Aveux dans l'ambulance

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Lucas serait tombé et serait inconscient ? Mais ça ne lui ressemble tellement pas  ! Il est habile et loin d'être maladroit. Il fait toujours attention à tout, il... Non, pas lui. Je sens que ma gorge se serre et que mes yeux me piquent.

— Céleste, m'appelle Oliver en posant sa main sur mon épaule, tu veux qu'on aille le voir  ?

J'acquiesce tout en passant le revers de la main sur mes joues pour dissiper mes larmes. Nous nous précipitons avec Oliver hors du gymnase en nous tenant la main. Tous nos camarades ont eu la même idée et se dirigent vers la sortie. Dès que j'aperçois le terrain de foot, je cherche hâtivement Lucas, mais ma recherche est vaine à cause du monde et de toute l'agitation. Je perçois un véhicule d'urgence sur les lieux. Au milieu de toute cette foule, je découvre enfin une personne qui pourra m'aider.

— Maël  ! hurlé-je en lâchant la main d'Oliver.

— Céleste, tu es là, m'appelle Maël en venant dans ma direction.

— Tu as vu ce qu'il s'est passé  ? Comment va-t-il  ? Où est-il  ?

— J'ai vu, souffle-t-il, Lucas a semblé absent pendant une fraction de seconde et il s'est pris un ballon dans la tête. Il a ensuite fait une mauvaise chute. Il est resté inconscient plusieurs minutes alors on a appelé les secours.

— Une absence  ? répété-je.

— Oui, ça ne lui ressemble pas. Son co-équipier l'a prévenu pour la passe, mais il était comme ailleurs et...

— Où est-il maintenant  ?

— Prêt à partir à l'hôpital, me répond-il en pointant l'ambulance.

— Quelqu'un l'accompagne ? demandé-je dans un sanglot. Tu sais qu'il n'a aucune famille ici  !

— Je comptais leur demander si je pouvais venir avec eux, mais je pense que ça ferait d'autant plus plaisir à Lucas si tu l'accompagnais.

Ça en est trop, je ne peux plus retenir mes larmes et je me surprends à pleurer comme une enfant dans les bras d'Oliver.

— Céleste, me susurre Oliver, Lucas ne peut pas être seul dans un moment pareil.

Je me décolle de son torse et il desserre doucement son étreinte. Je me plonge dans le bleu intense de ses yeux. Me conseillerait-il d'accompagner Lucas  ? Je reste un long moment à scruter le regard d'Oliver pour deviner ses pensées.

— Oli a raison, confirme Maël.

Je comprends. Ils m'encouragent tous les deux. Lucas ne peut pas se réveiller seul et sans repère. Je ravale mes larmes et lance à mes amis un sourire entendu. Je fonce à l'arrière du véhicule du samu qui allait refermer les portes.

— Mais qui êtes-vous et que faîtes-vous ici  ? me demande un ambulancier choqué par ma démarche hâtive.

Il est là. Allongé dans un brancard et totalement endormi, enfin, inconscient.

— Je suis Céleste et je suis son amie, soufflé-je tremblante en pointant Lucas.

— Mademoiselle, poursuit l'urgentiste, je comprends votre inquiétude mais si vous n'êtes pas de la famille...

— Il n'a pas de famille ici, lâché-je entre deux sanglots. Je suis son seul pilier ici, je vous en prie. Lucas ne peut pas se réveiller sans aucun repère, sans aucun visage amical. Je vous en supplie, laissez-moi au moins l'accompagner jusqu'à l'hôpital.

— Allez, laissons-la venir, intervient un autre soignant, elle a raison et elle semble beaucoup tenir à ce jeune homme.

— Merci infiniment, leur souris-je soulagée.

La gardienne Céleste - Tome 2 : DestinéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant