Les côtes ensanglantées d'Eno-Shima (II)

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- Bon, nous y voilà !

Lux ouvrit les bras pour présenter la ville depuis la hauteur où ils se trouvaient.

- Kamakura ! Dans la préfecture de Kanaka... Kanog... Kata... Et merde !

Gautier s'approcha et tapa gentiment sur l'épaule de Lux.

- C'est pas grave...

Lux prit cela pour un affront. Il leva la tête d'un coup et refit le signe de présentation.

- Dans la préfecture de Kanagawa !

Gautier applaudit de manière ironique. Lux n'en tint pas compte.

- Pourquoi est-ce qu'on y va de nuit ? demanda Gautier.

- C'est une zone touristique et la nuit est profitable à la discrétion !

La lune brillait dans le ciel. Elle était presque pleine. Les étoiles étaient visibles malgré la lumière ambiante. Il faut dire que la pollution lumineuse de Tokyo était un océan en comparaison. Un océan qu'on pouvait distinguer au loin.

- On approche du temple. précisa Lux.

- Tu sais, j'ai des yeux !

Le temple de Kamakura était un lieu qui attirait beaucoup de touristes tous les jours. Le bâtiment principal était de ceux qu'on imagine en pensant au Japon. Un toit en tuiles rouges, courbé vers le haut à chaque coin. La nuit, malgré l'éclairage, ne rendait pas hommage à l'endroit si bien que Gautier ne put qu'apercevoir la beauté cachée de ce lieu. Lux avait triché, il s'était renseigné avant de partir pour, d'abord, s'organiser puis ensuite car il s'y intéressait, tout simplement. L'heure tardive n'avait pas encore fait vide cet endroit. Alors dans un élan de générosité particulièrement désintéressé, Lux proposa, d'abord, d'aller dans un restaurant non loin de là et d'en payer la note. Gautier n'était pas spécialement affamé mais sauta sur l'occasion.

Après avoir vagabondé pendant quelque temps autour de la zone cible  ils finirent par trouver un petit établissement où manger. Il était pour ainsi dire désert. Pas le désert qui vient d'un manque flagrant de qualité et de popularité mais plutôt le désert relaxant qui se contente de ses habitués pour garder une ambiance calme et sereine dans le tumulte de la vie quotidienne en ville. Il faisait donc parti de ce genre de bâtiment dont la devanture était au nom du propriétaire, datée, et ce depuis aussi longtemps qu'on s'en souvienne, mais aussi où tout était d'une qualité irréprochable et inattendue. Lux et Gautier furent agréablement surpris par la qualité de leur ramens servis en un temps record. Cependant, quelque chose vint à l'esprit de Lux, le calme quasiment parfait qu'il y ressentait lui fit penser au calme absolu qu'on ressent avant une tempête. Cela ne lui gâcha en rien son repas mais il sentait comme une mise en garde pour la suite des événements. Malgré cela, il était trop tard pour faire demi-tour. De plus, c'était lui qui avait accepté et organisé cette escapade jusqu'au Japon. Il se plaisait trop à arpenter un autre pays pour rebrousser chemin, sans compter que Gautier avait déjà dans l'idée de mettre la main sur la raclure qui retenait Lux chez Phantom et de lui faire passer un très mauvais dernier quart d'heure. Ce dernier point, Lux l'avait bien en tête.

Au trois quart de leur dégustation dans un silence de bon ton, c'est à dire, comprenant des bruits de bouches et de déglutition exagéré propre au repas japonais, Gautier entama la discussion.

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