Chapitre 8 : Punition

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     Il fallait absolument que je parle à Hector.

    J'étais totalement perdu. Ce simple mot avait réussi à semer le doute dans toutes mes certitudes.

    Punition.

    Et moi qui pensais que ma vie ne pourrait pas être plus compliquée...

    Punition. J'étais certain, absolument certain que ce mot me désignait. La punition d'Hector, c'était moi.

    Mais pourquoi ?

    Selon la discussion que j'avais entendue, Hector me détestait. Parce que j'étais sa punition. C'était ridicule. Complètement ridicule. C'était lui qui m'avait tout appris. Et même si je l'avais vaincu, il ne pouvait tout de même pas me détester pour cela... non ?

    D'un autre côté, cela aurait expliqué son attitude froide à mon égard. Tous ces mots durs, cet entraînement si difficile qu'il m'infligeait... Je pensais que c'était dans sa nature. Qu'il était comme ça avec tout le monde. Qu'il voulait simplement que je donne le meilleur de moi-même.

    En vérité... il me détestait simplement.

    Je me trouvais à présent devant la porte de sa chambre, que je reconnus en levant les yeux. Aussitôt, une montée d'adrénaline m'envahit. Les battements de mon cœur étaient douloureux, si douloureux dans tout mon corps.

    Je levai la main pour frapper... suspendis mon geste. J'avais... peur, tellement peur de ce que j'allais découvrir.

    Je ne voulais pas qu'Hector me déteste. Il était la seule personne qui se soit vraiment souciée de moi... La seule personne à qui je pouvais me raccrocher lorsque tout allait mal.

    Toutes ces fois où je pleurais toutes les larmes de mon corps, seul dans ma chambre froide, toutes ces fois où je me demandais pour qui, pour quoi j'existais... Ma mère me croyait mort ; mes grands-parents aussi ; mon père n'était même pas au courant de mon existence. Des amis ? Je n'en avais pas. J'effrayais les autres, de part mon passé, et l'ombre menaçante de mon mentor solitaire les faisait fuir.

    Dans ces moments-là, je me raccrochais à l'idée que je comptais pour Hector. Qu'il suait sang et eau pour me permettre de devenir un vrai soldat. Que je devais me montrer à la hauteur, à sa hauteur.

    Si effectivement il me détestait... alors mon monde s'écroulerait. Et moi avec.

    La porte s'ouvrit à ce moment-là. Et Hector parut.

    D'un coup, je me sentis brusquement rapetisser de plusieurs centimètres. Il me vit, fronça les sourcils. Il avait repris cette expression neutre que je lui avais toujours connue.

   - Qu'est-ce que tu veux ?

    Pris de court, je ne sus pas quoi répondre. Ma gorge me semblait affreusement sèche tandis que mes cordes vocales n'émettaient aucun son.

    Hector eut un soupir agacé.

    - Pousse-toi.

    Je ne bougeai pas. Je le fixais simplement. Je fixais son visage qui m'avait toujours paru si familier malgré sa froideur, ses yeux distants que je connaissais si bien. Et j'avais mal, je me sentais fissuré à l'intérieur.

    Le regard d'Hector se durcit.

    - Dis-moi ce que tu veux ou dégage. J'ai autre chose à faire.

    J'avais tellement peur. Peur de lui poser la question qui aurait le pouvoir de faire s'écrouler mon monde. Les mots étaient prêts dans mon esprit, mais ils se bloquaient dans ma gorge. Un espèce de filtre, de barrage invisible les retenait, comme toujours. Sauf que cette fois-ci, c'était pire. Je commençais à avoir du mal à respirer.

Les Origines : YlanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant