Partie 11

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« THIARRA, THIARRA ». J'entends mon nom. On m'appelle. Mais je n'ai aucune envie de me retourner. Peut-être que même c'est mon esprit qui me joue des tours. Il me lâche lui aussi. « THIARRA, FAIS ATTENTION ». « THIARRA, ARRETES-TOI S'IL TE PLAIT ». Les voix se rapprochent, mais je n'y prête pas attention. A quoi cela servirait de toute façon ? Je n'ai plus aucune attention à accorder à quoi que ce soit ou à qui que ce soit. Tout ce qui m'importe c'est d'avancer. Je ne vois pas et je ne sais pas où je vais. Je ne fais que marcher.

Dans la peau de Saly

Fatima et moi nous mettons à crier jusqu'à rompre nos cordes vocales, ce qui n'empêche pas Thiarra de foncer vers le danger. Dans quelques secondes, elle se retrouvera au beau milieu de l'autoroute, peut-être en sang grièvement blessée ou le corps inerte, terrassée par l'un de ces bêtes aveugles à l'allure de guépard. Non je ne devrais pas penser à ça, cela n'arrivera pas. Nous allons la rattraper à temps, plus que quelques mètres. Je ne sens plus mes pieds mais plus que dix mètres. Dix mètres contre quelques secondes, arriverons-nous à temps ?

Moi : THIARRA, ARRETE-TOI S'IL TE PLAIT. THIARRA, NE NOUS FAIS PAS CA.

Fatima : JE T'EN PRIE, FIFF, REVIENS NOUS.

Moi : HEY ARRETEZ-LA S'IL VOUS PLAIT. ELLE VA SE SUICIDER.

Ces gens, au lieu de nous aider, nous regardent bizarrement, comme si nous disons des charabias. Je vois le pied de Thiarra prêt à atterrir sur le béton dur de la chaussée. Mes yeux sont flous, ma vision est noyée par les larmes. Tout est perdu, je ne pourrai pas la sauver, une camionnette fonce droit sur elle. Cinq secondes avant le choc ! Le temps me semble ralenti, on dirait qu'il s'agit de siècles. Et pourtant mes jambes refusent d'avancer plus vite, la distance nous séparant de Thiarra ressemble à des années-lumière, on dirait que tout est stoppé, tout est au ralenti. Je vois nos vies défiler en ces cinq petites secondes. Le visage de Thiarra m'apparaît clairement, malgré les torrents de larmes qui emplissent ma vue. Elle me sourit en guise d'adieu. NON, il faut que je me réveille, c'est impossible. C'est sûrement un cauchemar.

... : BOM

Moi : NOOONNN

Je tombe, laissant la terre m'attirer à elle, sans aucune résistance. Je n'ai plus de force, je baisse les yeux, de peur de voir l'image fatale. J'entends des hurlements ce qui ne me fait pas pour autant lever la tête. Médecin après la mort ! Ils auraient dû nous écouter quand nous leur crions de l'arrêter, pas après. C'est trop tard, Thiarra est sûrement blessée ou peut-être morte.

Moi : non, non

Je voudrais vérifier, mais je n'ai pas le courage de lever la tête, de peur de voir l'image fatale. Cette image qui vous suit comme votre ombre, vous hante dans l'obscurité et perturbe votre sommeil, transformant tous vos rêves en cauchemars. Non je ne pourrais pas la voir, pas là maintenant. Je ne pourrais pas voir mon tiers à terre.

Fatima : Al Hamdoulillah, ils sont arrivés à temps. Saly j'ai cru la perdre, je croyais qu'on l'avait perdu, que nous ne la reverrons plus jamais.

Quoi ? Je regarde mon amie qui me rejoint au sol et me prend dans ses bras, déversant des larmes de soulagement sur mon épaule. Cela m'a pris une minute pour réellement entendre ce qu'elle venait de dire. Je m'empresse de regarder en direction de l'autoroute. Je n'y crois pas, elle est là, en chair et en os, sans la moindre tâche de sang.

Moi : Elle est saine et sauve, elle n'a rien.

Fatima : OUI, ses frères, ce sont des cons, snif, mais ils sont quand même arrivés à temps, haha.

Nous nous serrons encore, pleurant l'une contre l'autre. Une autre paire de main vient s'ajouter à notre étreinte.

Thiarra : Je suis désolé.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 24, 2019 ⏰

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Mon mariage forcé avec mon ennemiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant