Chapitre deux

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Mon cher Harold

Permets-moi de te présenter une nouvelle pièce de ce jeu que nous jouons, des Masses et des Griffes. Il s'agit d'une pièce importante et avantageuse pour qui la détient et malheureusement pour toi, un seul des joueurs ne peut l'avoir. L'otage. Et je suis présentement en sa possession.

Rends-toi Harold Haddock, tu as perdu. Abandonne ta lutte pour tes stupides bêtes et aucun mal ne sera fait à Astrid. Si tu ne capitules pas, je ne répondrai plus de ce qu'elle subira.

L'otage est une pièce si utile et parfois si vite oubliée qu'on ne se rappelle de sa présence que lorsqu'elle entre en jeu. Ne trouves-tu pas Harold ?

Viggo Grimborn

P.S. : j'ai vu qu'elle était aveugle. Dépêche-toi de capituler Harold, sa santé mentale ne tiendra pas longtemps sans l'aide de sa vue.

Harold fixa la lettre, la lisant et la relisant encore et encore. Sa rage grandissait, toujours plus. Ce fumier avait osé prendre Astrid ! Il lâcha un cri de rage et déchira la lettre en dizaines de morceaux avant de l'envoyer au vent. Il observa la feuille déchirée s'envoler, en espérant que Viggo recevrait sa réponse.

-Harold ? fit une voix derrière lui. Qu'est-ce qui est arrivé à Tempête ?

Harold se retourna et vit Varek, penché sur la blessure de la dragonne. Il n'eut pas le cœur de lui répondre.

•••

-Harold, on doit prévenir Beurk, tempéra Varek. On ne peut pas juste se jeter dans la gueule du loup comme ça.

-C'est tellement évident que c'est un piège, fit Kranedur d'une voix nonchalante.

-Tout le monde sait que tu es fou amoureux d'Astrid, il fallait bien qu'il s'en prenne à elle à un moment ou à un autre, renchérit sa sœur.

Harold tiqua sur la dernière remarque de la Thorston mais décida de passer. De toute façon, au point où il en était, cela n'avait plus d'importance. Il se remit à user le parquet avec ses allers-retours incessants.

-On ne peut pas la laisser là-bas pendant trop longtemps, contra-t-il, répondant à Varek. Même si c'est pour établir un plan pour la faire sortir. Elle est aveugle Varek. Imagine comment elle doit se sentir.

-Raison de plus pour ne pas précipiter les choses, répliqua Varek. Si on attaque en fonçant dans le tas, elle va entendre des explosions de partout et elle va devenir complétement folle parce qu'elle ne va rien comprendre. Alors que si on réfléchit à une mission plus délicate, cela n'aura pas le même impact sur elle.

-Viggo a tout prévu, ragea Harold. Comment est-ce qu'on va pouvoir faire ?! Quoi qu'on fasse, cela aura une répercussion sur Astrid, physique ou mentale. On est coincé !

-C'est pour ça qu'on te dit de prévenir Beurk depuis tout à l'heure ! s'impatienta Rustik. Je me demande bien pourquoi tu ne l'as pas encore fait !

-Je-, commença Harold.

Mais il fut interrompu par un bruit étouffé, venant de l'extérieur. Ils échangèrent des regards étonnés. Ils n'attendaient pourtant personne. La porte d'entrée du pavillon central s'ouvrit brusquement et une silhouette fine suivie de celle d'un animal plus gros entra, avant de refermer le pavillon derrière elle. Dehors, le déluge avait repris et la personne était trempée.

-Ingrid ? s'étonna Harold alors que la jeune fille rabattait sa capuche dans son dos.

-Qu'est-ce qui se passe ici ? demanda-t-elle immédiatement d'un ton pressé et inquiet.

Des Masses et des GriffesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant