Vivre et Revivre [EN PAUSE]

2. Le réveil

Avec un nouveau jour vient une nouvelle
force et de nouvelles pensées.
Eleonore Roosevelt

J'émergeai doucement de mon sommeil. Mes oreilles bourdonnaient et j'avais l'impression qu'un camion m'avait roulé dessus. J'ouvris les yeux et la lumière m'éblouit tellement que je les refermai sans attendre. La dernière chose dont je me souvenais était d'être sortie du lycée.

Après quelques instants, je commençai à observer les alentours en balayant la pièce du regard ; je ne la reconnaissais pas. Elle était de taille moyenne, deux grandes fenêtres illuminant ses murs blancs. Allongée sur le grand lit, je distinguais une table avec ce qui ressemblait vaguement à du maquillage, tandis qu'une bibliothèque et un miroir encadraient la porte d'entrée.

Paniquée, je me redressai mais m'arrêtai en position assise, ma tête me faisant trop mal. Mes oreilles sifflaient à présent comme si un train était passé à toute vitesse près d'elles. J'essayai de me souvenir de la façon dont j'avais atterri ici, en vain. Je regardai donc à ma gauche et vis une porte de placard ouverte de laquelle dépassaient certains vêtements. C'était très différent de ce que je portais tous les jours. Il y avait des chemisiers, des blouses, quelques t-shirts mais aucun sweat. J'apercevais également des vêtements d'homme dépasser ; des chemises, des pulls et quelques vestes.

Au bout de quelques minutes, me sentant un peu mieux, je décidai de me lever et de chercher des indices. Scannant la pièce du regard, je vis ce qui ressemblait à un gros écran sur la table de nuit. Je le pris en main et il s'alluma. On aurait dit un téléphone avec des contacts, des messages et pleins d'autres fonctionnalités que je ne connaissais pas. Je cherchai les touches qu'il y avait sur tous les téléphones avant de me rendre compte que quand je passais mon doigt sur l'écran, celui-ci bougeait. Je décidai de le regarder en détails plus tard et le reposai donc à sa place, préférant continuer ma petite enquête.

Choisissant d'explorer les lieux, je me levai et en passant devant le miroir, j'eus un choc. Je n'étais pas moi. Enfin pas moi, moi.

J'avais l'air d'une Neve plus vieille. Mes cheveux n'avaient pas changé si ce n'est quelques mèches couleur paille qui semblaient éclairer mon visage. Mes yeux, mon nez, mes joues ou ma bouche étaient les mêmes. La majorité de mes piercings aux oreilles avaient disparu, il ne me restait plus que les deux trous ordinaires : ceux que tout le monde avait dans lesquels demeuraient des minis créoles argents. N'y croyant pas, je me mis à tâter ma figure pour essayer de comprendre.

Je regardai plus en détail mes habits. Un legging noir et une brassière de sport blanche surmontée d'une chemise à carreaux rouge qui avait tout l'air d'être une chemise d'homme. Mais ce n'est pas ce qui me choquait le plus, j'avais un nombre impressionnant de cicatrices sur le ventre qui avaient l'air de dater un peu. Étrangement, mon bonnet semblait avoir doublé de volume, c'était anormalement lourd. En dessous de ma poitrine, était également écrit quelque chose qui n'était pas totalement caché par ma brassière. Je la remontai alors et découvris avec étonnement un tatouage de la phrase Words never die, autrement dit les mots ne meurent jamais.

Ne comprenant pas le fin mot de tout ça, je me mis à me pincer et à me taper à divers endroits pour vérifier que j'étais bien éveillée. J'étais terrorisée d'être dans un endroit que je ne connaissais pas, dans un corps qui n'était pas réellement le mien et sans aucun repère.

L'angoisse et la peur prirent possession de mon être comme deux monstres affamés, me faisant m'asseoir sur le lit les mains tremblantes. Je ne comprenais pas où j'étais, qui j'étais ; je ne reconnaissais rien. Ma respiration s'accéléra en même temps que mon cœur qui commença une course folle. J'avais l'impression d'être au bord de la crise cardiaque. Me reprenant en main, j'inspirais et expirais fortement pour reprendre mon souffle avant de me lever.