Je retrouvai une fois de plus mon meilleur ennemi, mais j'avais bien changé depuis ces dernières années. Suite à mon premier chagrin d'amour, je m'étais mise à courir – moi qui détestais ce sport – pour ne pas penser à lui à l'aide de cette souffrance physique. Les kilos avaient fini par tomber, un à un, dévoilant peu à peu un corps moins large. Finalement, je m'étais retrouvée avec quelques rondeurs, mais rien de comparable à avant. Si d'autres pouvaient encore me trouver trop enrobée, je m'y accomodais parfaitement : comme tellement d'autres choses, tout était relatif à notre vision et expériences.
Ce matin, je me préparais pour mon premier entretien : suite à mon bac d'économie obtenu avec mention, je m'étais dirigée dans la gestion, et après un master, je m'apprêtais à demander un poste de trésorier dans une start-up.
J'hésitais à me maquiller : sur la plupart des sites, il était écrit que plus nous faisions bonne et belle image, meilleures étaient nos chances d'être pris contre un concurrent à diplômes égaux. Je ne m'étais jamais vraiment pouponnée, devrais-je réellement commencer aujourd'hui alors que j'avais toujours ignoré ce détail ?
J'observai ma tenue stricte : jupe, chemisier et veste, puis jetai un œil à ma montre : si jamais je faisais un raté, j'aurais toujours le temps de laver mon visage. Je partis donc fouiller dans mes quelques affaires de beauté pour tomber sur un crayon et du rouge à lèvres assez discrets : il ne restait plus qu'à espérer que je ne me tromperais pas.
Quelques minutes de concentration plus tard durant lesquelles j'avais accordé une profonde attention à chacun de mes traits, novice artiste du visage que j'étais, je trouvai le résultat véritablement satisfaisant : pas de débordements, pas d'abus, une certaine discrétion.
Je tournais doucement en regardant par-dessus mon épaule pour observer mon reflet, une personne qui s'embellissait pour réussir, bien que cela soit contre mes principes. De nouveau face au miroir, je me mis à sourire, ayant l'air confiant et presque charmeur. J'avais tant souri par le passé que j'y croirais si je ne savais pas que je détestais ce maquillage et ces vêtements.
Prête à rejoindre l'immeuble où se trouvait ma peut-être future entreprise, je sortis et marchai lentement vers la station de métro. Je n'avais aucune envie de me trouver avec toutes ces personnes qui m'observeraient du coin de l'œil, me verraient dans cette tenue que j'aimais le moins, mais j'étais obligée.
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12 (faux) Sourires | TERMINÉE |
General FictionLe sourire... Nous l'arborons chaque jour, à différentes personnes, pour différentes manières, mais savons-nous si chacun est vrai ? Les miens, particulièrement 12 au cours de ma vie, sont véritablement faux, mais qu'y puis-je ? L'Humain est comp...