Chapitre 20

5.5K 398 8
                                        

J'ai passé tout le week-end dans notre maison de vacances à Toubab Dialaw. C'est une grande maison comportant trois appartements collés, tous dotés d'un salon, d'une cuisine, d'une salle de bain au rez-de-chaussée et de deux chambres avec salle de bain au premier. Au balcon, la vue se pose sur la grande piscine et la plage qui se trouve juste en bas des escaliers. C'est vraiment l'endroit parfait pour se recueillir, raison pour laquelle j'ai pas hésité.
Le jour qui était sensé être le plus beau de ma vie a été un pur cauchemar. Ces gens, Khalil m'a foutu la honte de ma vie et cela devant toute ma famille et mes amis. Comment est-ce qu'il a pu orchestrer tout cela ? Pourquoi l'a-t-il fait ? Ne m'aimait-il pas assez pour penser une minute à moi ? Et Ahmed dans tout ça ? Et l'enfant que je porte présentement ? Qu'est-ce que je vais devenir ? J'ai 27 ans et je vais devenir mère célibataire de deux enfants. Comment pourrais-je regarder mes parents dans les yeux ? Je me suis fait baiser dans tous les sens du terme. J'ai laissé cette pourriture entrer dans ma vie, dans celle de mon fils, de ma famille et au final, il me la met à l'envers. Je regrette le jour où j'ai posé mes yeux sur cet homme. Tout ce qu'il a fait c'est me conduire à ma perte. Mais Dieu est grand et chaque jour, je Lui rends grâce. A force de prier et de pleurer sur mon tapis de prière, mon cœur est enfin soulagé au bout de ce week-end. Khalil Sy est désormais une histoire ancienne. Je serai toujours contente d'avoir eu avec lui Ahmed et ce petit être qui grandit en moi et jamais je ne le priverai de voir ses enfants mais ça s'arrête là.
J'ai décidé de prolonger ces mini vacances pendant encore une semaine, jusqu'à la date de mon prochain rendez-vous chez mon obstétricienne. Avec l'accident, je suis surveillée comme du lait sur le fait pour éviter tous risques. Et franchement, ce n'est pas pour me déplaire. Cet enfant doit venir au monde sain et sauf pour combler une seconde fois mon cœur de mère.
Je suis devant la télé, un bol de glace dans la main et Netflix sous mes yeux. Je suis tellement concentrée sur ma série que je n'entends la sonnerie de l'interphone qu'au bout de quelques secondes. Je me lève et réponds :
- oui Baldé ?
- Excusez-moi madame mais il y a un monsieur qui demande après vous
- Un monsieur ? Quel monsieur ?
- Il dit que c'est votre frère
- Tony ? Qu'est-ce qu'il fait là ?
- Ah je ne sais pas dh madame
- Hum, bon laissez-le entrer
- D'accord
Je raccroche et croise les bras entendant fermement que mon frère débarque. Je leur avais bien dit que je ne voulais voir personne et que j'avais besoin d'être seule et lui, il veut s'imposer. Il verra de quel bois je me chauffe. La porte s'ouvre et ce n'est pas du tout Tony qui entre mais bien l'une des deux personnes dont je ne voulais pas du tout entendre parler.
- Qu'est-ce que tu viens faire ici ? Tu ne peux pas me laisser tranquille ?
- Je m'inquiétais pour toi princesse. Il fallait que je te vois.
- Ok. C'est fait maintenant vas t'en.
- Ne te dérange pas Nancy, je ne compte pas rentrer tant qu'on n'aura pas parler.
- Bien. Il y a assez de chambres, fait comme chez toi et surtout, fais comme si j'étais pas là.
Sur ce je lui tourne le dos et me remets sur le canapé pour continuer ma série. Je l'ignore durant tout le reste de la soirée et, après un énième bâillement, je décide d'aller me coucher. Je plie le plaid, ramène le bol de glace à la cuisine, range un peu le salon et me dirige vers les escaliers.
- Bonne nuit princesse
- Ouais c'est ça, lui dis-je en levant les yeux au ciel
Je claque la porte de ma chambre bien fort, la ferme à double tour et plonge dans mes draps pour un sommeil réparateur.
—————————
Le lendemain, je suis réveillée par le magnifique chant des oiseaux qui ont pris en otage mon balcon. Le soleil se reflète sur les rideaux de ma chambre, offrant une jolie couleur et une température agréable à celle-ci. Je prends mon téléphone pour regarder l'heure et voyant qu'il est déjà 10h passées, je décide d'appeler mes parents pour avoir de leurs nouvelles et surtout celles de mon fils. Au bout de trois sonneries, quelqu'un se décide enfin à répondre :
- allô, dis la petite voix d'Ahmed
- Mon rayon de soleil
- Coucou maman
- Ça va mon bébé ?
