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Deux semaines se sont écoulés depuis le premier don de sang de Lenka. Elle dort encore beaucoup, mais nous ne pouvons pas lui en vouloir, les traitements et son virus l'épuisent. Les médecins disent qu'elle a de belles chances de s'en sortir rapidement. Elle a moins mauvaise mine, son sourire est plus radieux, c'est tout ce que mon coeur de maman pourrait souhaiter. Voir son état s'améliorer améliore mon humeur. Même Len retrouve de l'énergie.

Dois-je dire malheureusement ou heureusement ? Je l'ignore... Mais puisque je suis célèbre, sans vouloir penser «grâce à» ou «à cause de», ma vie privée a été dévoilée au grand jour et plusieurs donneurs potentiels se sont présentés pour aider Lenka. Tous voulaient aider, tous voulaient partager leurs bonnes intentions, leurs ondes positives. Tout ça a pu permettre Lenka d'avoir des transfusions rapidement et efficacement.

Je ne saurais jamais comment remercier ceux qui me sont venus en aide. Que ce soit tous ces donneurs, ou Rin, qui a veillé sur notre fille lors de nos absences, ou Mikuo, qui m'a servi de support principal de moral. Ou même Len qui, malgré sa propre peine, a su rester fort pour lui et moi. VOCALOID ne m'a pas embêté non plus. Ce qui m'a permis de respirer à mon rythme.

Depuis hier, Lenka n'a plus besoin du masque respiratoire. Maintenant, on peut profiter pleinement de ses sourires, de ses paroles, de tout ce qu'elle peut nous partager par la bouche. Les médecins vont bientôt aussi retirer son soluté, puisqu'elle arrive maintenant à prendre de petites bouchées. Elle a hâte de voir quelque chose disparaître de ses bras.

Lenka est tout simplement étonnante. Malgré tout ce qui lui arrivait, elle était la première à nous rassurer. Son sourire, ses câlins quand elle en avait la force, tout nous disait de ne pas nous inquiéter. Elle nous le disait clairement à tous les jours. Il lui arrivait que c'était elle qui essuyait mes larmes, en me disant de sourire. Cette petite fille ira très loin, et ce n'est pas parce que c'est la mienne que je pense ça !

- Raconte-moi encore les débuts de maman, papa !

Son nouveau passe-temps, lors de nos visites, sont les histoires que Len raconte à mon sujet. Il parle surtout de mes premiers concerts, de mes débuts en tant que chanteuse. Ça fait rêver Lenka, qui dit parfois qu'elle veut faire comme maman. À chaque fois, ça m'arrache un sourire.

Len lui raconte donc passionnément le premier concert que j'ai livré, comment j'étais à l'aise, à quel point l'audience était charmée, que c'était haut en couleurs. Il raconte tout dans des détails si inutiles que la petite blondinette en redemande toujours plus. Elle adore les petits détails inutiles. Quand j'essaie de dire au raconteur que ça ne sert à rien de dire tout ça, Lenka intervient avec la même phrase qu'à son habitude :

- Chut, maman. C'est super important.

Elle finit sa phrase par un doux rire avant de reconcentrer son attention sur son père. Ce dernier me jette parfois d'amoureux regards, revivant ces instants où tout était nouveau. Parfois, pour me faire plaisir, il se prend pour un adolescent et reprend ses mimiques d'antan pour me faire tomber à nouveau sous son charme. Ça marche drôlement bien quand je lui fais la gueule. Après, je n'ai qu'envie de le serrer dans mes bras, l'embrasser, nous prendre pour un jeune couple...

- Je suis de retour, annonce Rin qui était partie manger.

C'est le signal, ça veut dire que c'est maintenant le temps de retourner à la maison et de dormir.

- Tante Rin ! fait Lenka.

La femme s'approche de sa nièce et lui offre un joli sourire. Son jumeau quitte le chevet du lit et fait comme moi, se dirige à l'entrée de la chambre. Avant de prendre la poignée dans ma main, je me retourne vers notre fille et lui fait un signe de la main.

- Bonne nuit, ma puce.

Je lui envoie un bisou volant, comme elle les adore, et quitte la pièce avec mon mari. Il glisse ses doigts entre les miens et nous allons prendre la voiture pour retourner chez nous. Le trajet se fait tranquillement et sans accro. Nous voilà à la maison.

Là, l'ambiance est moins tendu qu'au retour de mon don de sang. Je vais à la cuisine et vole une pomme, histoire d'avoir un petit quelque chose dans l'estomac avant d'aller me coucher. Je croque à pleine dents dans le fruit, qui échappe son jus sucré. Elle est délicieuse !

Len, incapable de changer ses habitudes, lui, se procure une banane. Je ne comprendrai jamais ce qu'il trouve à ce fruit. Il dit que c'est les meilleurs. Il adore beaucoup trop les bananes. Il l'épluche rapidement avant d'y mordre.

Moi, j'ai une habitude depuis que nous avons emménager ensemble qui le titille au plus haut point, mais je m'en fiche. Avant de prendre une deuxième bouchée de ma pomme, je m'asseois sur le comptoir central de la cuisine.

- Miku, soupire déjà Len.

Je lui fais une grimace avant de mordre dans le fruit.

- Au moins, tu ne fais pas ça devant Lenka, tente-t-il de se rassurer en esquissant un sourire.

Il a raison. Devant elle, j'essaie de lui montrer les bonnes manières et ce qu'il ne faut pas faire. De toute façon, elle est trop petite pour grimper elle-même sur le comptoir.

Je suis heureuse qu'on soit allé la voir, aujourd'hui. Je crois que c'était la plus belle journée pour le moment à l'hôpital. Elle était beaucoup plus joyeuse, plus énergique et elle semblait avoir retrouvé son humeur habituelle. J'espère que Rin et Len l'ont aussi remarqué. Ça m'a fait un bien fou de la voir comme ça. On dirait que le stress et la peur qui me hantait depuis deux semaines se sont enlevés de mes épaules. Je ne ressens plus le poids, je me sens légère. Du moins, pas totalement, mais ça va en s'améliorant.

Ayant terminé sa banane, Len s'approche de moi en se positionnant devant moi. Il décroise mes genoux que j'avais préalablement, et évidemment, croisés et les écarte, comblant l'espace entre les deux. Il enlève délicatement la pomme de ma main en me tirant vers lui, les mains sur mes hanches.

- Tu es la femme la plus courageuse que je connaisse, murmure-t-il.

Je souris.

- Grâce à toi, Lenka va de mieux en mieux, en plus de m'aider à supporter la situation.

L'une de ses mains s'échappe de mes hanches et soulève ma main gauche vers son visage. Len me fait un baise-main drôlement près de mon alliance. Ça m'arrache des rougeurs qui n'échappe pas à son regard qui se teint d'amour. Son front se pose sur le mien et ses yeux croisent les miens.

- Tu es vraiment l'épouse que j'ai toujours rêvée d'avoir.

Il me donne un petit baiser sur les lèvres avant de reprendre notre position front à front, pendant que je passe mes bras autour de son cou. Il ferme les yeux et chuchote gaiement :

- Lenka va s'en sortir, je le sens.

Affrontons la vie { 4 }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant