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Ma marche s'interrompit au niveau d'une rive, au delà de laquelle se trouvait une étendue bleue. Mon regard dériva sur le lointain.
Le ciel était d'Azur et les multiples rayons de soleil frappaient l'eau, le sol de pierres pâles et le revêtement en toile blanche des charrettes qui le parcouraient. Le chemin qui m'avait mené jusqu'ici se prolongeait sur la masse liquide : un long pont semblait relier les côtes à l'horizon. Je ne compris l'utilité de cette construction que lorsque je distinguai le profil d'une île, là où eaux et ciel se joignaient.
Les charrettes qui roulaient sur le pont gigantesque, dans un sens comme dans l'autre, étaient chargées de caisses, de ballots et de tonneaux. Les trois bateaux à voiles qui s'étaient ancré près de la rive étaient tout aussi remplis. D'autres parsemaient l'étendue liquide en de multiples points blanc au loin.
L'île, sur laquelle mon regard revint, présentait un sommet bien définie qui la faisait dominer tout le paysage.
Je baissai les yeux sur ma carte. Le fait qu'Esmerin soit représentée au milieu d'un cercle m'avait rendue perplexe au premier abord mais j'en comprenais enfin la raison. Selon la carte, la capitale se situait au milieu d'un lac - et non d'une mer comme je l'avais cru en avisant cette immensité bleue vif .
Lorsque j'étais revenue d'Ysephan, j'avais trouvé dans la ville la plus proche un logement d'Essaïn. Et à l'intérieur, cette carte et une bourse.
Je m'approchai d'un homme barbu chargeant sa charrette de sacs de farine. Ces derniers étaient à l'image des mains de l'individu : saupoudrés de blancs à force d'être manipulés. Je l'approchai et lui demandai s'il se rendait à Esmerin - et s'il pouvait m'y emmener. Je lui tendis des pièces et nous partîmes au bout de quelques minutes.
Des heures plus tard, au moment où le soleil était à son point le plus haut, la cité m'apparaissait gigantesque mais surtout irréelle. Des cascades jaillissaient du relief urbain. Les milliers de maisons ou petits immeubles semblaient s'empiler le long des pentes de l'île tant ils étaient proches. Et cette montagne d'habitations de toutes sortes était surmontée par un château albâtre dont les tours s'élevaient en flèches touchant le ciel.
Notre trajet pris fin peu après. J'avais contemplé les eaux puis Esmerin tout le long et cette parenthèse contemplative m'avait apaisé.
Mais à présent, les choses sérieuses commençaient.
***
Deux semaines et quelques jours plus tard...
Je sortis de ma résidence, une ancienne auberge que la communauté avait reprise et réaménagée en logement Essaïn.
La nuit tombait mais la cité était encore bien éclairée. Il s'ajoutait à la lumière des lampadaires et des habitations celle très légère des eaux qui sinuaient un peu partout entre les bâtiments : en effet, le ruissellement des cascades comme des rigoles présentaient un aspect luisant voire fluorescent à la nuit tombée. Mais je ne savais pas si c'était dû à l'eau en soi ou à la nature de la roche sur laquelle elle glissait.
En tout cas, cette lueur procurait au lieu où je m'étais arrêté une atmosphère magique.
C'était une petite place, paisible. À son centre, une grande horloge à énergie lunaire trônait. Je levai les yeux et lu son heure : cela allait être le moment.
Bientôt, l'horloge émit plusieurs sons de cloches et de rouages, caractéristiques d'une nouvelle heure. Je quittai la place et me dirigeai vers l'étoile du Nord.
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Chroniques d'un Passeur de Mondes (M/M)
FantasiaAerrel est un jeune passeur de mondes, un "Essaïn". Son devoir est de voyager de territoires en territoires, et tous lui font vivre de fascinantes - mais éreintantes - expériences. Pour cela, il doit éviter d'attirer l'attention de quiconque... Sva...