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Peu de temps après le départ du médecin, la porte s'ouvre de nouveau. Mon regard quitte la fenêtre et je n'ai le temps que de voir que deux personnes se jettent sur moi. Entourée de deux paires de bras, je suis serrée très fort.

- Miku ! font les deux personnes à l'unisson.

Je me sens étouffée. Je demande à ce qu'on me lâche. La première personne que je croise le regard est mon grand frère adoré.

- Mikuo ! je dis en balbutiant.

Malgré que je ne voulais plus du câlin violent dont j'ai été victime, j'en réclame un nouveau. Mon frère me sert tendrement dans ses bras alors qu'il pleure à chaudes lames.

- Tu vas bien, l'entend-je dire près de mon oreille. C'est la meilleure des nouvelles.

Il brise l'accolade en prenant les épaules et essuyant ses larmes contre ses bras tendus. Il sourit et me dit :

- Je vais te laisser seule avec ton autre visiteur un moment.

Il fait un clin d'oeil à l'intention de cette autre personne. Il commence à s'en aller alors que je me tourne vers la deuxième personne. Je pourrais le reconnaître entre mille ! Ses cheveux d'or sont en bataille, ses yeux bleus électriques brillent par les larmes qui se forment.

- Len, dis-je en tremblant de ma voix.

- M-Miku...

Une première main se glisse dans ma nuque et caresse mes cheveux. L'autre s'approche alors doucement de ma joue. Il sanglote légèrement en passant son pouce sous mon oeil.

- C'est bien réel, tu es bien vivante, dit-il en bégayant.

Sa main à ma nuque change de place pour aller sur mon autre joue. Mes larmes coulent. Je suis si heureuse de le voir.

- Ne pleure pas, princesse, dit Len en riant tristement. Tu vas me faire pleurer.

- Tu pleures déjà, je le reprends en essuyant de mon doigt la larme qui coule sur sa joue.

- Chut..., murmure-t-il en s'approchant de moi.

Mon coeur bat la chamade. J'ai l'impression que le tambour dans ma tête s'apaise. Len pose doucement ses lèvres contre les miennes. Il m'embrasse tendrement. Le tambour disparait de ma tête. Ses lèvres sont si douces... La chaleur confortable de nos baisers semblait si lointaine. La douceur des ses doigts contre ma peau... Son souffle chaud contre ma peau...

Le baiser prend fin et Len caresse mes cheveux.

- J'ai eu si peur de ne pas te revoir. J'ai eu si peur de te perdre.

Il est affreusement cerné. N'a-t-il pas dormi ? J'ai cru comprendre que j'étais dans le coma depuis deux semaines. Comment va Lenka ? Que s'est-il passé dans mon absence ? Oh, je me sens si mal d'avoir laissé tout le monde seul !

Mes mains tremblent, je suis si incorrecte, si injuste envers eux.

- Miku.

Len prend ma main dans les siennes. Il embrasse le dessus de ma main pour ensuite me sourire adorablement. Il dirige ma main vers sa poitrine et pose ma main dessus. Je sens son coeur battre. Il bat un peu vite. Néanmoins, sentir le battement de son coeur me calme. On dirait que mes soucis s'envolent. Mes larmes arrêtent de couler. Comment fait-il pour maîtriser mes émotions si facilement comme toujours malgré ce que je viens de vivre ?

Ah, les choses qui me charment chez Len...

- Tout va bien, Miku. Même Lenka est revenue à la maison.

Sous la bonne nouvelle, je ne peux m'empêcher de verser des larmes. Lenka va bien malgré tout ! C'est tout ce qui compte, sa santé. Ma main serre les doigts et agrippant le chandail de Len au passage. Mon mari essuie mes larmes et mon frère entre dans la chambre. Je retire ma main de la poitrine de Len et mon frère s'approche. Mikuo me sourit et commence à détendre l'atmosphère en racontant des anecdotes.

Il arrache des petits rires de Len et moi. Il sourit de sa réussite.

*-*-*-*-*-*

°Point de vue de Len°

Je suis allé manger avec Mikuo. Il m'a ramené à l'hôpital en milieu d'après-midi. J'en ai profité pour apporter des fleurs à Miku. J'espère qu'elle va les aimer. J'entre dans l'immeuble et me dirige à la chambre de ma bien aimée. Je prends la poignée dans ma main et la tourne. En entrant dans la pièce, je découvre ma femme les deux mains contre son visage, sanglotante. Elle pleure et tremble de partout.

- Ma chérie, dis-je en voulant son attention.

Quand ses yeux semblent m'observer entre ses doigts, je lui montre le bouquet que je lui ai apporté. Elle recommence à pleurer, plus intensément. Que se passe-t-il ? Je m'approche donc et pose les fleurs sur la table de chevet à sa droite. Je découvre un peu d'espace près d'elle. Je prends possession de cet espace en m'asseyant et je passe ma main sur sa joue, tournant son visage vers moi.

- Qu'y a-t-il ?

- Oh, Len...!

Elle me sert dans ses bras en sanglotant. Elle loge sa tête dans mon cou alors que je l'entoure de mes bras. Je caresse ses cheveux et tente de la réconforter. Je veux qu'elle s'ouvre à moi, qu'elle me dise ce qui la rend si malheureuse. Elle me sert fort dans ses bras. Elle murmure qu'elle est désolée.

- Pourquoi es-tu désolée ?

Elle renifle et dit que ce n'est rien. Je me lève, mettant fin à notre étreinte. Vivement, Miku lève le bras pour attraper mon avant-bras. Ses doigts tremblent tellement elle me sert fort. Elle lève le regard vers moi. Ses yeux sont noyés de larmes, elles coulent partout sur ses joues C'est comme si elles avaient plusieurs petites chutes d'eau sur son visage.

Son murmure me fend le coeur. Elle n'arrive plus à marcher. Elle ne tient pas debout sur ses propres jambes. Elle doit faire de la physiothérapie afin de pouvoir recommencer à marcher.

Peiné, je m'asseois de nouveau sur le lit et la sert dans mes bras. Je la berce légèrement, cherchant à trouver le réconfort dont elle a besoin.

- Je suis là pour toi, lui dis-je. Nous allons affronter ça... ensemble.

Je sens ses doigts serrer mon chandail dans mon dos. Ses larmes coulent dans mon cou. J'espère que celui ou celle responsable du malheur de l'amour de ma vie est puni. Personne ne devrait mériter un tel sort. Surtout ma Miku...

Je vais l'aider à réapprendre à marcher. Elle va réussir, elle va s'en sortir.

- Tout va bien, Miku, dis-je en murmurant.

- Non ! se plaint-elle.

Il y a plus ? Si oui, je n'arrive pas à deviner ce que c'est. Je voudrais qu'elle me le dise, qu'elle partage sa peine avec moi et que je puisse la réconforter. Le malheur attaque toute ma famille, je ne veux plus de problèmes, je veux voir ma femme et ma fille sourire. Est-ce trop demander ?

Les cris de détresse de Miku remplissent la pièce alors que je reste figé à l'annonce qu'elle me fait.

- J'étais enceinte, j'ai perdu le bébé !

Affrontons la vie { 4 }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant