Les murmures de la bise

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Je me précipite à l'endroit où le portail est apparu. Nous sommes près du lycée, ainsi Lily a usé de ses pouvoirs pour créer un dôme magique pour protéger toutes les personnes aux alentours. Le déchu se tient droit devant le portail et observe les arbres environnants sans un mot. Je ressens la douce brise qui joue avec mes cheveux et me chatouille les narines. Étonnamment, l'air ambiant n'est pas lourd malgré la présence du déchu. Au contraire, l'air est frais et limite agréable, comme si la douceur du vent dominait ces lieux.

— Déchu, je suis Céleste, la gardienne, et je vais...

— Chut, me coupe sereinement le déchu.

— Comment ça chut  ? s'emporte Firey.

— Vous ne voulez pas contempler la beauté de ce lieu  ? nous demande le déchu. Ces arbres, ces fleurs, ces plantes... La nature ici est magnifique. L'air est doux et amical. Le sentez-vous  ?

— Mais qu'est-ce qu'il raconte  ? demande Watery décontenancée.

— On est là pour se battre  ! s'impatiente Firey.

— À quoi bon engager un combat quand nous en connaissons déjà l'issu, explique le damné posément.

— Et qu'elle est-elle  ? finis-je par demander.

— Ta victoire écrasante, gardienne. Je ne suis pas dupe. Je ne suis qu'un déchu de faible niveau et tu es devenue bien trop puissante. Tu maîtrises les pouvoirs de l'eau et du feu, je le sens. Je n'ai aucune chance. Je préfère m'envelopper de cette tranquillité avant de te remettre mon essence. Je sens la brise légère et forte à la fois. Le vent se lève. Mes chances sont réduites à néant.

— Que faisons-nous  ? chuchoté-je à mes amis.

— Ne prends pas un déchu en pitié  ! me réprimande le séraphin de l'eau. C'est un damné, Céleste  ! Il a sombré et il a choisi son camp depuis des lustres  !

— Mais... débuté-je.

— Je suis d'accord avec Watery, poursuit le séraphin du feu.

— Céleste, mon sort de protection ne tiendra pas éternellement, m'informe Lily.

— Très bien, assuré-je, mais je veux le faire seule.

Je m'approche du déchu pour lui faire face et sonde son regard. Ses yeux sont d'un noir profond et pourtant, je ne perçois aucune animosité.

— Tu ne les entends pas  ? me demande-t-il.

— Entendre quoi  ? le questionné-je.

— Les murmures du vent.

Je ferme les yeux et tente de me laisser enivrer par la brise. Elle fait doucement virevolter mes cheveux, ce qui a le don de me chatouiller la nuque et le front. Je la sens glisser le long de mon corps. Ma robe remue grâce à ce doux zéphyr, comme si elle se défendait contre ce mistral qui semblait vouloir jouer avec elle.

— Gardienne...

J'ouvre subitement les yeux. J'ai entendu une voix, une petite voix aussi douce et cristalline que le vent lui-même. J'ai compris.

— Je les entends, souris-je au damné.

Je respire l'air frais à plein poumons. Cet air si pur qui étouffe toutes les ondes maléfiques. J'aurai dû le réaliser avant. J'entendais de faibles chuchotements à travers la brise, mais je n'étais pas assez à l'écoute. Désormais, je comprends pourquoi le vent se lève.

Note de l'auteur: Céleste se trouve en face d'un déchu peu ordinaire. Que va-t-elle faire à présent? Et à votre avis, qu'est-ce qu'elle a compris des étranges paroles du damné ?

La gardienne Céleste - Tome 2 : DestinéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant