C h a p t e r 1

676 49 7
                                    

Aujourd'hui serait un autre jour. D'une certaine façon, je le savais. Mais je me contentai de me lever, comme à mon habitude.

Marie, ma mère adoptrice, ainsi que la directrice de l'orphelinat parlaient sérieusement au tour de la table basse de la salle à manger.

- Tiens, te voilà Ellie.

Ce n'est pas la première fois que quelqu'un se trompe sur mon nom.

- Ella. C'est Ella, mon nom.

- Mmh, peu importe. La directrice à quelque chose d'important à t'annoncer.

- Une famille d'accueille très raisonnable et chaleureuse te demande. J'ai évidemment accepté, cela me rapportera plus d'argent. Madame Walker te souhaiterait dans sa famille. Ton train est demain à dix heures.

- Très bien, je me tiendrai prête, acquiescai-je. De toutes façons, ce n'est pas comme si j'avais le choix.

- Encore heureux, que tu te tiendras prête, aboya la directrice. Bon, j'ai encore du boulot à l'orphelinat, il faut que j'y aille. Je vous revois bientôt, Marie. Au revoir, souria-t-elle, puis partit.

- Aller, tu as bien entendu, Eleanor ? Prépare tes affaires, m'ordonna Marie.

Je soupirai à l'entente du nom qu'elle m'a donné, mais heureusement elle ne l'a pas remarqué.

J'hochai la tête à contre coeur, puis remontai dans ma chambre. Et aller ! Une maison de plus, une ! Commenta mon subconscient et je l'ignorai. Mais c'était vrai. Et comme à chaque fois, j'avais peur. Peur de la famille qui m'attendait. Qui sait ? Peut-être qu'ils me mal-traiteront ?

Des centaines de questions apparaissaient dans ma tête. Je fermai mes yeux et les premières images qui me venaient en tête, étaient moi-même, jouant à la poupée.

***

Je jouais tranquillement avec ma poupée, mon seul et unique jouet, puis j'entendis mon père rentrer. À la place de courir jusqu'à lui et de lui sauter dans les bras, comme tout enfant normal, je me cachai dans mon armoire. Mais c'était le seul endroit dans ma chambre capable de me cacher, et mon père n'était pas né de la dernière pluie pour savoir que j'étais là-dedans. Il attrappa donc mon poignet et me gifla pour avoir voulu lui échapper. Et il m'allongea sur mon lit...

***

Tous les soirs il était îvre et tous les soirs j'hurlai en espérant que quelqu'un m'entende et vienne me sauver de l'emprise de mon géniteur paternel, mais personne n'avait jamais rien fait, en 2 ans. 2 ans d'enfer. Certaines personnes n'ont pas eût "la chance" de voir leur paternel partir, leur faisant du mal continuellement. Et je me dis que ma vie n'est peut-être pas si mal, par rapport à d'autres. Mais je souffrais quand même. Je souffrais de ne pas avoir eût d'enfance normal. De ne pas avoir eût de mère pour me protéger du diable en personne. Mais ce qui était fait, était fait, et ne pouvait être remplacé.

Je ne pleurai pas. J'avais trop eût la mauvaise habitude de pleurer pour mes parents, et maintenant plus aucunes larmes ne coulaient. Je n'avais tout simplement plus envie de dépenser mon énergie contre eux.

Je serrai mes points et m'effondrai sur mon lit. Je me levai finalement après quelques minutes et rassemblai mes affaires dans un grand sac. J'y mis mes quelques pulls trop grand, mais débardeur trop moulant, mes jeans troués et mes jogging ainsi que ma crème pour le visage que je m'étais achetée discrètement en allant faire les courses. Une voix me fit sortir de mes pensées.

- Tu as finit ?

- Oui Marie. Tout est prêt.

- Tant mieux. Il y a du ménage à faire dans ta chambre et tu changeras les draps de ton lit.

- Je vais m'y mettre. Vous pensez que je vais être placée dans une bonne famille ? Demandai-je, hésitante.

- Je ne sais pas et ce n'est pas mon problème. Allez, au boulot ! Tu as deux heures. Après, tu iras faire des courses. La liste est sur la table de la cuisine, déclara séchement Marie avant de partir.

Je soupirai puis commençai mon ménage. Tout devait être parfait, sinon j'allais me faire passer un savon. Et ce n'est pas exactement la chose dont j'avais besoin en ce moment. Je fis les poussières dans chaque recoins de la pièce, astiquai la vitre de ma fenêtre, et passai l'aspirateur avant la serpière.

Une fois les draps retirés, je me dirigeai vers la cuisine en attendant que le sol de ma chambre sèche pour pouvoir mettre de nouvelles couvertures. Je décidai de faire les courses pendant ce temps. Je mis donc mes chaussures, mon manteau, pris la liste de courses et partis.

***

- Aller, réveille-toi paresseuse ! Aboya durement Marie en ouvrant les volets de ma chambre, faisant un grincement qui irissait mes oreilles de bon matin. Tu prends ton train dans trente minutes !

J'ouvris difficilement mes yeux et me levai. Marie me poussa en dehors de ma chambre avec ma petite valise.

- Change-toi dans le salon, m'ordonna-t-elle. On part dans un quart d'heure.

Je me sentai sale de la veille, et je ne pouvais même pas prendre de douche. J'avais pourtant l'habitude de n'en prendre qu'une tous les quatres jours. C'était dans mes obligations et je devais juste me contenter de ça si je ne voulais pas que ce soit pire.

Je pris donc un de mes vieux jeans avec un pull trop grand pour ma petite taille, constatant que le temps dehors était glacial. J'enfilai mes petites chaussures en toiles, une veste, passai un coup de main dans mes cheveux sombres et très ondulés, puis rajoutai un bonnet et une écharpe.

Je m'asseyai dans le canapé, attendant mon accompagnatrice. Cette dernière m'accompagna jusqu'à la gare de départ, pronconça un simple "Au revoir, et bonne chance pour ta prochaine famille"  puis repartit aussi vite qu'elle fut arrivée. Je regardai mon billet puis le compostai et montai dans le train. Le trajet parût tellement long...

Je me demandai si ma nouvelle famille allait être gentille avec moi, si ils allaient s'occuper de moi... À chaque fois je me pose les même questions et pourtant, les réponses sont toujours négatives. J'avais beau rêver, je savais que mes rêves ne deviendraient jamais réalité. Cela fait maintenant plus de dix ans que j'espérais un jour d'avoir une vraie famille, des amis qui ne se servent pas de moi et qui n'aient pas pitiée de mon passé... Et peut-être même l'amour ?

J'avais eu quelques fois la possibilité de regarder la télévision, et j'avais compris ce qu'était l'amour. Deux personnes qui s'aiment, c'est tellement beau.

Mais, non, ça, je savais que je pouvais toujours espèrer.

L'interphone s'alluma, annonçant l'arrêt du train dans quelques minutes. Je me levai, pris ma valise, et attendis que le véhicule s'arrête. Une fois arrêté, je descendis, sans prendre en compte les gens qui me bousculaient de tous les côtés sans s'excuser.

J'attendis encore une fois que quelqu'un vienne me chercher, mais personne. La gare se vidait au fil des minutes et toujours rien. Je finis par mettre mes mains dans mes poches et en sortis un bout de papier. J'y remarquai une adresse inscrite. Pensant que ça devait être l'adresse de ma nouvelle maison, je pris un plan de la ville et cherchai la destination.

***

Après avoir marché une bonne heure, j'étais enfin arrivée. Je ne vis aucune voiture garée, ni aucun moyen de transport, pas même des vélos. Je m'asseyai sur une énorme pierre, en me disant que si personne ne serait là dans deux heures, je m'en irai et chercherai une famille par moi-même.

Je n'attendis pas plus de vingt minutes pour entendre une voiture se garer dans l'allée de graviers. Une jeune femme s'approcha de moi et une boule de stresse monta en moi. J'avais peur, comme d'habitude. Je devrais habituée, mais pas du tout. C'était le même manège à chaque fois.

- Je peux t'aider ?

Je la regardai attentivement et d'une certaine façon, je savais qu'une nouvelle vie allait enfin commencer.

Highway to Hell → TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant