Retrouvailles

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Il existe des moments inattendus dans la vie. Des moments ayants le don de vous rassurer et de vous effrayer à la fois. Voir un fantôme est impossible, pourtant Mary venait d'entendre une voix qu'elle connaissait dans la bouche d'un homme qu'elle n'avait pas souvenir de connaître.

"Bonsoir, s'aventura-t-elle de sa petite voix tremblante avant d'enchaîner, que venez-vous faire chez moi à une heure si tardive?

- Je viens chercher refuge pour la nuit Mary, je m'en irais à l'aube, je te le jure."

Mary fut sans dessus dessous. Comment un inconnu qui connaissait son prénom et son adresse osait-il débarquer chez elle aux alentours de 2h du matin et la tutoyer de la sorte?

"Qui êtes-vous? J'ai l'impression de vous connaitre, lança-t-elle en reculant d'un pas.

- Voyons Mary, c'est moi. Tu ne te souviens plus?

- Si je vous pose la question c'est bien que non.

- Je... Je ne suis qu'un simple voyageur et il m'a semblé vous avoir rencontré une fois dans un village voisin. Je connais votre prénom puisqu'il est indiqué sur votre boîte aux lettres.

- Je vous accorde une nuit, à 5h soyez parti."

Et l'inconnu fit un pas sec dans la maison. Puis un deuxième. Il était tard et le fait que ses chaussures pleines de boue abîmaient le sol de la maison importait peu Mary. Cette dernière hésitait entre l'effroi et la panique mais comme à son habitude, elle gérait assez bien le stress.

L'homme, comme prit de manies, remit en ordre d'un coup de main efficace ses cheveux bruns trempés. Son grand manteau noir était encore gorgé d'eau et l'entrée de la demeure fut vite transformée en pataugeoire. Il sortit une cigarette et plaça à côté d'elle, presque parallèlement, un briquet usagé.

Mary installait une couette et un oreiller sur le canapé du salon puis elle fit signe à l'homme qu'elle allait se recoucher. Ce dernier acquiesça d'un long mouvement de tête. Encore une fois, ce mouvement semblait familier à Mary.

Ses paupières étaient lourdes, son cœur battait vite, sa respiration était saccadée. C'en était à se demander qui des deux personnages du rez-de-chaussée était le plus chez lui.

L'homme, sur son canapé, souriant, alluma sa cigarette et consuma tranquillement sa vie par cet objet rempli de mort. Puis il pencha la tête en direction des escaliers et marmonna quelques choses incompréhensibles. Mary, trop endormie pour chercher une signification monta une à une les marches craquantes de l'escalier et alla se recoucher, comme si de rien n'était, comme si un mystérieux inconnu ne dormait pas à l'étage du dessous.

Elle réfléchit quand elle fut couchée, et après quelques instants, elle comprit ce qu'avait dit l'homme. Et c'est ce qui lui fit perdre le sommeil une bonne fois pour toutes.

"Je t'ai enfin retrouvée Mary."

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