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Lenka s'échappe de mes jambes et se retrouve face à moi, entre les barres de métal.

- Papa et oncle Mikuo m'ont dit que tu n'arrives plus à marcher. C'est vrai ?

Je hoche la tête en baissant la tête. J'aurais préféré qu'elle ne sache pas, mais je ne peux pas lui en vouloir. Elle a dû vouloir avoir la vérité. Elle a dû la chercher. C'est peut-être mieux qu'elle le sache, au fond. Vivre dans le mensonge n'est pas ce que je souhaite pour elle.

- Alors moi je vais t'aider ! s'exclame-t-elle dans une assurance incroyable.

Ma propre fille m'épate. Je lève la tête vers elle et la découvre, visiblement décidée, les poings sur les hanches. Elle a l'attitude d'une personne tellement plus âgée qu'elle. Quelle maturité...

- Allez, maman. Tu peux le faire !

Je veux réessayer. Pour elle, je pourrais être seule contre le monde juste pour la voir sourire. Je sens la détermination s'électriser sur le bouts de mes doigts pour remonter à mes paumes, mes bras, mon thorax et envahir mon corps entier. J'élève mes bras vers les barres de métal.

Aujourd'hui. Aujourd'hui, je veux faire mes premiers pas depuis longtemps. Une confiance m'envahit et réchauffe mon corps entier. Mes mains se posent sur le métal froid qui semblent se réchauffer instantanément quand mes doigts suivent la rondeur des barres.

Lenka se met à briller des yeux alors que son sourire s'agrandit. Ses poings quittent ses hanches pour se rapprocher de son visage. Len détaille chacun de mes mouvements, suivant à la trace mes démarches. Je lis sur son visage de la surprise, mais aussi de l'encouragement. Mikuo lui sourit et hoche simplement la tête. Il est certain, il est sûr de lui. Je connais son regard. Il annonce quelque chose.

Prise d'un violent élan, je force des bras pour me lever debout. Len s'approche rapidement, à l'affût, si jamais je tombe à nouveau. Presque debout, je tente de poser mes pieds de façon à ce que je sois perpendiculaire au sol.

- Ah !

Mon cri de surprise effraie les autres. Mes pieds ! Mes jambes ! Je peux les sentir sous mon poids ! Mes jambes, envahies de fourmis, tremblotent sous moi, mais réussissent à me tenir debout. C'est le plus beau jour de ma vie ! Des larmes se forment sous mes yeux. Mon réflexe, c'est de me les essuyer. Cependant, en retirant l'une de mes mains, je perds mon équilibre que je venais d'acquérir et commence à tomber à la renverse.

Len me rattrape. Il pose ma main sur la barre de métal.

- Ne défais pas ce que tu viens d'accomplir.

Je sens son souffle à travers mes cheveux. Il se fraie un chemin jusqu'à ma nuque. Il est avec moi, je peux réussir. Je me tiens enfin debout ! À vrai dire, je ne me tiens debout que grâce à mes bras, mais c'est une énorme étape. Je dirige mon regard vers mon frère. Mikuo me fait un énorme sourire accompagné d'un pouce, m'encourageant à ne pas abandonner. Le sourire veut surtout dire qu'il avait raison de me forcer à essayer de nouveau aujourd'hui.

Je lui souris en retour et Len me dirige de ses paroles.

- Essaie de marcher vers Lenka, mais appuie-toi sur les barres.

Les yeux rivés sur ma fille, les fourmis commencent à s'échapper de mes jambes. La blondinette devant moi se recule un peu avant de m'encourager à avancer.

Puis...


... c'est la chute.

*-*-*-*-*-*

Une semaine après avoir commencé à me tenir debout, je suis de retour à la maison. Je ne peux pas encore reprendre le travail, faute d'être trop faible. Ça me déçoit, oui, mais je suis traitée aux petits oignons chez moi.

Lenka était beaucoup trop heureuse de me retrouver qu'elle venait me visiter à tous les jours suivant notre premier exercice tous ensemble.

Désormais, elle doit aller à l'école et elle est déçue de ne pas pouvoir rater de l'école pour pouvoir rester avec moi. Len a du lui expliquer qu'elle a raté trop d'école déjà à cause qu'elle était malade et que ce serait le moment pour elle de se faire des amis et d'apprendre plein de belles choses. Lenka a mordu à l'hameçon, me permettant d'être de retour à la maison sans son trop plein d'énergie.

Pas que je n'aime pas l'énergie de ma fille, mais disons que je veux un peu de calme en retournant dans mon chez moi.

Enfin arrivés dans notre stationnement, Len ferme le moteur de la voiture et sort rapidement. Il ouvre la porte derrière moi pour en sortir l'affreuse chaise roulante avant d'ouvrir ma porte et de m'aider à m'installer sur le siège. Il pousse la chaise et nous fait entrer dans notre humble demeure.

- Bon retour chez toi, ma princesse.

Il fait avancer un peu la chaise avant de dire :

- Bon, je sais que tu as horreur de la chaise, alors viens là.

Il met les freins sur la chaise roulante et se positionne à ma gauche. Len passe un premier bras sous mes genoux et passe l'autre bras vers le haut de mon dos. Ce dernier bras pose sa main près de mon épaule. Dans une force que je ne me souvenais pas, Len me soulève et me porte comme une princesse (ou une mariée ?) pour aller s'asseoir sur le sofa. Il tâche de m'asseoir confortablement sur lui avant de monter ses mains vers ma tête.

Ses doigts se glissent entre mes cheveux. Son regard remplit de tendresse m'envoûte et me fait oublier la situation dans laquelle je me situe présentement.

- Tu es une femme incroyablement forte, tu le sais ? dit-il dans une voix charmeuse.

- Mh mh, fais-je en étant ensorcelée dans son petit manège.

- Il y a quelque chose que je voudrais faire, commence-t-il en baissant les yeux sur mon visage.

Pourquoi est-ce que je frissonne ?

- Sans que je sente que je doive me retenir, ajoute-t-il en fermant les yeux.

Son visage s'approche doucement de moi, de mon propre visage. Je sais ce qu'il veut, et intérieurement, je ne peux pas cacher que j'en ai envie aussi. 

Je veux l'embrasser. Je veux qu'il m'embrasse. Je veux qu'on s'embrasse.

Ses lèvres se déposent sur les miennes. Je ferme donc les yeux, les mains contre son torse.

(NDA: Image de référence, pour une rare fois, qui m'a donné envie du moment mignon ! Certains me diront, s'ils ont bonne mémoire, «Hey, c'était pas ta photo de profil auparavant ?». hehehehe, oui.)

C'est un échange doux, plein d'amour, qui prend pourtant fin rapidement

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C'est un échange doux, plein d'amour, qui prend pourtant fin rapidement. Len me regarde de nouveau dans les yeux. Il murmure.

- Jamais je ne veux que tu perdes espoir. On va continuer à te faire marcher jusqu'à ce que ça te soit revenu complètement.

Je hoche la tête à ses dires. Il ne faut pas perdre espoir.

- Nous allons affronter cette étape ensemble, comme tout couple devrait le faire, d'accord, Miku ?

Je lui souris et lui dépose un petit baiser sur le nez.

- D'accord, Len.

Affrontons la vie { 4 }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant