3. Third Saturday : Dancing til the break of dawn

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- Tu n'es pas revenue des toilettes, je t'ai attendu presque toute la soirée. Qu'est ce qu'il s'est passé ?

- J'étais fatiguée, je suis rentrée directement chez moi, je réponds à Mattéo sans même prendre le temps de le regarder.

- Fous toi de ma gueule, dit-il agacé.

- Je te dis la vérité, c'est pas un gamin de même pas vingt ans qui va me faire la morale, merde. Mêle toi de tes affaires de riches. Laisse moi tranquille.

Je commence à péter les plombs tandis que je finis de me démaquiller. La soirée à été un vrai fiasco. Les filles ont protesté contre le patron, certaines d'entre elles ont refusé de danser. Fabrice n'a pas apprécié et en a viré quelques unes. Léa, notamment.

- Je veux et je peux te sortir de là, tu comprends ? Tu vas pas finir ta carrière dans ce trou miteux, hein ? Tu as des diplômes, tu peux faire quelque chose de grands, insiste le jeune français.

- Pourquoi tu ressens le besoin de faire quelque chose de bien, hein ? Pourquoi moi, je souffle. Tu m'énerves.

- Parce que tu as quelque chose de particulier, ça m'a attiré. J'en sais rien. Tu me demandes de ces trucs...

Je le regarde désabusée. Est ce qu'il vient oser de me déclarer son attirance pour moi ? Quelle blague. Ca ne fait même pas trois semaines que l'on se connaît. Je me lève de mon siège. Matteo me suit bien décidé à savoir ce qui m'a empêché de le rejoindre la semaine dernière.

- La question que je te pose pas moi c'est pourquoi tu es dans ce club tous les samedis soirs hein ? Tu n'as pas mieux a faire ? T'as vingt tout au plus, ici c'est pas pour les jeunes comme toi.

- Je... Je n'en sais rien... Je suis paumé en ce moment. Je suis nouveau à Londres, bégaye-t-il désarçonné.

- Ah et c'est en fréquentant ce genre d'endroit que tu penses pouvoir t'intégrer dans la société anglaise ? Sors autre part, Mattéo. Il y a tellement d'endroits plus fréquentables que celui-ci...

J'enlève ma tenue. Je me retrouve en sous vêtement en plein milieu des coulisses. Le gamin semble désorienté par mon geste.

- Eh, tu sais que les gens peuvent te mater ?

- Qu'est ce que ça fait, hein ? La moitié des filles ici se font mater à longueur de soirée. Au moins, ici, on est entre nous, je lui explique.

Il essaie de cacher mon corps presque nu avec le sien qui est tout frêle. Je me dégage de lui et vais récupérer mes vêtements posés sur des cintres.

- Tu n'as pas répondu à ma question, au fait, je lui rappelle.

- Je suis là parce que... Je t'aime bien, dit-il évasivement.

Je souris légèrement tandis que j'enfile mon pantalon. C'est bien ce que je pensais, celui là ne pense qu'avec sa bite. Les hommes se ressemblent tous.

- J'aime bien ta personnalité et je sais que tu n'es pas à ta place ici, continue-t-il. Tu as fait des études non ? Tu peux être embauché quelque part dans un job plus intéressant ou des hommes ne te dévore pas le cul !

Mattéo arrête de parler. Il pense qu'il est allé trop loin.

- J'ai arrêté mes études quand je suis tombée amoureuse. Il s'appelait Kalvin. On est partit aux États Unis et je suis tombée enceinte, il m'a laissé tomber du jour au lendemain. Je n'ai pas eu la force de continuer mes études.

- Des études en quoi ?

- Médecine, je suis passionnée par ça mais je n'ai pas le temps et pas les moyens de me les financer.

- Je peux moi, propose Mattéo.

Je lève les yeux au ciel, j'ai l'impression qu'il veut à tout prix étaler sa richesse devant moi, comme pour m'impressionner.

- Tu as vingt ans. Occupe toi d'abord de tes études, tu veux ?

C'est à son tour de lever les yeux au ciel. Je crois que j'ai trop insisté sur son âge.

- Je suis footballeur et je joue à Arsenal. J'ai un très bon salaire et je peux me permettre de le diviser, dit-il.

Je le regarde d'un air méfiant.

- Je n'ai pas besoin de ton argent et de ta pitié. Je suis très bien ici.

- Et pour l'éducation de Joan, tu y penses ? Je ne pense pas !

Je ne trouve plus les mots. C'est que ce petit bonhomme à une bonne rhétorique.

- Je fais autre chose que ce boulot de danseuse qui me permet d'arrondir mes fins de mois, je mens. Et puis tu fais peur à vouloir à tout prix améliorer ma vie là. 

Je lui tape sur l'épaule pour le saluer et prend mon sac à main. Je me dirige vers la sortie du club, le gamin frisé est toujours sur mes talons. Qu'est ce qu'il peut être agaçant !

- Tu couches pour de l'argent, c'est ça ton activité ? C'est ce qu'il s'est passé la semaine dernière ? Il t'a violé ?

- Tout comme, je soupire enfin décidée à lui ouvrir mon coeur.

Nous nous retrouvons à l'air libre.

- Tu m'offres un verre ? J'ai besoin de penser à autre chose, dis-je au français.

- Je vais le dénoncer ! Et toi tu acceptes aussi simplement que ça ? Hé, Estelle, réveille toi !

Je m'allume une cigarette et en propose une a Matteo. Il la refuse d'un  mouvement de la main. J'ai oublié qu'il est footballeur. Un sportif de haut niveau se doit de préserver sa santé je crois.

- J'ai un coéquipier qui organise une soirée chez lui, je peux t'y emmener. Et cette fois y aura pas de vieux pervers qui te reluque avec des arrières pensées malsaines, je serais là moi. Pour te protéger, un peu comme un garde du corps si tu veux.

Il hèle un taxi et nous montons dedans. Le véhicule nous dépose quelques minutes plus tard devant une grande baraque comme je n'en ai jamais vu auparavant.

La musique peut s'entendre d'où on est. Je jette ma clope sur le bitume, un peu nerveuse.

- Il s'appelle comment ton pote ?

- Alexandre Lacazette, tu vas voir il est cool. Je veux que tu danse pour toi à partir de maintenant. Danse où la musique te mène, laisse la t'habiter et t'envahir. Sois toi même, ici personne ne te jugera. Et si t'es perdue regarde moi, je suis là.

Il me prend la main et m'amène sur le palier. Il sonne.

- Ouais c'est Matteo, j'amène une... une amie.

Alexandre Lacazette's house in London

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Alexandre Lacazette's house in London. 3.34 am

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Matteo aime bien Estelle héhé, pensez vous que c'est réciproque ?

Saturday nights // GuendouziOù les histoires vivent. Découvrez maintenant