Cache-cache

Cercueil

Le téléphone était désormais raccroché et Mary avait presque envie de sourire. Bien entendu, j'exagère ces traits. Qui voudrait sourire lorsque sa fille est kidnappée par un mystérieux psychopathe et que son mari est décédé dans ses bras? Voilà, la vérité est rétablie. Pour récupérer sa fille, elle n'avait qu'à dire aux ouvriers chargés de construire dans leur jardin de quitter le chantier.

C'était simple, trop simple. Elle agit et décommanda les ouvriers sans aucun problèmes. Imaginait-elle seulement que les ennuis n'étaient pas prêts de se terminer pour elle?

Elle prit quelques minutes pour souffler. Son visage avait changé, une infime partie de sa beauté naturelle avait disparu, laissant place à de grosses cernes sous ses yeux ronds et à une petite tâche de sang séché de Peter sur sa joue blanche. Elle plongea sa tête au creux de ses mains et pensa. Elle pensa très fort. Elle avait l'air sûre d'elle-même. Oui c'était certain. Désormais elle savait qui était cet homme. Comment avait elle ou ne pas y penser plus tôt ? Elle enleva les mains de ses yeux et d'un air déterminé elle leva la tête avec une esquisse de sourire qu'elle perdit sur-le-champ. Encore une fois, comment maintenir un large sourire lorsque tout va mal ?

Elle leva la tête et aperçut de drôles de chaussures, une contremarque de Timberland orangées voire marron. En remontant sa tête, elle observa un jean noir qu'elle trouvait très sale. Sa veste, qui encadrait un tee-shirt gris délavé, était orangée. Son menton, mal rasé, faisait place à un grand sourire blanc et ses grands yeux marrons planaient sur ses cernes. Mary fut bloquée de panique et resta là, un moment, à contempler sa tête. Immobilisée par la peur. Abrutie par la haine. L'homme sortit doucement une arme de sa poche, un Beretta Cheetah pour être précis. Et c'est au moment où Mary reconnut cette arme qu'elle se souvint.

"Smith c'est toi ?... demanda-t-elle de sa petite voix fluette alors qu'elle connaissait déjà la réponse,

- Tu en as mis du temps à comprendre Mary. C'est bien moi Mary, je suis l'homme que tu as détruit.

- Je ne te comprends pas, c'est toi qui as quitté le MI-6 pourtant. Adam Smith, tu étais leur meilleur agent, rétorqua-t-elle,

- Je l'ai quitté car je ne supportais plus de te voir. Tu devrais le savoir. On devait faire comme si de rien n'était.. Mais qu'est-ce que ça t'as fais de tuer notre fille ?

- Écoute je suis passé à autre chose, tout cela est bien loin maintenant. Tu es chez moi, dans mon nouveau foyer avec la famille que j'ai fondée et tu..

- Rectification Mary, pour être une famille complète, il faut être une mère, un père et pourquoi pas un enfant... Comptes bien ce qu'il te reste".

L'homme ricana, en tenant en ligne de mir le crâne de Mary, prêt à pousser la gâchette si elle tentait tout geste de révolte. Le bout du canon encore chaud brûlait la peau innocente de la jolie brune qui tremblait de tous ses membres.

"Qu'as tu fais de ma fille ?

- Son temps lui est compté, alors tu vas faire exactement tout ce que je te dis et tu attendras que je sois parti pour te mettre à sa recherche. Tu feras comme moi Mary : tu repartiras de 0.

- Dites-moi ce que je dois faire!" cria Mary, en larmes. Son nez coulait tout seul, elle était dans un état second.

Elle suivit les instructions de l'homme qui la tenait en joue et appela la police. Elle avoua avoir abattu son mari. Elle raccrocha dans la foulée. Adam la regardait et lui caressait la joue en souriant.

"Tu n'as pas changé Mary... Tu es toujours aussi naïve. Tu trouveras ta fille dans un endroit où elle reposera en paix. J'espère ne pas avoir à te retrouver. À vrai dire, il est possible que je t'aime encore, mais qu'importe !"

Et il partit en embrassant la joue de Mary, le seuil de la porte franchit, il rangea son arme tout en laissant retentir un ultime ricanement infâme.

Le temps de Mary était compté. La police était susceptible d'arriver d'un moment à un autre et sa fille était toujours portée disparue. Cette dernière ne pouvant "reposer en paix", ne pouvait se trouver qu'au cimetière.

Elle réfléchit dans la panique, elle courut jusqu'à sa voiture quand elle se souvint. Sa main touchait le volant de la voiture mais sa tête se tourna vers sa maison. Elle enleva sa main subitement et se dirigea vers le lieu où les travaux avaient débuté. Elle s'était en réalité souvenue de la terre sous les chaussures d'Adam, de son gilet sale et du coup de fil aux ouvriers. Tout s'éclairait enfin.

Un tas de terre fraîche avait été placé au fond du trou. Un cercueil y avait été déposé, enseveli par une large couche de cette terre de couleur ocre. Elle s'empressa de descendre dans la fosse en hurlant le nom de sa petite protégée.

"Jessy ! Tu m'entends ?!"

Pas de réponse. Alors il fallait agir vite. Les pelles et les pioches des ouvriers n'étaient malheureusement pas à portée de vue et Mary grattait la large couche de terre avec ses (anciennement) belles mains blanches.

"Jessy tient bon ma chérie !"

Rien.

L'espoir se faisait de plus en plus ridicule.

Sa fille allait périr dans la même journée que son mari.

"Maman, vite je manque d'air !" cria la petite fille.

Cette course-contre-la-montre était hallucinante. Les forces de Mary furent décuplées lorsque la voix de Jessy retentit. La cadence de ses mouvements était presque rendue esthétique. Ses bras s'allongeaient de plus en plus loin et la terre volait de plus en plus haut. Les ongles de Mary touchèrent enfin comme des griffes le linceul du cercueil abritant sa fille. Elle le detera en un rien de temps et l'ouvrit avec ses dernières forces.

Mais sa fille était décédée. Je pense que si sa fille était réellement décédée, je n'aurais même pas pris la peine de vous raconter l'histoire incroyable de la famille Hollins.

"Maman !" cria Jessy en lui sautant dans les bras, les yeux fermés, à cause de la lumière trop intense.

Au fond, Mary n'avait pas tout perdu. Elle s'empressa de mettre Jessy dans la voiture et elles quittèrent la petite ville et cette maison où se trouvait le cadavre de Peter, quittant ainsi leur si beau passé. Le futur s'annonçait désormais très sombre.