"...To the land of the rising sun where our journeys begun..." (I)

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Le quartier était de ceux dont les maisons se ressemblent et s'assemblent jusqu'à la ligne d'horizon. Cette banlieue, proche de New-York avait, à première vue, tout de la banlieue parfaite américaine. Le voisinage y était excellent, les routes étaient en très bon état et les maisons, elles-même, semblaient neuves, malgré leur construction datant de 1965. Il n'y avait même jamais eu le moindre cambriolage. Ici le loyer, où le prix de l'habitation n'était pas excessif. Les Flanders vivaient ici depuis la création de la rue. Le patriarche, un homme bon de nature, était toujours prêt à aider. Il n'était pas le seul. Sa femme apportait souvent des collations ou offrait le dîner aux voisins proches. D'aucun pensait qu'il s'agissait là d'une façade, qu'il était impossible d'être aussi gentil par nature mais ils avaient tort. Les Flanders étaient comme ça par nature. Une maison plus loin se trouvaient les Pierces qui venaient du Kansas. Ils n'étaient pas aussi enclin à la bonté spontané mais cela relevait plus de leur arrivé récente que de leur manque de bonne volonté. Eux aussi venaient aider si on le leur demandait. De plus, le père était dans le bâtiment, donc à chaque fois qu'une des maisons présentait un problème de structure, il rappliquait avec ses outils sous le bras.

C'est au milieu de cette rue qu'avançait une Jeep au pas. Le conducteur cherchait visiblement une maison en particulier. Voilà, si l'on est de mauvaise fois, le seul problème de ce genre de quartier: les maisons se ressemblent tellement, qu'en trouver une précise en devient pénible. Le conducteur avait pourtant utilisé un GPS pour se rendre jusque là mais luttait quand même à trouver "la" maison. Celle qu'il cherchait se trouvait entre celles des Flanders et des Pierces. Elle avait d'abord été habitée par une famille de l'ancien continent, venant de France. Ensuite par la fille unique et sa famille et enfin par le petit fils. Lors du mariage de la fille unique, le nom avait changé, cachant les origines de la famille tout entière aux nouveaux voisins. Le conducteur arrêta sa voiture sur le bateau de la maison, bloquant la sortie de garage. Après s'être défait de sa ceinture ainsi que d'avoir coupé le contact, il sortit.

La maison en face de lui, celle pour laquelle il venait, ressemblait comme deux gouttes d'eau à la voisine, quelle que soit la voisine choisie pour la comparaison. Il avança jusqu'à la porte. Elle avait l'air solide, probablement car elle était renforcée pour éviter les vols. L'homme allait toquer quand il remarqua la sonnette. Il dirigea son doigt pour appuyer mais s'arrêta. "Je suis quasi certain que..." Il descendit doucement sa main sur la poignée et l'abaissa calmement. La porte s'ouvrit. "Mais quel génie !" Il eut l'air affligé par une telle négligence puis en profita pour entrer sans faire de bruit. Il avançait dans le couloir, toutes les portes étaient fermées. Seul l'accès au salon était praticable sans rien ouvrir. Il continua alors toujours sans faire de bruit. Il entendait le bruit de la télévision. Sans le salon, le canapé était orienté vers la télévision, à l'opposé de l'entrée par le couloir. Un autre homme était affalé dans le sofa, les yeux rivés sur son émission.

Le conducteur se prépara à surprendre l'homme sur le canapé quand un téléphone portable vola vers lui. Il attrapa par reflex. Il avait l'air très surpris.

- Tu sais qu'on est censé crier "Reflex !", avant de jeter quelque chose sur quelqu'un. grommela le conducteur.

L'homme du canapé se leva.

- Seulement quand le quelqu'un en question s'annonce avant d'entrer chez les gens comme un malpropre.

Les deux hommes se faisaient face, l'un plus petit que l'autre. Leurs visages prirent une expression souriante. Ils se serrèrent la main. L'homme du canapé invita d'un geste sa connaissance à prendre place autour de la table du salon.

- Alors, qu'est-ce qui t'amène ? Toi et ton V8 ?

- V10 ! Atmosphérique. corrigea le conducteur.

Au-delà du mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant