Chapitre quatorze

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Harold fixa Viggo pendant quelques secondes, pesant le pour et le contre. Finalement, il fit signe à Krokmou se reculer, faisant sourire Viggo victorieusement. Le dragon abandonna immédiatement sa posture menaçante pour adresser à Harold un regard incrédule. Il n'allait tout de même pas accepter le défi de Viggo ?!

-Harold ! s'exclama Ingrid. Je t'interdits de faire ça !

-Recule Ingrid, intima Harold, ses yeux ne quittant pas Viggo.

-Harold, tu-

La jeune Parenvrille fut stoppé par Astrid, qui posa une main sur son bras pour la calmer. Astrid avait compris que d'une façon ou d'une autre, cet affrontement aurait eu lieu. En finir aujourd'hui était la meilleure des choses à faire. Et si Harold ne s'en sortait pas...alors cela signifiait qu'il ne s'en serait pas sorti plus tard non plus. De plus, Astrid faisait confiance à Harold. Les heures qu'elle avait passé à l'entraîner au maniement de l'épée, après qu'il ait inventé son Brasier, allaient enfin payer.

Ingrid observa un instant Astrid, avant de céder et de reculer d'un pas. Krokmou en face d'eux obéit finalement à son dragonnier et s'effaça également. Toutefois, Ingrid vit très clairement les griffes du dragon s'enfoncer dans le bois du pont. Le dragon était toujours prêt à réagir.

Il régnait un silence de mort sur le vaisseau. Les deux adversaires se tournaient autour, se mesurant du regard. Tous les dragons étaient tendus comme des arcs. Ils avaient compris que si quelque chose était à mal se passer, ce serait à eux d'agir, ayant de meilleurs réflexes, une précision plus grande et la capacité de tirer de loin. Ingrid tenait sa hache dépliée dans la main gauche, et serrait le manche comme si sa vie en dépendait. Ses phalanges en étaient blanches. Les autres dragonniers n'en menaient pas plus large et tout le monde attendait fébrilement le début du combat.

L'air devint très rapidement électrique et le silence se faisait de plus en plus lourd, l'attente devenant presque insupportable. Harold avait l'intuition que Viggo faisait durer ce moment exprès, mettant à l'épreuve les nerfs de tout le monde. Un seul pas de la part des soldats d'Harold, le seul mouvement destinant à vouloir l'aider ou interrompre le combat signifierait la victoire de Viggo. Le chasseur semblait se délecter de cette tension.

Finalement, quand Harold se retrouva dos à ses amis, Viggo toujours en face de lui, le marchand se décida enfin à agir, portant le premier coup. Viggo parcourut les quelques mètres les séparant à une vitesse surprenante et fit tracer à son épée un arc devant lui d'un mouvement souple. Harold réagit automatiquement, ne devant sa vie qu'à ses réflexes. Il se baissa, la lame tranchante de son adversaire passant à quelques centimètres de ses cheveux, et ne perdit pas de temps pour se relever, allant rapidement se placer sur la droite du chasseur.

Viggo se retourna vers lui et l'attaqua de nouveau sur la droite. Harold repéra la feinte et para à gauche, les lames s'entrechoquant avec un bruit métallique. Harold dut reculer un pied pour renforcer ses appuis sous le choc. Viggo n'en avait pas l'air ainsi mais il avait beaucoup de force. De plus, son épée était incroyablement lourde et pesait sur la lame légère du brun. Toutefois, Harold réussit à repousser Viggo, qui dut reculer quand il vit les flammes de Brasier s'approcher un peu trop de son visage.

Alors que Viggo reculait, Harold en profita et se fut à son tour d'attaquer. Sa lame fut bloquée par celle de Viggo, qui avait relevé son épée au dernier moment. Harold adressa un regard noir au chasseur quand il vit l'expression suffisante de ce dernier et fut violemment repoussé vers l'arrière par Viggo. Il faillit trébucher, sa prothèse ne l'avantageant pas mais réussit à se rétablir à temps.

Harold analysa rapidement la situation. Le combat n'avait pas débuté depuis longtemps et déjà, il sentait que la différence d'expérience entre Viggo et lui était énorme et bien trop à son désavantage à son goût. Viggo n'avait pas précisé s'il réclamait un combat à mort ou non mais Harold ne doutait pas que s'il en avait l'occasion, le chasseur n'hésiterait pas, contrairement à lui. Cela faisait partie de ses faiblesses, il répugnait à ôter la vie et cela, Viggo le savait parfaitement.

Des Masses et des GriffesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant