Chapitre 11

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Aujourd'hui, Khalil vient voir mes parents et je stresse mais alors grave. Légui meu saw sama toubey bi(bientôt je vais faire pipi dans ma culotte). Je suis réveillée depuis presque trente minutes mais impossible pour moi de me lever. Je me demande comment va se passer cette journée. J'aime Khalil et j'espère que mes parents le comprendront. Je sais que je leur ai dit que je ne comptais pas me marier avec lui à cause de sa folle de femme là mais bon, elle m'a provoquée aussi et il faut que je réponde à l'affront. Mais mis à part ça, j'aimerai vraiment m'unir à lui, vivre notre histoire convenablement pour une fois et donner un foyer à mon fils.
Je sens ce dernier bouger dans mes bras. Je baisse le regard et vois qu'il s'est réveillé.
- Bonjour chaton, lui dis-je
- Bonjour maman
- T'as bien dormi ?
- Oui, trop bien
- Super alors
Je le sers fort dans mes bras et décide de me lever afin qu'on se prépare. Khalil doit venir nous chercher à midi et il est déjà dix heures passées. On file dans la salle de bain pour qu'il prenne sa douche. Je l'habille et nous nous dirigeons vers la cuisine pour le petit-déjeuner. Après avoir bien mangé, je l'installe au salon et file me préparer. Je prends ma douche, m'habille d'une robe longue et d'un gilet par dessus. On est en février et il fait un peu frisquet. Je me maquille légèrement, prend mon sac à main et sors. Je rejoins Ahmed et me pose avec lui au salon, attendant l'arrivée de Khalil. Quelques minutes plus tard, on sonne à la porte et je sais que c'est lui.
- Salut, lui dis-je, sourire aux lèvres
- Salut
Il me donne un baiser furtif sur les lèvres et me sourit aussi.
- Tu es très belle
- Merci. Vas-y entre
Je le laisse passer et nous nous dirigeons au salon.
- Tonton Khalil, crie mon fils en sautant sur lui
Il faut que je pense à lui dire que c'est son père.
- Salut mon grand. Comment tu vas ?
- Je vais bien et toi ? Tu viens avec nous chez papi et mamie ? Pourquoi tu n'as pas amené Seydou avec toi ? Il est avec sa maman ? Qu'est-ce...
- Wa Ahmed tamit est-ce que tu ne parles pas trop ? Lui demandais-je, ébahie par son débit de paroles
- Mais maman je demande juste
- Nancy laisse-le poser autant de questions qu'il veut
- Bon le temps que vous discutez, je vais prendre son sac à dos dans la chambre
Je les laisse seuls quelques secondes et dès mon retour, nous nous mettons en route. En moins de temps qu'il ne faut, nous arrivons chez mes parents et c'est la bonne qui nous accueille. Après les salamalecs d'usage, nous pénétrons dans le salon, où nous attendent mes parents. Après les salutations, j'envoie Ahmed dans sa chambre et sans plus attendre, mon père entame la discussion.
- Bon, je ne vais pas passer par quatre chemins. Je vous ai fait venir pour que l'on parle de vous deux. Khalil, lorsque tu es parti en laissant derrière toi ma fille enceinte, j'ai été très en colère. Nous te connaissions de par tes visites et nous pensions que tu aurais au moins le courage d'assumer tes responsabilités envers elle et sa grossesse. Mais rien. J'ai été tellement en colère que je lui ai coupé les vivres et demandé de quitter ma maison après son accouchement. Je t'en ai beaucoup voulu et j'ai été énormément déçu par elle. Mais aujourd'hui, nous rendons grâce à Dieu car elle et son fils sont en bonne santé et la paix est de nouveau dans notre maison. Tout cela est derrière nous. Si j'ai exigé ta présence dans ma maison, c'est pour connaître tes intentions envers Nancy. Elle est maman maintenant et en tenant compte des conditions dans lesquelles elle l'a été, cette situation ne fait que la déshonorer. Je ne cautionne pas cette « amourette » que vous vivez, je pense que vous en avez dépassé l'âge. Seytanei dafa beuri dolei tei beugoumeu beneine gathiei diouguei wat ci sama dom bi. Bou dei nak fouleu ak fayda mo leu dougeulat ci mom, xamal niou ko, niou mey la ko diabar ngeine bayi xaram bi gueine neikei(les tentations sont trop fortes et je ne plus qu'elle me mette la honte. Si tu veux du sérieux avec elle, dit-le nous qu'on te la donne comme femme).
- Tonton Ahmed je vous ai bien écouté et je comprends votre position. Tout d'abord je tiens à m'excuser au près de vous. J'ai déshonoré votre fille qui est très pieuse mais c'était une erreur. Je ne savais pas qu'elle était enceinte et je ne l'ai appris que très récemment sinon j'aurai assumé toutes mes responsabilités. Concernant mes intentions envers votre fille, elles n'ont pas changées. Je lui ai fait savoir depuis le début que je voulais l'épouser. Elle n'était pas d'accord au début à cause de ma première femme mais aujourd'hui elle l'est. Alors, je suis venu aujourd'hui pour avoir votre consentement et envoyer mes oncles pour venir demander sa main.
- Vu qu'elle a accepté et que c'est son choix, je suis d'accord avec elle. Envoyez vos émissaires et vous aurez une femme le jour même.
- Le jour même ? M'écriais-je
- Bien sûr ! Qu'est-ce que tu veux attendre encore ? Une vieille fille comme toi ! Me dit ma mère sur un ton plaisantin
- Alors c'est décidé. Nous attendons vos émissaires InShaAllah, reprend mon père
Après cette discussion, l'ambiance est devenue plus légère. Nous discutions tous ensemble lorsqu' Ahmed nous rejoint. Il va se mettre près de Khalil, en m'ignorant carrément.
- Wa petit papa c'est moi que t'ignores ? Lui demande-je
- Mais maman nak on a un invité
- Invité ? Nancy tu n'as rien dit à ton fils ? Me demande ma mère
- Maman tamit j'attendais le moment venu
- Bah c'est le moment
Légui xamna fane leu Ahmed dieulei soffayeum(maintenant je sais de qui Ahmed a hérité son côté chiant).
Je l'appelle pour qu'il vienne se mettre près de moi. Après qu'il se soit installé, je lui dit :
- tu m'as toujours demandé qui était ton papa n'est-ce pas ?
- Oui
- Bah voilà c'est Khalil ton papa
- Tonton Khalil qui est assis là ?
- Oui oui lui-même
- Mais pourquoi tu me le dis que maintenant ?
- Bah...
- En fait champion, depuis ta naissance j'étais en voyage du coup ta maman voulais te faire la surprise, lui répond Khalil
Il reste quelques secondes sans rien dire, le doigt sur le menton, en mode réflexion. Puis, tout d'un coup il saute sur moi et me fait un câlin en me disant à l'oreille :
- tu voulais pas que je sois triste c'est ça ?
- C'est ça mon rayon
- Bah je ne suis pas triste parce que maintenant j'ai un papa et une maman
- Et un grand frère, lui dit Khalil
- Trop cool !
Je me sens soulagée. L'ambiance qu'il y a dans le salon prouve l'état d'esprit dans lequel nous sommes. D'un côté, il y a les hommes qui parlent affaires et foot et de l'autre, il y a ma mère et moi qui parlons mariage. Eh oui déjà.
- Dites-moi, ne devrions-nous pas fixer la date du mariage dès aujourd'hui ? Demande ma mère
- Maman tamit c'est tôt dh, lui répondis-je
- Nancy, ta mère a raison. Pour ma part, dès la semaine prochaine, le mercredi plus précisément, j'enverrai mes oncles pour demander ta main. Comme ça le lendemain, nous ferons le mariage religieux en toute simplicité et en juin, nous ferons le mariage civil en grande pompe. Me dit Khalil
- Trois mois ? Mais c'est trop ça, non ?
- Je sais mais je dois voyager à la fin de ce mois et je voudrai vraiment que tu deviennes ma femme avant
- Mais attendons ton retour alors ou faisons le tout en même temps, non ?
- Nancy, ce que Khalil te propose est convenable. Vous serez dans les liens du mariage et c'est l'essentiel, réplique mon père
- Mais papa le mieux serait qu'on fasse le tout en même temps, y aura moins de dépenses
- Chérie nous avons juste une semaine devant nous. Je ne pense pas que nous aurons assez de temps pour préparer une fête grandiose, me dit ma mère
Apparemment ils se sont passés le mot. Je garde le silence, sceptique. Pourquoi repousser le mariage civil si on peut faire ça le lendemain du mariage religieux ? Mais bon, vu qu'ils sont tous d'accord, y a pas de soucis. Je vais me plier à leur volonté.
Nous restons chez mes parents toute la journée et décidons de rentrer que le soir, aux alentours de vingt heures.
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Les jours sont passés tellement vite qu'aujourd'hui nous sommes jeudi, le jour du mariage. Vu qu'on a décidé d'attendre en juin pour faire une réception, il n'y aura pas beaucoup d'invités, juste les deux familles et les amis proches. Pour ma part, il n'y a que Fatima, Emma et Ouria qui sont là. Khalil, lui, il n'y a que ses oncles venus demander ma main hier et deux de ses amis qui seront là. Ses parents et ses frère et sœur sont au Burkina. Ils ne viendront assister qu'au mariage civil.
Ce matin, ma mère m'a réveillée très tôt pour que je puisse me préparer et être prête à temps. Après avoir pris mon bain, avec mon trio, nous nous dirigeons vers le salon de coiffure pour nous faire belles. Après trois heures de coiffure, maquillage, pédicure et manucure, nous sommes enfin prêtes. Nous décidons de rentrer et de nous habiller afin d'accueillir les invités convenablement. Fatima, Emma et Ouria ont mis respectivement des tailles basses rose, rouge et bleu turquoise. Elles étaient trop belles mashallah. Quand à moi, je me suis faite coudre une taille basse mauve étincelante avec de jolies garnitures. Elle m'allait comme un gant, surtout avec ma peau claire. Nous prenons plein de photos, toutes avec des poses différentes. Genre nous jouons aux top modèles. C'est ma mère qui nous interrompt, vêtue comme une reine avec son foulard sur sa tête. Une vraie dame sénégalaise. Lorsqu'elle pénètre dans la chambre, je vois mon rayon faire son entrée à son tour, vêtu d'un yeirei wolof(habit traditionnel) bleu de nuit. Il est tout simplement à croquer.
- Maman tu m'as vu ? Mon habit me va trop bien
- Ay sois humble mon chéri et attend que l'on te le dise, lui dis-je morte de rire
- Mais tout le monde me l'a dit Maman sauf toi
- C'est vrai mon ange, tu es tout beau dans ce boubou, lui dis-je en le prenant dans mes bras
Ma mère nous interrompt et nous somme de descendre vu qu'il y a des gens qui commence à venir. Les filles descendent avant moi et je les suis de près. Arrivée au salon, je suis surprise de voir qu'il y a ma tante paternelle accompagnée de son mari et des mes deux cousines. Ce sont des câlins par ci et des bises par là, trop heureux de se revoir en de telles circonstances. Je présente mes cousines à mes amies et ça part en grande discussion. Sama trio bi nga xamnei wax rek la gni deff. Je les laisse discuter le temps d'aller saluer le joli petit monde qui est là. Je passe voir les dames qui sont venues préparer le déjeuner pour les saluer et les remercier. Elles me félicitent et je me dirige vers le salon pour saluer le reste des invités. Après les salutations, je rejoins les filles et nous passons le reste de l'après-midi à discuter. Après le déjeuner, je dus aller me changer parce qu'il est bientôt l'heure pour les hommes d'aller à la mosquée. Je troque ma taille basse mauve contre une robe blanche remplie de garnitures éclatantes. Cette robe est encore plus belle que la taille basse. Après m'être habillée, ma mère me rejoint et je vois que ses yeux sont remplis de larmes.
- Maman toi aussi ne pleure pas sinon je risque de pleurer aussi et ça va bousiller mon maquillage
- T'as raison chérie mais tu es tellement belle dans cette robe.
- Merci maman
Elle me met un voile sur la tête et m'aide à m'installer sur le lit, un chapelet à la main. Elle me laisse avec les filles et sort de la chambre. Je commence à faire des wirds et à remercier Dieu. Je suis sereine, mon rythme cardiaque est normal. Je n'attends que l'appel de Khalil. Je suis tellement concentrée à prier que je ne vois pas le téléphone qu'on me tend.
- Iow Néva eh ton téléphone sonne, me dit Fatima
Là, je tremble de la tête au pied et mon coeur bat super fort. Je m'empare du téléphone et décroche :
- madame Sy je suis dans l'immense joie de vous annoncer que vous êtes entièrement à moi devant Dieu
- Alhamdoulilah ! Je rends grâce à Dieu
- Tu dois être belle dans ta robe blanche
- Tu verras bien quand tu viendras
- J'arrive de suite alors
- Dépêche toi
Après avoir raccroché, les félicitations fusent de partout. Les filles me sautent dessus pour un câlin groupé. Ma tante et ma mère viennent me prendre dans leurs bras et c'est parti pour de longs discours sur le mariage. Fatima a mis du mbalax, musique sénégalaise, et c'est parti pour une bonne séance de danse. J'essaie de pas trop me défouler pour éviter de transpirer avant l'arrivée des hommes. Quelques minutes après, ma mère vient me chercher pour aller saluer les hommes qui sont installés au salon. Je retouche un peu mon maquillage et suis ma mère. Arrivée au salon, c'est lui que je vois. Personne d'autre ne compte. Il me fixe du regard comme si j'étais la huitième merveille du monde. Je baisse les yeux et me dirige vers mon père.
- Toutes mes félicitations madame Sy. Même si tu es mariée maintenant, tu resteras toujours ma petite princesse. Je sais que ta maman et ta tante t'ont donné des conseils donc je ne te retiendrai pas plus longtemps. Le seul que je peux te donner est le suivant : respecte ton mari et montre lui toute ta dévotion et ton amour. Cependant, peu importe l'amour que tu portes à une personne, n'accepte jamais qu'elle te marche sur les pieds. N'accepte jamais que l'on te fasse ce que tes parents, ta famille ne t'a jamais fait. D'accord ?
- D'accord papa, tu peux compter sur moi. Tu me connais, non ? Lui demandais-je, sourire aux lèvres
- En effet, je te connais très bien sax. Que Dieu te bénisse ma chérie
- Amen. Merci papa
Je le serre fort dans mes bras, les larmes aux yeux. Après m'être séparée de lui, je me dirige vers les oncles et amis de Khalil . Encore des salutations, des félicitations et des conseils. Tiey, le mariage mom c'est comme si t'allais à la guerre. Enfin, j'arrive devant mon mari. Mon mari ! Si jamais on m'avait dit qu'un jour je serai mariée à Khalil, jamais je l'aurai cru.
- Sy, lui dis-je en faisant une génuflexion
- Ndeysane sama jabar dafa jonguei nak(ma femme est trop coquette), dit-il en riant
- Bayiko rek mouy jay yarou tei yarou woul(laisse la elle fait la fille sage alors qu'elle ne l'est pas), dit Ouria
- Ouria arrête d'être jalouse way, je fais ça à mon mari et je suis dans mon plein droit
- Fais un bisou à ton mari c'est mieux. Même pas tu m'accueilles comme il se doit, me dit Khalil
- Le bisou, le bisou, scande toutes les personnes présentes dans le salon
Je me rapproche de lui et lève la tête. Nos regards se croisent et restent soudés. Je me mets sur la pointe des pieds et lui dépose un petit baiser sur les lèvres. Ah je ne peux pas faire plus devant mes parents et ses oncles. C'est trop la honte même si maintenant c'est permis pour nous. Mais avant même que je ne m'éloigne, il m'attire à lui et s'empare de mes lèvres pour un baiser fougueux. Il demande accès à ma langue et après quelques secondes à faire ma prude, je le lui donne avec grand plaisir. Nous nous séparons enfin, essoufflés. Les gens nous applaudissent, sourires aux lèvres. Le reste de la journée s'est super bien passé. Avec Ahmed et Seydou qui est venu avec son père, nous formons une jolie petite famille. Nous avons pris plein de photos pour immortaliser ce moment.
Le soir venu, après le dîner, c'est l'heure pour moi de rejoindre mon mari à notre nouveau chez nous. Ce fou m'a offert une maison et deux parures en or en plus des trois millions qu'il a donné comme dot. D'après lui, pour les premiers cadeaux, c'est juste ce qu'il aurait dû me donner à la naissance d'Ahmed si on avait été mariés. Et vu que maintenant c'est le cas, je n'ai qu'à accepter et me taire. Donc voilà.
Après les au revoir et les multiples autres recommandations de la part des mamans, nous prenons enfin la route, direction fann résidence, un des quartiers résidentiels de Dakar. Nous arrivons au bout de quelques minutes. La maison est tout simplement époustouflante. Il y a un grand jardin et une piscine. Au rez-de-chaussée, il y a un grand salon bien décoré, une salle de bain, une chambre d'amis et une cuisine design, très équipée et grande. Au premier étage se trouvent un autre salon un peu plus petit que celui du rez-de-chaussée et deux chambres. La première est immense, sûrement celle des parents. Elle est dotée d'un super dressing et d'une salle de bain magnifique et grande. La deuxième est celle d'Ahmed. Elle est plus petite que la première mais reste spacieuse avec une salle de bain et une décoration d'enfant.
Après avoir mis celui-ci au lit, je me dirige vers ma chambre afin de me préparer pour ma première nuit en tant que madame Sy. Je trouve Khalil allongé sur le lit, vêtu d'un simple short. Je vais dans la salle de bain et prends une douche vite fait. Lorsque je suis enfin propre, je peigne mes cheveux, enfile une nuisette toute en dentelle noire avec des talons aigus de 10cm et me dirige vers la porte. Je m'adosse au chambranle de celle-ci après l'avoir ouverte. Lorsqu'il me vit, Khalil sursaute et se retrouve debout en une fraction de seconde.
- Approche, me dit-il
Je prends un grand souffle afin de retrouver une petite contenance et m'avance vers lui. Lorsqu'il me touche enfin, je me rends compte que ma vie de femme mariée commence en ce moment même.
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Pluie de bisous 💋😘

Après la pluie... Où les histoires vivent. Découvrez maintenant