- Oui maman et toi ? Pourquoi tu ne rentres pas ? Tu me manques beaucoup tu sais
- Ohh mon trésor tu me manques encore plus. Je rentre bientôt ne t'inquiète pas mon ange
- Mais moi je veux te voir
Ohlalaa il commence à pleurer nak. Sheuuuutttt.
- Bon tu sais ce qu'on va faire ? Tu vas rester chez papi et mamie durant toute la semaine pour aller à l'école et vendredi à la descente, j'enverrai tonton Loïc te chercher, on passera le week-end ensemble et dimanche soir on rentre à la maison. Qu'est-ce que t'en dis ?
- Tu promets ?
- Je te le promets petit papa.
- D'accord alors. Attends je te passe mamie.
Bien sûr comme par magie, les larmes ont disparu. Ce petit est un vrai comédien.
- Allô
- Coucou maman
- Ay Nancy tu rentres quand ? Ça fait trois jours qu'on t'a pas vue. Tu vas bien j'espère ?
- Mais oui maman bien sûr que je vais bien sinon je n'allais pas vous appeler. Tu n'as pas à t'inquiéter.
- Je vais m'inquiéter key, une jeune femme qui est toute seule dans la nature, on ne sait même pas où tu te caches. Et si un malheur t'arrivait hein ?
- Sheut maman arrête d'aggraver les choses toi aussi. En plus il ne m'arrivera rien parce que je ne suis pas seule. Loïc est avec moi.
- Quel Loïc ?
- Mère iow tamit niata Loïc nga kham(tu connais combien de Loïc) ?
- Anh donc toi ton voyage là c'était pour te retrouver seule avec ton cousin ?
- Wa maman qu'est-ce que tu racontes comme ça ?
- Je vous ai bien regardés tous les deux et je sais qu'il n'y a pas qu'une relation de cousin-cousine entre vous. Moytoul nak, ya ngi ci boumou sey beu tey(fais attention à toi, tu es toujours dans les liens du mariage).
- Il a fallu que tu me parles de ça !! Si j'ai décidé de m'éloigner c'est justement pour qu'on ne me rappelle pas la connerie que j'ai faite en me liant à cet homme. J'appelle pour avoir de vos nouvelles et penser un peu à autre chose pas pour que tu me rabâches cette histoire dans les oreilles maman. Et sache que dès mon retour, mane may kouy dagg boum bobou ngey wakh. Khalil Sy di na ma mey sama batt tei wakh bou bari dou ci am(je mettrai fin à ce mariage. Khalil Sy va m'accorder le divorce sans qu'il y ait le moindre débat). Je demanderai à Tony d'aller récupérer les papiers de la maison qu'il m'a offerte là où je les ai gardés ainsi que la voiture. En ce qui concerne l'argent, dès mon retour, j'irai à la banque pour tout retirer. Et je lui rendrai tout ce qu'il a eu à m'offrir quand il est venu faire sa supposée demande. Je ne veux rien garder de cet homme. Les deux enfants qu'il m'a fait me suffisent largement.
- Nancy où est-ce que tu vas trouver une somme pareille ? Laisse-moi en parler à ton père. Il pourra te débloquer la somme dans sa globalité.
- Non maman. Il se trouve que l'argent de la dot est stockée dans un compte bancaire que j'avais ouvert spécialement pour y mettre tout ce que Khalil me versait pour Ahmed. Il y a une coquette somme pour ce dernier mise à part l'argent de la dot. Tout ce que j'ai à faire, c'est le retirer et le lui rendre. C'est tout.
- D'accord, je vois. Façon, on verra à ton retour.
- Oui. Au fait, j'ai dis à Ahmed qu'il pourra venir vendredi passer le week-end avec moi. J'enverrai Loïc le chercher dès sa descente de l'école. N'oublie pas de lui préparer un sac, ok ?
- D'accord pas de soucis.
- Bon passe-moi papa que je lui parle vite fait avant de couper.
- Ok. Bisou chérie
- Bisou maman
- Et Nancy ?
- Oui ?
- Khamal li mala wakhoul(à bon entendeur, salut)
Pff ! Elle passe le téléphone à mon père, nous discutons un peu puis je raccroche. Je me lève enfin du lit, range ma chambre, fils sous la douche, m'habille et sors enfin. Je prends les escaliers et arrivée au rez-de-chaussée, c'est une douce odeur de crêpes qui me titille les narines. Je m'arrête sur la dernière marche, scotchée devant le spectacle qui s'offre à moi. Loïc Santos est dans ma cuisine, entrain de faire le petit-déjeuner et avec pour seuls habits, un short et un tablier. Mamamiaaa ses muscles !!! Et cette peau satinée qui appelle au péché ?!? Wouy je pense que j'ai de la bave au coin de la bouche.
- Ah t'es là princesse. Bonjour, me dit-il avec un sourire
- Bonjour. T'es debout depuis quand ?
- Depuis huit heures. Je suis allé faire un footing au bord de la plage puis je suis revenu, j'ai pris un bain et là je prépare le petit-déjeuner pour m'occuper.
- Tu pouvais regarder la télé ou piquer une tête en attendant que je me lève.
- J'avais surtout envie de te faire plaisir. Je sais que tu raffoles des crêpes et des pancakes. Aujourd'hui, t'es servie, dit-il en mettant une énième crêpe sur une pile constituée d'une dizaine à peu près.
- Merci, lui dis-je en lui lançant un sourire
- Je t'en prie. Mais approche ! Pourquoi tu restes sur la marche comme ça ? T'as peur que je te croque ?
- Pff t'es bête !
Je descends enfin la dernière marche et le rejoins. Je discute avec lui en mettant la table et tout ce qu'il faut pour le petit déjeuner et au bout de quelques minutes, nous sommes attablés. Nous mangeons dans la bonne humeur et pendant un instant, j'oublie pourquoi je suis là et ce qu'il s'est passé pas plus tard que vendredi. Nous terminons de manger et rangeons la maison dans une ambiance bonne enfant. Nous dansons sur tous les sons qui passent à la télé, tout en faisant le ménage. J'ai l'impression d'être des années en arrière, lorsque notre complicité était encore au beau fixe.
Après une heure et trente minutes de ménage et de danse, nous nous posons sur le canapé, épuisés.
- Ça te dit que piquer une tête ? Me demande Loïc
- Euh je sais pas. Il faut encore que je prépare notre déjeuner sinon on ne va pas manger.
- Tu ne vas rien préparer du tout. Cette semaine, tu vas te détendre totalement. Tu ne vas plus rien faire dans cette maison. Allons piquer une tête et ensuite, nous irons au restau pour manger. Ok ?
J'hésite à mettre en maillot de bain et me retrouver seule avec lui dans l'eau. C'est pas que je ne me fais pas confiance mais bon sang Loïc c'est la tentation incarnée. Et mes hormones sont trop en ébullition pour que je prenne ce genre de risque.
- Tu réfléchis trop princesse. A quoi penses-tu ?
- Je suis enceinte.
Mdr vu sa tête, il se demande sûrement où je veux en venir.
- Euh oui j'ai cru comprendre cela lorsque t'en as fait allusion la dernière fois. Ça ne me dérange pas tu sais ?
- J'imagine
- Alors où est le problème ?
- C'est juste que, avec ma grossesse, j'ai pas trop envie de me mettre en maillot, tu vois ?
- Ça te dérange tant que ça ? Tu peux toujours te baigner avec un paréo tu sais ? Nancy il fait excessivement chaud et l'eau de la piscine a l'air tellement bonne que je veux t'y plonger pour que tu nous évites une crise de nerfs. Allez, accepte !!
- C'est bon c'est bon. Je vais me changer.
- Génial !
Je file direct dans ma chambre, mets un joli bikini bleu bic avec des bandes dorées, un paréo à mailles noir par dessus, prends ma serviette, mes lunettes de soleil, ma crème solaire et redescends rejoindre Loïc. Je le trouve installé au bord de la piscine, les jambes dans l'eau, lunettes sur le nez. Je pose mes bagages sur un transat avant d'enlever mon paréo pour me passer la crème sur le corps.
- Loïc tu veux bien venir me mettre de la crème sur le dos s'il te plaît ?
Il se lève et vient se mettre sur le transat. Il défait la corde nouée dans mon dos, s'empare de la crème et commence à m'en étaler. Dès qu'il me touche, mon corps est traversé de frissons et j'ai la chair de poule. Il passe délicatement ses mains sur moi, allant de mes épaules à mon bas du dos, en passant par mes côtes. Il répète le même geste plusieurs fois et lorsqu'il ne reste plus de crème dans ses mains, il se met à me caresser, créant plus de frissons dans mon petit corps fragile. Je dois arrêter ça immédiatement pour ne pas donner raison à ma mère mais c'est plus fort que moi. Je n'y arrive tout simplement pas. Sa main se repose sur le bas de mon dos, là où mon tatouage prône. Il retrace les contours de celui-ci pendant quelques secondes, puis ses mains remontent, s'emparent des cordes de mon maillot de bain et refont le noeud qu'ils avaient défait. Il me fait un bisou sur le cou et se lève du transat, me laissant pantelante.
- Allez viens on va se baigner et profiter de cette piscine.
Je me lève et me dirige vers la piscine. Je surprends son regard posé sur mon ventre et immédiatement, je me sens mal à l'aise. Je fais demi tour pour m'emparer de mon paréo lorsqu'il me dit :
- pourquoi tu veux te cacher princesse ? Tu es tellement belle avec ce petit ventre qui pointe.
- Ça ne te dérange pas ?
- Le moins du monde Nancy. Au contraire, je suis heureux pour toi. Cet enfant n'est peut-être pas ce qui est de plus légal mais au moins, c'est ta petite lumière dans cette période si sombre de ta vie. Alors n'aies pas honte de le montrer. Surtout devant moi.
J'ai les larmes aux yeux. C'est la seule personne qui, jusque là, a fait allusion à ce qui s'est passé sans me faire sentir mal. Il a su me soulager rien qu'avec ses mots. Il a su utiliser les bons pour me faire me sentir bien. Et rien que pour ça, je lui en serai toujours reconnaissante.
Je redépose mon paréo et le rejoins enfin dans l'eau. Mon Dieu comme elle est bonne ! Ça me fait énormément de bien.
Nous nous amusons comme des enfants, sans arrières pensées. Je ne me suis jamais sentie aussi bien.
————————
PDV de Khalil
Bordel ce mec ne m'a pas raté. Ma mâchoire me fait toujours souffrir, même après trois jours. S'il voulait que je me rappelle toute ma vie ce que j'ai fait à sa sœur, bah il a réussi. Et puis, même sans son coup, comment pourrai-je oublier ce que j'ai fait à ma Nancy ? Je n'oublierai jamais l'expression de ses yeux lorsqu'elle m'a plaqué le document sur le torse. J'ai vraiment été un salaud sur ce coup là. Mais je ne vais pas baisser les bras, je vais me battre pour la récupérer. Vendredi, à la mairie, elle a parlé sous le coup d'un trop plein d'émotions. Je vais laisser passer quelques jours avant de rappliquer et d'essayer de me faire pardonner. Je veux pas perdre ma petite famille, tout ce bonheur que nous vivions avant que ce qui me sert de cousine ne vienne tout foutre en l'air.
Je suis retourné à notre maison, à fann résidence, croyant la trouver là-bas mais je me suis bien trompé. Je n'ai trouvé personne, ni ma femme et encore moins mon fils. Elle a pris ses affaires et elle s'est barrée. Dès le lendemain, son frère et son cousin se sont pointés chez moi pour récupérer toutes leurs affaires à elle et à Ahmed. Et je n'ai rien pu faire. Ma mâchoire avait assez souffert la veille pour que j'en rajoute une double couche.
Je suis encore dans mes pensées lorsque j'entends quelqu'un frapper à la porte. Je me lève pour aller ouvrir et immédiatement, je le regrette lorsque mon regard croise le sien.
- Qu'est-ce que tu fous là ?
- Bonjour mon amour. C'est comme ça que t'accueilles ta femme dis moi ?
- Dégage de chez moi Maty avant que je ne réponde plus de rien
- Et que vas-tu faire à la mère de ton fils hein ? Tu vas me tuer rien que pour les beaux yeux de cette catin ? Pff tu m'étonneras toujours Khalil. Meyma meu dial mane(laisse-moi passer)
Elle me pousse et pénètre dans la maison. Je sens que je vais bientôt péter les plombs.
Elle se dirige directement au salon et s'installe sur le canapé.
- Tant que t'es encore debout, je peux avoir un verre de jus s'il te plaît ?
- Qu'est-ce qui t'amène ici ? Je n'ai pas ton temps. Dis moi ce que tu veux et dégage de ma maison.
- Waouh ! Le fait d'être séparé d'elle te fait autant d'effet ? J'aurai dû m'y prendre beaucoup plus tôt, dit-elle en riant
Je ne peux plus me retenir. Je fonce vers elle et sers son cou aussi fort que je le peux.
- Tu te marres hein ? Tu as détruit mon mariage Maty, sache que je vais te détruire à petit feu. Tu pensais me connaître ? Détrompe toi chérie. Tu es loin, très loin de me connaître.
- Kha...kha...j'ét...arghh
Elle me frappe le bras, me le griffe mais je ne lâche pas son cou et le serre encore plus fort. Ses yeux sont remplis de larmes et me supplient de l'épargner mais je n'en fais rien.
- Pi...tié
Je la relâche et immédiatement, elle se met à tousser.
- Dehors. FOUS LE CAMP !!! 
Elle ne demande pas son reste, prend son sac et court vers la sortie. J'espère qu'elle a compris la leçon. Elle vient de foutre encore plus ma journée en l'air.
——————————
Bonne et heureuse année la famille 🥳. Je vous souhaite tous les meilleurs vœux en cette année 2019, que Dieu vous comble de grâces et de bienfaits et qu'il fasse de 2019, une année prospère pour chacun d'entre vous 🙏🏽. Je vous adore 🥰. Pluie de bisous sur vous 😘💋

Après la pluie... Où les histoires vivent. Découvrez maintenant