Chapitre onze

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-Où est Nuïtt ? demanda Rustik en sondant le ciel à la recherche d'une tâche grise, en vain.

Krochefer poussa une plainte inquiète et renifla l'air pour tenter de relever l'odeur du dragon, sans plus de succès que son dragonnier.

-On doit vraiment l'attendre ? s'assura Dagur, les bras croisés. Au pire, on débarque et on détruit tout.

A ses côtés, Ombretueur remua la queue, semblant plus que partant pour cette perspective.

-Non, Harold a été catégorique, répliqua Rustik. Nuïtt est notre signal. On peut y aller quand il revient sans la clé. Mais il est déjà censé être de retour depuis une heure.

-On l'attend encore une demi-heure, dit Dagur.

-Et après ?

-S'il revient pas, on fonce dans le tas, en mode Parenvrille.

Rustik se mit à espérer deux fois plus que le petit dragon revienne. Même s'il ne l'avouait pas, le plan d'Harold était extraordinairement bien réfléchi et tout coïncidait parfaitement. Si Nuïtt ne revenait pas, c'était qu'il y avait un problème.

•••

Harold, Astrid et Brand furent réveillés brutalement par le bruit assourdissant de métal frappé contre les barreaux des cellules. Harold se braqua immédiatement et guida Astrid en arrière quand il reconnut Viggo. Mais il se figea quand il identifia ce que le chef des chasseurs avait plaqué contre les barreaux, les réveillant en sursaut.

Il s'agissait d'une petite cage, à l'intérieur de laquelle un petit dragon gris était endormi.

-Nuïtt, souffla Harold, échangeant un regard affolé avec Brand qui avait lui-aussi reconnu le dragon.

-Je dois dire qu'un complice dragon était une idée brillante Harold, commença Viggo. Mais vois-tu, les Terreurs Nocturnes sont des dragons vulnérables quand ils sont seuls. Leurs écailles sombres ne font pas tout.

-Relâche-le, ordonna Harold. Tu n'as pas le droit de blesser un complice.

-Je sais, c'est le complice lui-même qui a le droit de vie ou de mort sur sa personne, confirma Viggo. Je ne vais pas lui faire de mal. En revanche, tu dois à présent t'avouer vaincu. T'approprier la pièce de l'usurpateur était un coup spectaculaire mais une fois démasqué, l'usurpateur ne peut plus rien. Tous les coups ne te sont plus permis Harold, te voilà simple otage. Tu as perdu.

Harold ne répondit rien. Il ne pensait vraiment pas que Viggo allait découvrir la nature de son plan aussi facilement. Lorsqu'il avait cherché dans le plateau de jeu de son père, des jours plus tôt, il avait trouvé cette pièce, l'usurpateur, qu'il avait oublié. Celui qui possédait la pièce de l'usurpateur pouvait se faire passer pour une autre pièce, mentir aux autres, sans pour autant récolter les inconvénients que la pièce dont il prenait l'apparence amenait. L'usurpateur avait droit à tous les coups, rien ne lui était interdit. Mais il lui fallait agir discrètement, sous peine d'être démasqué. Une fois révélé au grand jour, l'usurpateur ne pouvait plus rien, étant immédiatement rétrogradé au rang d'otage par celui qui l'avait découvert.

-Et puisque tu es maintenant un otage, poursuivit Viggo. Tu ne peux pas m'empêcher de faire ceci.

Il fit un mouvement de tête aux deux gardes qui obéirent sans discuter. Le premier ouvrit la cellule retenant Harold et Astrid. Le brun écarquilla les yeux et se leva immédiatement, entraînant la jeune fille avec lui, se plaçant devant elle.

-Tu n'as pas le droit de faire ça, dit-il à Viggo.

-J'ai tous les droits et tu le sais, répliqua le marchand.

Des Masses et des GriffesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant