1. A normal day

607 101 217
                                    

L'illusion c'est qu'une journée normale annonce un lendemain normal. Au contraire, on remet tout en jeu chaque jour, et notre vie dépend des caprices du destin.
Thomas H. Cook

Quelques heures plus tôt

Neve ! Réveille-toi tu vas être en retard ! cria ma mère depuis le bas des escaliers.

Je me retournai dans mon lit en grognant et ouvris enfin les yeux pour regarder mon réveil, 7:50. Je devais partir de la maison à 8:15, j'avais le temps.

— Allez Nevaeh ! s'exclama mon petit frère en ouvrant la porte avec fracas.

— Dégage Jason t'es chiant !

— T'as une tête de cul, renchérit-il avec un sourire arrogant tout en s'appuyant contre la porte.

— Merci toi aussi, maintenant dégage de ma chambre ! lui crachai-je dessus en lui jetant un de mes coussins.

Jason me le renvoya dessus et partit en rigolant. Il était le seul qui depuis deux ans m'appelait encore Nevaeh. En effet, à quinze ans j'avais décidé que tout le monde m'appellerait Neve car mon nom entier ravivait trop de mauvais souvenirs. De plus, il fallait avouer que mon nom était un peu bizarre : Heaven épelé à l'envers. Je m'étais toujours demandée pourquoi mes parents m'avaient nommée ainsi.

Mon petit frère et moi avions quatre ans d'écart, et malgré cela il était quasiment aussi grand que moi. Avec les cheveux bruns de notre père mais les yeux verts de notre mère, c'était une petite tête et le fils prodige de la famille.

Je me rallongeai dans mon lit observant ma chambre d'un regard distrait. Elle était assez grande et dotée d'immenses fenêtres qui laissaient passer la lumière, pourvue d'un lit double collé au milieu du mur du fond, d'une armoire à gauche de la porte et d'un bureau près de la fenêtre du mur de droite. Celui-ci était coloré d'un bleu pâle et au dessus du bureau étaient accrochés de nombreux dessins, photos ou même citations et paroles de chansons qui faisaient trembler mes parents. Mes longs rideaux beiges rappelaient le sable de notre ville côtière et allaient bien avec la blancheur des autres murs de la pièce. Avant j'adorais cette chambre, elle m'apaisait et je m'y sentais bien. A présent, elle ne me rappelait que des mauvais souvenirs et j'espérais pouvoir la changer.

La seule chose qui me plaisait réellement était le plafond peint de multiples points faits à la peinture phosphorescente, qui dans la nuit apparaissaient comme des constellations. Cela me rappelait mes souvenirs d'enfance avec mes meilleures amies, on adorait s'allonger dans l'herbe pour regarder les étoiles. Quand je n'avais pas l'envie de me lever ou que le ciel était voilé m'empêchant ainsi de voir les vraies, cela permettait à mon esprit de s'évader.

Au pied de mon lit se trouvaient mes gants de boxe avec lesquels j'allais m'entraîner une fois par semaine. J'avais commencé ce sport lors d'une mauvaise passe après la mort d'une de mes amies et cela avait permis d'évacuer le surplus de rage que j'avais en moi.

De mon lit, je pouvais voir la mer qui longeait Pacific Grove. J'avais toujours habité cette ville d'un peu plus de 15 000 habitants située à environ 2h30 de San Francisco. J'adorais cet endroit avec ses falaises en bord de mer où j'allais souvent crier mes malheurs et mes angoisses en fin de journée ou encore le Phare Point Pinos, le plus vieux phare encore en activité de la côte Ouest, qui me donnait l'impression par sa grandeur, que mes problèmes étaient insignifiants.

Le soir avant de me coucher, je m'installais souvent à ma fenêtre pour admirer l'astre de la nuit se refléter sur l'étendue d'eau. Le mouvement des vagues m'apaisait et j'avais l'impression qu'elles engloutissaient mes tourments. Je regardais également les étoiles, ces beautés merveilleuses naissant des rêves des anges et m'imaginais voyager sur chacune d'entre elles. J'adorais me perdre dans mon imagination.

Vivre et Revivre [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant