Chapitre sept

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-Voilà Chef, on a fini la lettre, dit le chasseur en tendant le morceau de parchemin au capitaine du navire.

-Parfait, répondit le capitaine en s'emparant de la lettre.

Il prit son arc dans son dos et encocha une flèche, autour de laquelle il avait enroulé le message. Ces maudits dragonniers volaient encore autour de l'avant-poste et il n'avait aucun doute quant au fait qu'ils essayaient de trouver un moyen de libérer leur leader. Il visa rapidement et lâcha la flèche, qui filait vers les dragons dans le ciel.

Sonnovent fixa son regard sur le projectile arrivant à toute vitesse et quand la flèche passa près d'elle, l'attrapa au vol d'un mouvement vif de la queue. Elle fit bien attention à ne pas abîmer le message et plia sa souple colonne vertébrale pour le remettre à Ingrid, sur son dos. La jeune fille prit le parchemin et Sonnovent brisa la flèche en serrant un peu plus sa queue autour du morceau de bois et laissa tomber les morceaux dans l'océan sous elle.

Ingrid déroula la missive et lut rapidement.

Si vous attaquez ou restez encore par ici, on tuera votre chef, vous avez ma parole.

Elle hocha la tête vers Rustik et les jumeaux.

-Ok, on a ce qu'on voulait, on repart, dit-elle.

Ingrid sauta au sol sur le rocher et marcha jusqu'à Krokmou qui se remettait lentement de son infection à la racine de dragon grâce à l'antidote que Dagur avait confié à Rustik.

-Aller Krokmou, faut partir, dit-elle au dragon.

Krokmou protesta et tourna la tête vers le bateau où Harold était retenu prisonnier en poussant une longue plainte.

-Non, tu sais qu'on doit le laisser, ne t'inquiète pas, il s'en sortira, promit Ingrid. Mais si on reste plus longtemps, le plan risque d'échouer et la vie d'Harold sera en danger.

Krokmou finit par se résigner et Ingrid grimpa sur son dos, actionna le mécanisme de son aileron et le dragon, bien à contrecœur, décolla pour rejoindre Beurk.

•••

Harold roula sur le sol alors que le chasseur peu délicat le jetait dans une cale, sous le pont du bateau. Il se redressa tant bien que mal avec ses mains liées et envoya un regard noir au chasseur qui ferma la porte à clé et repartit en ricanant.

Harold analysa rapidement sa situation. Il était prisonnier dans une cale de bateau, les mains liées devant lui et absolument aucun moyen de sortir. Il sursauta en entendant un grondement devant lui et vit qu'un dragon Vipère, enfermé dans la cage d'en face, le fixait à travers les barreaux d'un air mauvais et lui grognait méchamment dessus. Sa queue était emprisonnée dans des chaînes et empêchait le dragon de lancer ses épines, pourtant, Harold pouvait voir que le Vipère tirait de toutes ses forces sur les chaînes à l'épreuve des dragons pour parvenir à lancer ne serait-ce qu'une épine dans sa direction, en vain. Sa gueule était muselée et tout ce qu'il pouvait faire était gronder.

Harold s'adoucit en voyant le Vipère et soupira, allant s'asseoir au fond de sa cage. Ces chasseurs rendaient les dragons fous. Ils leur apprenaient à avoir peur des humains, à ne plus faire la distinction entre ceux qui leur voulaient du mal et ceux qui leur voulaient du bien. Il devait mettre fin à tout ça. Mais avant, son devoir était de gagner cette immense partie des Masses et des Griffes et de libérer les otages.

Il entendit les chasseurs s'agiter sur le pont et une odeur âcre lui emplit bientôt les narines. Ils faisaient brûler quelque chose au-dessus, pour brouiller les pistes. Tant mieux. Cela voulait dire qu'ils partaient vers Viggo.

•••

Harold passa des heures entières à attendre qu'ils atteignent leur destination. Il fixait le dragon Vipère orange devant lui, en se demandant s'il aurait la chance de le secourir. Comme des dizaines d'autres dragons, il avait besoin qu'on le sorte de là. Harold souhaitait ardemment pouvoir le libérer mais malheureusement, ce n'était pas sa mission du jour.

Des Masses et des GriffesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant