Il était une fois une princesse, nommée Amaury. La belle princesse du pays des elfes, que tous courtisaient. Elle avait tout pour être heureuse. Une famille aimante, un royaume à ses pieds, une beauté rayonnante.
Amaury était belle, oui. On ne pouvait le nier. Ses longs cheveux blonds ondulaient en un flot doré, retombant jusqu'à ses hanches. Ses yeux noisette pétillaient de malice, d'énergie contenue. Elle était belle, grande, aimée. La princesse parfaite.
Ma mère.
Ma mère, je ne sais pas si je l'aime ou si je la hais. Ces sentiments contradictoires, qui m'envahissent dès que je la vois, sont la base de ma vie. Je me suis construit dessus, me raccrochant à eux, lorsque je sentais que j'allais tomber.
Ma mère, je lui en veux. Elle aurait pu m'aimer. Si elle avait été moins égoïste, j'aurais pu être heureux.
Amaury représente tout ce dont je rêve et que je n'aurai jamais. Longtemps, son bonheur a été parfait. On lui pardonnait son égoïsme, ses sautes d'humeur, son caractère capricieux et enfantin. On espérait surtout que, en tant que seule héritière du trône du pays elfique, et étant incapable de gouverner de part son immaturité, elle enfanterait d'un descendant qui pourrait assumer un jour la charge de roi ou reine.
C'est à ce moment-là que mon père est arrivé. Et que tout a dérapé.
Jay, c'était le genre de Don Juan qui fait craquer les princesses. Et Amaury, en grande romantique, n'y a pas échappé.
La jeune femme tombait amoureuse de tous les hommes qu'elle rencontrait, avant de passer à un autre avec une insouciance déconcertante. Elle brisait les cœurs sans s'en rendre compte, alors qu'elle était prête à fondre en larmes chaque fois que celui qu'elle courtisait la quittait des yeux une seconde. Elle aimait passionnément, mais seulement pendant quelques instants.
Amaury était d'une légèreté enfantine, presque anormale.
Jay venait de nulle part. Ce sorcier ténébreux, enveloppée d'une aura de mystère, a croisé le regard de ma mère lors d'une réception au palais. Et Amaury est tombée amoureuse.
Elle l'a alors suivi, harcelé dans tout le palais, se comportant comme une enfant capricieuse et hystérique. Ses parents, les sages Audran et Loena, souverains de ce pays, ont tout fait pour l'en dissuader. Ils n'avaient pas confiance en cet étranger tombé du ciel, cet homme mystérieux et trop parfait.
Amaury ne les a pas écoutés, bien sûr. Et quelques jours après, Jay et elle se sont retrouvés en secret dans sa chambre. Ce n'était ni sa première fois, ni sa dernière, et ses parents n'en auraient sûrement rien su si elle n'était pas tombée enceinte.
Dès qu'ils ont vu le ventre de leur fille s'arrondir, Audran et Loena ont compris. Et ils ont eu peur. Le château a été fermé tandis que les gardes essayaient de retrouver Jay pour le jeter en prison.
Ce qui n'était pas nécessaire puisque le sorcier était déjà parti.
Ce fut un choc pour la princesse. Elle avait plus l'habitude de briser les cœurs que d'avoir le cœur brisé. A partir de ce moment, Amaury se renferma sur elle-même, stoppant ses innombrables conquêtes. Devenue l'ombre de la joyeuse jeune femme qu'elle était autrefois, elle concentra sa haine sur le bébé qui allait naître, la source de tous ses malheurs.
Si bien que lorsque je naquis, au prix de nombreuses heures de souffrance, elle se mit à hurler de rage. Qu'on noie cet enfant ! Qu'on le pende ! Qu'on l'abandonne aux loups, qu'on en fasse ce qu'on voulait, mais elle ne voulait même pas le voir, ne serait-ce qu'une seconde !
On n'osa pas me tuer, mais on se débarrassa de moi, dans la plus grande discrétion. La version officielle fut que j'étais mort-né.
Et la princesse reprit sa vie.
Mais elle était différente. Plus grave, moins souriante. Comme une ombre incrustée en elle. Malgré les demandes incessantes de ses nombreux prétendants, elle ne parla plus aux hommes, encore blessée par l'abandon de Jay.
Quelques années plus tard, ses parents la marièrent sans lui demander son avis à un noble nommé Khio. C'était un homme bon, sensible et doux. Au fil du temps, Amaury apprit à l'aimer. Elle retrouva sa joie d'avant, mais avec la maturité qui lui faisait défaut. Et elle eut un fils.
Cedro, le tant attendu héritier des elfes.
Et bien sûr, à la fin, comme dans tous les contes de princesse, tout est bien qui finit bien.
Enfin... sauf pour moi.
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Les Origines : Ylan
FantasyCe jour-là, tout en moi est mort. Cette haine qui m'avait servi de pilier, cette jalousie sur laquelle je m'étais construit, cette rancœur qui me maintenait en vie, tout a disparu au moment où mes pulsions ont pris le dessus. A ce moment-là, Ylan es...