Décidée pour une première économique et sociale, je travaillais dans la solitude les premiers jours, avant de me rendre compte que je ne pourrais échapper aux autres : les travaux personnels encadrés, obligatoirement à deux, trois, voire quatre.
Groupes directement formés, j'eus des sueurs froides en constatant que j'étais la seule sans personne après avoir regardé tout autour de moi, affolée et perdue. Paires d'yeux plantées sur moi, j'eus du mal à capter les paroles d'un brun :
— Tu n'as qu'à venir avec nous.
J'acceptai avec un petit sourire reconnaissant et m'enfuis vers la place qu'il avait laissé en évidence à côté d'une rousse. Professeurs satisfaits, ceux-là débutèrent leur présentation, et en sortant de la salle, je remerciai mes désormais partenaires de tout cœur.
Les semaines suivantes, nous travaillions sur le choix de notre projet, et à la pause, je les laissais fumer, ne voulant aucunement m'approcher de ce crève-poumon.
Pourtant, un jour, je dus les suivre car nous étions en pleine réflexion, et chaque jeudi, c'était la même histoire. L'odeur de la cigarette avait fini par ne plus me déranger ; l'humain s'accommodait à tout, visiblement.
Le jour fatal avait fini par arriver : Lukas m'avait proposé de terminer sa cigarette pour tester. Il y a un mois, j'aurais secoué la tête avec un sourire poli, mais aujourd'hui, je n'étais plus dans la même situation. Ses yeux noisette plongés dans les miens, je saisis le bout qu'il me tendait entre deux doigts et le portai à mes lèvres. Après avoir inspiré, je soufflai avec douceur, sous les yeux attentifs de mes camarades.
— Alors ?
— Merci de m'avoir fait découvrir ça.
Finissant la cigarette, nous revînmes en cours ; le goût de nicotine entre les lèvres, le nez pris par l'odeur, je restai ainsi toute la journée. La semaine suivante, même histoire ; mon esprit me rappelait que je ne devais pas encore plus m'accommoder de ce crève-poumons, mais leur regard et sourires encourageants changeaient la donne.
Finalement, je puisais dans mon argent de poche pour acheter mes propres paquets, et enfin, je rejoignis le groupe des fumeurs aux pauses, parlant et discutant. Quand je sortais, généralement accompagnée de Lukas, j'avais le grand sourire aux lèvres, alors que dans le fond, je me haïssais d'avoir cédé à ça pour sociabiliser et avoir un peu d'attention.
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12 (faux) Sourires | TERMINÉE |
Fiction généraleLe sourire... Nous l'arborons chaque jour, à différentes personnes, pour différentes manières, mais savons-nous si chacun est vrai ? Les miens, particulièrement 12 au cours de ma vie, sont véritablement faux, mais qu'y puis-je ? L'Humain est comp...