Chapitre treize

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Harold et Krokmou parcouraient le labyrinthe des cales à toute vitesse, cherchant inlassablement la jeune blonde. Mais quand ils passèrent pour la troisième fois devant la cellule où les deux gardes étaient toujours enfermés, Harold tira sur les rênes de Krokmou pour le faire ralentir.

-Ça sert à rien mon grand, essayons autrement, dit-il. Lance des ondes.

La Furie Nocturne acquiesça d'un raclement de gorge ressemblant à s'y méprendre à un éternuement et ouvrit la gueule, les dents rétractées, avant de projeter ses ondes au travers des couloirs des cales. Dans la cellule près du dragonnier et son dragon, les deux gardes virent Krokmou fermer les yeux, se concentrant sur ce que ses oreilles sensibles captaient comme retour. Harold s'était tu, prenant soin de ne pas déranger la recherche de son ami et finalement, après une minute qui lui parut interminable, Krokmou rouvrit les yeux, se remettant brusquement en mouvement.

Le dragon s'élança sans prévenir dans les couloirs, sans hésiter une seconde sur la direction à prendre. Harold soupçonnait Viggo d'avoir bâti ce vaisseau en labyrinthe dans le seul but de le perdre lui. Le chasseur n'avait sûrement pas compté sur la présence de Krokmou et de son sonar.

La Furie Nocturne courut à travers les cellules avant de ralentir, se sentant près du but. Harold et Krokmou étaient parvenus à une partie plus sombre des cales. Les cellules semblaient plus petites et à la place des barreaux se trouvaient des portes de métal épais. Harold descendit du dos de son dragon et fouilla dans les sacoches, avant d'afficher un sourire victorieux quand il trouva ce qu'il cherchait. Ingrid était vraiment extraordinaire. Harold se doutait que Krokmou avait fait tout un cirque pour venir avec eux et Ingrid avait visiblement cédé, contrôlant très certainement l'aileron du dragon pendant que Sonnovent volait seule à ses côtés. Mais non seulement elle avait autorisé Krokmou à venir mais elle avait aussi pensé à remplir les sacoches du dragon avec ce qu'elle savait qu'Harold y rangeait d'ordinaire. Ce qui incluait Brasier.

Le jeune homme brandit son épée dans le noir et l'enflamma. La lueur orangée du feu projeta des ombres menaçantes dans le couloir et Harold avança, observant les réactions de son dragon alors que Krokmou reniflait chaque porte, à la recherche de l'odeur familière d'Astrid. Harold eut une pensée ironique en se disant que ces derniers jours, Astrid avait dû prendre un peu de son odeur à lui aussi. Mais c'était un avantage à présent. Krokmou la repérerait d'autant plus vite.

Comme pour confirmer les pensées du brun, le dragon se mit à s'agiter devant une porte de métal, alors qu'ils avaient parcouru une dizaine de mètres dans le couloir. Il gratta à la porte et poussa des grognements pressés.

Harold s'approcha de la porte et confia son épée à son dragon aux écailles à l'épreuve du feu, pour essayer d'ouvrir la porte, qui se fermait grâce à une manivelle de la forme d'une barre de bateau. Malheureusement, la barre semblait bloquée. Il fallait certainement une clé pour pouvoir l'enclencher.

-Ok Krokmou, dit Harold en reculant d'un pas, récupérant son épée. A toi d'essayer.

La Furie Nocturne camoufla un rire avant d'ouvrir la gueule, chargeant une boule de plasma. Quand il pensa la puissance suffisante, il tira sur la porte. Le choc retentit dans tout le couloir, soulevant un nuage de poussière important. Harold ferma immédiatement les yeux, toussant quelque peu, avant que son dragon ne chasse la poussière en battant des ailes comme il le pouvait dans ce petit couloir.

Quand la poussière se fut dissipée, Harold rouvrit les yeux et constata à la lueur du feu de son épée que Krokmou avait fait exploser la porte assez efficacement. Le panneau était tordu et sorti de ses gonds, reposant mort sur le sol.

Harold enjamba le métal et plissa les yeux.

-Astrid ? appela-t-il. Astrid, tu es là ?

Rien ne lui répondit mais il entendit quelqu'un remuer et son cœur manqua un battement quand il s'approcha encore, découvrant Astrid. La jeune fille avait de nouveau trouvé refuge dans un coin, la tête basse. Harold se précipita à ses côtés et posa doucement sa main sur la joue de la jeune fille, lui faisant relever le visage.

Des Masses et des GriffesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant