ne connaissons pas m'applaudissent à tout rompre. Je les remercie, gêné et ému. Les acteurs s'avancent vers moi et me prenne dans leurs bras pour me remercier. Je leur rends leurs étreintes. J'ai l'impressions que le film se poursuit devant moi, tant cette scène semble irréelle.

...

L'émotion de l'avant première étant retomber, nous nous retrouvons deux jours plus tard au palais du festival. C'est en ce lieu que la cérémonie des récompenses se déroule. Nous avons été invités à resté sur place dans l'hypothèse qu'un prix l'équipe du film et moi. C'est ce qu'ils disent quand vous avez gagné quelque chose, mais qu'ils ne peuvent révéler quoi.

Plus nous avançons dans la soirée, plus les prix prestigieux commencent à être distribués. Jusqu'à constaté que l'Ours d'or, récompense suprême, n'est toujours pas remis, alors que tout les films ont été récompensés sauf Together. Je n'ose comprendre que ce prix est peut-être le notre. C'est seulement quand j'entends le titre du film sorti d'une enveloppe, que j'exulte de joie, eu même titre que mon femme et l'équipe du film. Je me lève et la tire par la main pour qu'elle monte sur scène avec moi. Elle n'a pas d'autre choix que de me suivre. On me remet le trophée, que j'accepte avec joie et attends que tout le monde soit sur scène pour commencer mon discours.

— Merci ! Je... Merci au jury d'avoir aimer ce film et de lui avoir remis la récompense ultime de ce festival. Les acteurs ici présent, sont les artisans de ce succès. Je voudrais les remercier de m'avoir fait confiance. À tout les techniciens, mais aussi monteurs qui ont participé à l'élaboration de cette histoire... merci. Et à ma femme, mon producteur, ma muse... je ne serais pas le quart de ce que je suis, si je ne l'avais pas à mes côtés. Alors merci à toi de me supporter et de faire en sorte que je me sente bien dans ce que je fais. Merci beaucoup. Dis-je, n'arrivant pas à y croire.

Quand nous sortons de scène, et atteignons les coulisses, je tire Rose à moi pour l'embrasser avec avidité.

— J'arrive pas à y croire Rose ! On l'a fait ! On a fait un film ensemble... Dis-je, sans le réalisé.

— C'est bien le titre de ton chef d'oeuvre, non ? 

Strive : Ripe - T.3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant