Chapitre 7

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Je le fixe, sans savoir quoi répondre. Qu'est-ce que je peux lui dire ? Jamais je ne lui avouerai qu'Ahmed est son fils. Pour lane ? Pour qu'après il me le prenne ? Ki dafa weureudi torop. Dou fi amei ! Jamais de la vie.
- Eh bien j'ai refait ma vie mais apparemment je ne sais pas choisir les hommes que je fréquente, lui dis-je en le regardant dans les yeux
- Et il a quel âge ?
- Mais Khalil tamit li interrogatoire leu wala ? (mais Khalil aussi est-ce un interrogatoire ?). Il a deux ans le petit et il est à la maternelle. Satisfait ?
- Il a l'air plus âgé, non ?
- Xolal, ça suffit maintenant, vas t'en s'il te plaît
Je me lève et vais lui ouvrir la porte. Il se met face à moi, me fixe du regard et me dit :
- notre histoire n'a pas connu de fin proprement dite ce qui veut dire que plein de choses peuvent encore se passer. Je t'ai à nouveau devant moi. Sache que je ne te laisserai pas tomber. Je ferai tout, absolument tout pour que tu me reviennes.
- Khalil y a une chose que tu peines à comprendre apparemment. Je ne t'ai jamais appartenu. Pour moi, toute cette histoire est derrière moi. Elle n'était pas sérieuse de toute façon. Alors ne te donne pas de mal. Concentre-toi sur ton mariage, ta femme, ton fils. Tu as une famille maintenant, ne l'oublie pas.
- Nancy...
- Non Khalil s'il te plaît. N'insiste pas
Il resta un moment silencieux à me fixer. Puis, il me prend le visage, dépose un baiser sur mon front et, sans se retourner, il partit. Je referme la porte derrière lui, toute chamboulée. Cette fois, Khalil et Nancy mom je pense que c'est vraiment fini. Et j'ai mal nak. Je pensais que j'avais mis cette histoire derrière moi mais apparemment Khalil a toujours autant d'effets sur moi. Sauf qu'il ne faut pas que je m'attarde sur ça. Il est marié maintenant et même si j'ai en horreur sa femme, je ne suis pas une briseuse de ménage. Et surtout, je pense à leur enfant. Je ne voudrai pas qu'Ahmed grandisse dans cette ambiance.
Je range l'appartement avant d'aller prendre une douche et de me coucher. Demain est un autre jour.
Ça fait une semaine maintenant depuis que Khalil est passé à la maison. Je n'ai plus eu de ses nouvelles et franchement ce n'est pas plus mal. Mon fils me demande souvent après lui comme s'il sentait un quelconque lien avec lui. Traître un jour, traître toujours ce petit. Il en a tellement parlé que mes parents n'arrêtent pas de me bassiner avec ce « cher monsieur » comme ils aiment si bien l'appeler. Ay sou niou xamone ni « cher monsieur » moy sama pape dom, di neine reglei(s'ils savaient que c'est lui le père de mon enfant ils resteraient tranquille).
Aujourd'hui, c'est dimanche et avec Ahmed, nous avons établi un programme pour cette journée. On va déjeuner chez mes parents et le soir, j'amène mon petit rayon au Magic Land pour qu'il s'amuse un peu.
On se prépare et à midi, nous quittons pour chez mes parents. Au bout de dix minutes nous arrivons et le petit est accueilli comme un prince.
- Coucou maman, salue-je ma mère en lui faisant la bise
- Il est où mon petit-fils adoré ? Ana sama seut way ?
- Wa maman tamit do meu falei sakh ? Bise rek nga dem ? Amoul na nga deff amoul dara ? (Mais maman c'est à peine si tu me calcules ? Tu me tapes la bise et tu pars ? Tu me demandes pas comment je vais ? Rien)
- Ehh ne me fatigue pas. Tu es assez grande pour quémander des câlins et autres. Maintenant mom, y a que mon petit-fils qui compte. Toi, mets-toi de côté atia (oust)
- Li dh eupeu neu(abusé). Il est où papa ?
- Quelqu'un demande après moi ?
Mon père entre dans le salon, sapé comme jamais avec un grand boubou d'un bleu magnifique. Tiey, pa bi thiof leu nak.
- Papounet iow namone nala dh(papounet j'ai ta nostalgie), lui dis-je en allant me réfugier dans ses bras.
- Ma princesse bilay malaraw(tu m'as encore plus manqué princesse). Tu as embelli entre temps sax. Kane mo ley topato(qui s'occupe de toi) ?
- Papi Med, mane mi ma key topato, lui répond mon fils avec sa petite voix
- Waxal way ? Ihh sama guerrier bi ya ngi topato seu yaye bou bax dh. Contane na ci iow way(Sérieux ? Mon guerrier tu t'occupes bien de ta maman. Je suis très fier de toi).
- Mane rek ci xalei ? Xana meu begn, lui répond-il
Alors là, explosion de rire. Wa yeine xalei bi fou mou deggei yi ? Nous sommes tous morts de rire. Le petit va nous tuer un jour.
- Wa petit papa iow fo deggei li(petit papa où est-ce que tu as entendu cette expression) ? Lui demandais-je, ébahie
- Moh ! Iow maman chaque jour je t'entends parler avec tata Tima (Fatima), ak tata Ria (Ouria), ak Tata Emma. Lo fogg ? Moi je répète rek ce que j'entends.
- Ah Nancy moytoul kone(Nancy fais attention alors), me dit ma mère, morte de rire
Xalei bi gueminam bi dafa commencer ratax(cet enfant parle trop), il faut que je fasse attention.
La journée continue comme ça, entre fous rires et discussion sérieuse. Après le déjeuner, nous faisons une petite sieste et vers 17h, nous nous préparons à aller au manège. Le Magic Land se trouve sur la corniche, pas très loin de l'hôtel Terrou Bi (petite suggestion : testez leur piscine et leur plage, c'est juste magnifique). Au bout de 20 minutes de route, nous arrivons. Je paye les tickets et c'est parti pour les jeux. Mon petit rayon s'amuse comme un fou et moi aussi je rigole bien. Le voir aussi épanoui me remplie de bonheur. Je le laisse tellement s'amuser et s'épuiser, qu'après 20 tickets de jeu, une barquette de frites, une barbe à papa et une glace, nous décidons de rentrer, comblés. Ahmed s'est endormi dans mes bras alors je le porte et nous nous dirigeons vers la sortie. Je le pose dans son siège pour enfant, lui attache sa ceinture et fais le tour pour prendre place au volant. Lorsque j'ouvre ma portière, j'entends dans mon dos :
- Nancy Eva Fall ki iow leu ?
Wa mane qu'est-ce que les gens ont à dire mon nom comme ça melni nio meu toudou ? Tchippppp
Je me retourne et aux premiers abords je ne la reconnais pas.
- Waw mane leu key. Excusez-moi mais on se connaît ?
- Tu ne me reconnais pas ? Mane leu Maty
- Maty mane ?
Ah ma yei lathieu tei di. Xana key la goe elle n'ose pas se pointer devant moi comme si de rien était. Wala ?
- Khana Maty Ouattara, me dit-elle, tout sourire
Si je te gifle, tu me rangeras bien gentiment ta dentition espèce d'hypocrite.
Elle s'avance en ouvrant les bras, histoire de me faire un câlin mais je la stoppe dans son élan en levant ma main.
- Câlin diam ? Pas la peine de faire semblant avec moi Maty, je suis au courant de tout. Alors tes airs d'hypocrite là et ton cinéma garde les pour toi.
Elle baisse les bras et me regarde, un sourire mesquin se dessinant sur sa bouche. Ah là, son vrai visage apparaît.
- Bien ! Je vois que les hostilités sont lancées. J'imagine que tu as parlé à Khalil vu que tu sais « tout ». Je ne vais pas passer par quatre chemins alors. Sey tank neu sori sama dieukeur sinon rek mane ak iow dou sedd(reste loin de mon mari sinon entre toi et moi ce sera la guerre).
- Iow Maty tu me menaces wala je rêve ? Tu es peut-être mariée et mère mais tu te rabaisses toujours à ses jeux là. Ton mari dh tu peux te le garder, j'ai été très claire avec lui. Si toi nak tu ne le satisfais pas beu mouy dem xoli fenene lolou seu affaire leu(jusqu'à ce qu'il se cherche une deuxième femme c'est ton problème). Sene yeufou niak feyda yi, mane bou leine meu ci bolei(ne me mêlez pas à vos enfantillages là). Niak classe ! Tchippppp
Je ne la laisse même pas en placer une et monte dans ma voiture. Je démarre et reprends le chemin du retour. Ki énerver neu meu bêtement ni rek. Mom ak Khalil yeup ci pote. Je sens les problèmes venir à des kilomètres. Bon Dieu donne-moi la force de les surpasser.
J'arrive chez moi, je mets Ahmed au lit, prends un bon bain relaxant, rattrape mes prières et vais me mettre au lit. Demain, le travail reprend.

Après la pluie... Où les histoires vivent. Découvrez maintenant