Au-delà du monde

"Kumakura, province de Sagami, 1724"

"- Capitaine !

L'homme venait de descendre de l'échelle rudimentaire taillée à même la paroi. Il semblait particulièrement agité. Plusieurs autres hommes étaient rassemblés autour de celui qui s'était reconnu à l'appellation "capitaine". En tout, ils étaient quatre. en face d'eux, à terre, se trouvaient un vieillard à genoux. Il était étendu au plus proche du capitaine pour symboliquement protéger ceux qui se cachaient derrière lui. Une jeune femme et son enfant.

Ces trois là doivent être de la ville. songea le pirate qui venait d'au-dessus.

- Eh bien ! Quoi donc ? demanda le capitaine. Est-ce qu'un de mes hommes aurait alerté la garde ?

- Non... tout se passe bien. répondit l'homme du dessus, clairement déstabilisé.

Il observa longuement les personnes impliquées. Il semblait troublé parce qu'il avait vu en venant.

- Alors dans ce cas, supervise mes hommes ! Je ne voudrais pas affronter ces attardés de bridés armés.

- En fait... j'ai du mal à contrôler leur nombre de victimes.

Le capitaine s'approcha de son homme et le pris sous le bras pendant que les trois autres pirates menaçaient les prisonniers.

- Voyons ! Laisse-les s'amuser un peu, mon ami ! La vie en mer est difficile ! Et même si nous passons de plus en plus de temps sur terre, la pression des armées de ces bouseux est constante ! Alors laisse-les décompresser, une femme ou deux ne devrait pas leur faire de mal !

Le sous-capitaine se crispa d'un coup. Son point se serra. Son souffle s'accéléra en même temps que son rythme cardiaque. Il s'écoula bien dix secondes, durant lesquelles son capitaine revint à son affaire, pour qu'il puissent calmer sa colère et bouger à nouveau. Quand il fut assez calme pour entreprendre un mouvement, son regard se figea sur la scène qui se déroulait entre les pirates et les prisonniers locaux. Le capitaine menaçait de sa lame en fer l'enfant et de son autre arme la femme qui le tenait. Il faisait tous cela en observant avec attention la réaction du vieillard. Il ne parlait pas un mot de japonnais mais ses années de piraterie lui avaient appris que la peur se passe de mots.

Le vieillard se leva, ne supportant pas l'idée de voir cet enfant mourir et de voir sa probable fille se faire violer sous ses yeux. Il indiqua ce qu'il se cachait dans cet antre en faisant tomber un faux mur. Derrière se trouvait un piédestal supportant une magnifique épée accompagnée de son fourreau. Le capitaine s'arrêta immédiatement devant la beauté de l'arme qui venait de lui être présentée. Il s'en approcha pour l'observer, tel un joaillier devant le plus gros diamant taillé du monde. Les trois pirates ricanèrent en observant faire leur capitaine. "Dommage qu'il avait prévu de les tuer quoi qu'il arrive." soupira l'un.

A ces mots, le sang du sous-capitaine ne fit qu'un tour. Il se dressa sur la route du capitaine.

- Vous n'avez pas le droit de leur voler une telle pièce alors que vos hommes ont déjà assemblé un grand butin, non sans verser le sang !

- Que fais-tu ?

- Vous avez prévu de les tuer ?

- Non, pas tout de suite ! Je m'amuserai un peu avec eux d'abord ! Ce serais dommage de gâcher !

Le sous-capitaine sorti son épée et défia le capitaine.

- Nous avons déjà amassé suffisamment de richesse et de marchandise ! L'homme que j'ai suivi dans la piraterie ne s'abaisserait jamais à un tel acharnement pour quelques belles armes en plus !

- Tu est un pirate, toi aussi ! Ne viens pas me faire la morale, mutin !

Le capitaine dégaina son épée et engagea le combat. Les deux hommes échangèrent quelques coups. S'étant côtoyer longtemps, les deux connaissaient la façon de se battre de l'adversaire. Il en résultait un presque match nul. Le sous-capitaine avait néanmoins l'avantage d'être plus petit. Dans cet endroit clos, il avait le dessus. Conscient de ceci, il lança une seconde offense. Un bras dans son champ de vison. Le bruit d'un chien armé. La pression de la détente. La friction du silex. Un éclair. Une détonation. Le vide."