26. Étrange rencontre

44 9 31
                                    

Il faut se pardonner beaucoup à soi-même pour s'habituer à pardonner beaucoup à autrui.
Anatole France

J'ouvrai les yeux difficilement en sentant mon corps balloté par un mouvement de balancier. Ce n'était qu'en tombant sur deux billes chocolats qui me regardaient fixement que je compris que je me trouvais dans les bras de Noah vers une destination m'étant inconnue. En voyant mon regard plein d'interrogation, il me chuchota doucement :

—   T'inquiète pas, rendors toi...

J'entendis une porte se refermer et je sentis qu'on me posait sur une surface moelleuse et fraiche avant de rapidement retomber dans l'inconscience.

° ° °

Je papillonnais des paupières, soudainement gênée par la lumière qui passait à travers les rideaux. J'essayais de me relever afin d'observer les lieux mais je me sentais retenue par une étreinte puissante. Ce ne fut que lorsque je tournais la tête que je compris. Noah se trouvait là, endormi, un bras autour de moi.

Alarmée je tentais de me rappeler ce qu'il s'était passé la veille afin que j'atterrisse ici. En vain. Mon cerveau ne répondait plus et je reposais doucement ma tête sur l'oreiller. Après quelques secondes à fixer le plafond, perdue dans mes pensées, je tentais tant bien que mal de me soustraire de son étreinte afin de me lever. Peine perdue.

Je laissais mes yeux errer calmement dans la pièce pour observer mon environnement. La chambre était plutôt grande, les murs autour de moi colorés d'un blanc neutre et celui où le lit était collé d'un gris charbon presque noir. J'aimais beaucoup le style de la chambre ; des tables de nuits et lampes industrielles, un grand écran plat en face du lit et des œuvres d'art abstraites. Le tout semblait cohérent mais j'avais du mal à imaginer Noah créant cette ambiance.

Mon regard tomba distraitement sur la table de chevet où reposait un réveil numérique. Merde ! 10 : 12. J'allais être en retard pour mon rendez-vous de 11 heures avec la passeuse d'âme. En plus, je devais préparer mes affaires pour mes cours de sport d'aujourd'hui et tout mettre en ordre pour récupérer mon lit dans l'après-midi. Plus vraiment concernée par le fait de laisser Noah dormir, j'enlevais son bras de ma taille et me redressait rapidement. Il grogna avant de le reposer sur ses yeux pour bloquer la lumière.

— Quelle heure il est ? demanda-t-il de sa voix rauque par le sommeil.

— 10h14... Putain qu'est-ce que je fais là ? Pourquoi tu m'as ramenée dans ta chambre ? rétorquai-je véhément en ajustant mon haut de pyjama.

— Bah j'allais pas te laisser dormir inconfortablement sur le canapé alors que le lit ici est bien assez grand pour nous deux, me répondit-il un sourire amusé sur le visage.

— Super et tu ne t'es pas dit que le fait que j'avais refuser avant-hier voulait peut-être dire que je ne voulais pas. Ou que j'avais un rendez-vous important aujourd'hui et que je vais être en retard à cause de toi ! balançai-je en regardant l'heure. Putain, je vais vraiment être à la bourre ! affirmai-je tout en me dirigeant vers la porte alors qu'il se redressait en position assise.

J'arrivais rapidement dans le couloir pour me diriger vers ma chambre et m'habiller quand j'entendis une voix pleine de malice crier derrière moi :

— On remet ça quand tu veux !

—   Rêve crétin, ce soir j'ai mon lit ! achevai-je la discussion en claquant la porte de ma chambre pour m'habiller en deux temps trois mouvements.

° ° °

Cela faisait quelques minutes que je marchais dans les rues de San-Francisco quand j'arrivai enfin devant le numéro 103. Je tapais le code indiqué sur mon téléphone avant d'entendre le son caractéristique du déverrouillage et de rentrer dans le hall de l'immeuble.

Vivre et Revivre [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant