L'entrée au lycée avait été faite dans la terreur, malgré plus de liberté. C'était un nouveau monde, constitué de plus grands, et d'examens plus complexes que ce qu'on aurait pu penser, mais nous n'avions pas d'autres choix que de nous adapter.
Ce dont je m'étais rendu compte, c'était une soudaine poussée de maturité des élèves ; mais ils avaient pris l'habitude de me prendre comme martyr, et on ne changeait pas ses habitudes en un claquement de doigt. Heureusement, tous les étudiants ne me connaissaient pas ; ce fut le cas d'une fille qui n'avait pu que s'asseoir à la dernière place libre, soit à mes côtés, cela sans me jeter un quelconque regard de travers, et même avec un petit sourire.
J'avais appris qu'elle n'était pas du secteur et ne connaissait donc personne ; j'étais donc chanceuse qu'elle soit mon amie avant que d'autres me salissent encore, ayant pu la détourner de mon être.
Bien que nous n'avions pas les mêmes centres d'intérêt, je ne pouvais renier cette amie que j'avais tant espéré : j'étais un peu plus soulagée chaque jour à ses côtés. C'est pourquoi, je l'écoutais parler de cigarettes – la simple odeur me donnait la nausée – de garçons – dont des choses qui me gênaient – et évidemment de mode et de maquillage.
Un jour, une matinée où nous avions deux heures de pause, elle m'avait entraînée dans les toilettes pour filles et avait ressorti une trousse entièrement rempli de produits de beauté, dont de quoi colorer son visage.
— Je te maquille ? m'avait-elle demandé, armes en main.
— Non, merci, murmurai-je avec un petit sourire gêné.
— Tant pis pour toi !
Je l'observais alors changer son teint, peindre ses yeux, noircir ses cils, rougir ses lèvres, plus que confiante. Elle m'avait expliqué au fil de sa transformation qu'elle n'avait jamais essayé tout ça, puis m'avait demandé mon avis.
Que dire à une personne très heureuse d'un résultat alors que nous pensions à un raté complet ? Rien n'était discret, les grains de poudre visibles à l'œil nu, et c'était tout simplement laid, faute de mauvais accords de couleurs.
Elle me regardait avec de l'espoir dans les yeux, ceux-là brillants, et je n'avais pu que bredouiller avec mon plus beau sourire :
— Ça te va bien.
Sortie toute fière des toilettes, elle fut rapidement dévisagée, quelques messes basses commençant, et elle finit par comprendre que c'avait été un désastre. Rouge de honte, après un regard de travers, elle disparut pour laver son visage, et elle ne m'adressa plus jamais la parole.
Ce jour-là, j'avais compris que pour ne pas perdre ses amis, ou toute personne proche, il valait mieux dire une vérité blessant l'ego d'autrui plutôt que de leur faire entendre ce qu'ils veulent, au risque d'une désillusion totale et de blessures.
J'aurais aimé connaître cette leçon de vie avant ; peut-être aurais-je pu mieux sociabiliser avec les autres, et ne plus être seule, comme maintenant. Existait-il une autre solution ?~~~
Étant donné que les chapitres sont courts, je posterai jeudi & lundi désormais !
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12 (faux) Sourires | TERMINÉE |
General FictionLe sourire... Nous l'arborons chaque jour, à différentes personnes, pour différentes manières, mais savons-nous si chacun est vrai ? Les miens, particulièrement 12 au cours de ma vie, sont véritablement faux, mais qu'y puis-je ? L'Humain est comp...