Rentrée du collège, je séchai mes larmes avant d'ouvrir la porte et me dessinai un sourire sur les lèvres.
— Ta journée s'est bien passée, mon cœur ?
Éternelle question que ma mère me posait à chaque fois que je revenais, comblée par cette éternelle réponse avec un grand sourire :
— Oui !
Comme satisfaite, ses yeux noisette retournèrent à l'écran de son téléphone, me permettant de passer au plus près d'elle pour m'enfermer dans ma chambre. Le miroir placé devant moi, je pris place sur le matelas, lèvres closes, et m'observai. Du bout des doigts, je touchai mon visage criblé par l'acné, si laid d'après les autres... puis, avec une grimace, j'appuyai sur la masse informe de mon ventre : j'étais trop grosse. Pas assez grande. Cheveux trop courts. Finalement, je n'étais pas normale. Mais qu'était la « normalité » ? Un idéal vers lequel chacun convergeait ? Non, les mannequins étaient bien minces... Une moyenne de chaque cas ? Non, ces mêmes filles fines n'étaient pas moquées comme je l'étais, voire pas moquées du tout. Peut-être était-ce ce qui serait le plus sain pour mon corps ? Dans ce cas, s'ils me voulaient un corps bon, pourquoi avoir hurlé le mal à mon esprit ?
Toutes ces insultes, ces rires, ces moqueries... Pour eux, je n'étais pas une élève du collège comme les autres, ni Lys de la quatrième B : j'étais « La Grosse ». J'avais bien tenté de ne pas y prêter attention, de faire comme ce qui était lisible dans les magazines : passez au-dessus, soyez fière... mais comment le faire lorsque l'on n'était pas fière ? Comment le faire lorsque son corps était haï par son esprit ? Il n'y avait rien à faire, il fallait subir.
On disait souvent qu'il existait toujours de bonnes personnes... mais pas dans mon cas, j'étais seule contre tous. Les professeurs ne me questionnaient pas, ne voyaient pas la cohue qui s'élevait autour de moi durant chaque récréation... J'avais pensé qu'au fil des années, on me remarquerait, ou que ces personnes se lasseraient, mais c'était faux.
Étalée sur le lit, j'observais le plafond, soupirant à intervalles régulières. Continuerais-je à sourire chaque jour à ma famille ? Est-ce que je serais haïe toute ma vie ? Existait-il un moyen pour y mettre fin ?
VOUS LISEZ
12 (faux) Sourires | TERMINÉE |
General FictionLe sourire... Nous l'arborons chaque jour, à différentes personnes, pour différentes manières, mais savons-nous si chacun est vrai ? Les miens, particulièrement 12 au cours de ma vie, sont véritablement faux, mais qu'y puis-je ? L'Humain est comp...